En ces premiers jours de septembre, la saison des vendanges a commencé dans plusieurs régions de l’Hexagone. Bordelais, Alsace, Bourgogne… L’effervescence règne. Si ce moment fort dans les campagnes françaises est un temps de dur labeur, il peut aussi être l’occasion de vivre de belles rencontres. Une voix de stentor résonne dans les vignes. « Porteur, panier ! » Marco a visiblement rempli son panier. Sécateur en main, il passe d’un pied de vigne à l’autre pour cueillir avec dextérité les grappes de pinot noir. Justin travaille au domaine. Plaisanterie sur le bout de la langue et hotte sur le dos, il arrive à hauteur de son compère et récupère le raisin, pour le décharger un peu plus loin dans la remorque du tracteur qui repartira plus tard à la cuverie.
Des vendangeurs issus d’horizons variés
La récolte du raisin bat son plein en ce mois de septembre 2018. Dans certains vignobles de Bourgogne, d’Aquitaine ou encore du Languedoc-Roussillon, elle se fait encore partiellement à la main, en particulier pour les grands crus. Ici et là, on embauche des viticulteurs ponctuels pour un week-end ou une semaine.
Au domaine Coste-Caumartin, en Côte de Beaune (Bourgogne), comme chaque année depuis des décennies, la famille Sordet accueille son lot de vignerons d’un temps. Durant un ou deux week-ends, Beaunois, Parisiens, Dijonnais et gens d’un peu partout se retrouvent au cœur des vignobles et récoltent le fruit sacré à la main, courbés devant les ceps. Tandis que les grappes blondes de chardonnay valsent dans les paniers, des voix s’élèvent dans les rangs. Les plus bavards y vont de leurs histoires, tout en trimant dur. À l’heure du déjeuner, autour de la table, les conversations vont bon train. Guillaume, étudiant en biologie, Carole, la quarantaine, en couple avec un ouvrier viticole du coin, Catherine, mère de famille institutrice à Beaune… Des âges et des chemins variés… Si la vie les sépare, la vigne les rassemble.
« Nous tenons beaucoup à ce côté familial »
Les vignes sont dans la famille depuis 1793, mais ce n’est que depuis deux générations que ses membres l’exploitent eux-mêmes. Marie-Cécile Sordet supervise d’une main de maître l’accueil des vignerons et veille maternellement sur la popote. « Je ne fais que continuer ce que ma belle-mère m’a appris, s’exclame-t-elle. Nous tenons beaucoup à garder ce côté familial, tout en l’ouvrant à des jeunes de tous horizons sociaux et géographiques. Les vendanges sont l’occasion de rencontrer des gens épatants. Grâce au bouche-à-oreille, nous arrivons toujours à trouver le nombre de travailleurs nécessaire ».
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En raison des normes croissantes, l’accueil devient de plus en plus astreignant. Mais pour cette hôtesse sans pareil, l’accueil reste sacré. « Pour nous, viticulteurs, ce qui est important, c’est à la fois la bonne ambiance et le travail dans les vignes ». Afin de satisfaire la curiosité des œnophiles, elle dévoile le secret du millésime 2018, riche de belles promesses : « Il sera abondant en blanc. En rouge, c’est un peu plus réduit en jus, mais nous avons une belle concentration car nous avons eu un été très chaud ». Hum… On sent d’ici son charme capiteux. À vos verres !
Des vendanges « portes ouvertes »
Le domaine Coste-Caumartin n’est pas le seul à faire de la période des vendanges un temps précieux pour l’accueil et la rencontre. D’autres initiatives existent. Ainsi, L’Arche de la Rebellerie, (Maine-et-Loire) exploite un domaine viticole de 25 hectares au cœur des Côteaux du Layon. L’activité agricole est réalisée par une équipe composée principalement de personnes porteuses d’un handicap mental. Samedi 6 octobre prochain, la communauté ouvrira d’ailleurs ses portes et proposera à ceux qui le souhaitent de participer à une journée de vendanges manuelles.