Le film tant attendu du cinéaste allemand Wim Wenders retrace le message d’un pape attaché à celui de saint François d’Assise. Que d’émotions et de lumières pour la foi dans ce documentaire qui sera en salles le 12 septembre 2018.
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Il est bon de rappeler que ce film est à l’initiative du Vatican, dont le réalisateur allemand a bien voulu s’emparer pour raconter à sa manière les paroles du Saint-Père. Huit heures d’entretien avec le pape, pour le reste il avait carte blanche.
François, la figure du pauvre parmi les pauvres
Dès les premières images, une plongée dans la beauté absorbe tout entier. Nous sommes en Italie, sur les pas du pape et de saint François d’Assise, son modèle. Un parallèle cher au réalisateur. Huit siècles plus tard, la figure du patron des animaux et de l’écologie, ayant choisi la pauvreté pour servir Dieu, est frappante de modernité, même si elle semble très éloignée de la réalité, en atteste l’image en noir et blanc choisie par le réalisateur. Wim Wenders tient son sujet. Il l’aborde par son aspect universel, en contant en voix-off l’état du monde qui fait écho aux inquiétudes du pape : “Le monde est sourd”. Conduite par la musique de Laurent Petitgand, cette histoire gagne en puissance et en profondeur, et la grâce s’invite d’autant mieux dans cette oeuvre pour pleuvoir sur les spectateurs. Elle nous transporte entre beauté et drame, la frontière entre les deux étant parfois si fine. Voilà pourquoi ce film est une véritable expérience à vivre.
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Savez-vous quel est le plus pauvre des pauvres ? Ce n’est ni l’enfant laissé à l’abandon, ni celui qui ne possède rien, ni même le pauvre pêcheur. Le plus pauvre des pauvres, “c’est la planète mère”, déclare le souverain pontife avec une gravité empreinte de compassion. Car c’est la plus maltraitée, la plus spoliée, la plus menacée de nous tous. Du haut de son regard tout paternel, ses mots atteignent le spectateur alors redevenu — et reconnu — enfant, pour le toucher au cœur et le relever de ses fautes.
L’écologie n’est heureusement pas la seule préoccupation du film, qui s’attache à suivre le pape là où il veut toucher les cœurs et faire se réconcilier les hommes. C’est aussi le chef du Vatican qui œuvre. Si le réalisateur retrace les grandes lignes du message de François, (être à l’écoute de l’autre, ne pas poursuivre les richesses, s’occuper des pauvres, travailler, accueillir l’autre…), qu’il ressort des archives vaticanes ses rencontres avec les plus grands de ce monde comme les plus rejetés, sans se munir d’un regard critique, c’est qu’il ne le souhaitait justement pas. “On peut avoir une distance critique avec tout, rien n’est plus facile. J’en ai ras-le-bol de cette attitude”, confiait le cinéaste au micro de la RTS. Il a plutôt choisi de se poser en observateur pour montrer l’homme d’action qu’est le pape, au-delà de l’homme qui tient parole, ce que sous entend son titre. Et de se poser en réceptacle d’un mystère qui le dépasse.
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“Il est le seul homme que je connaisse sur cette planète qui va partout où ça va mal. Quel homme politique se rend dans les prisons, les hôpitaux, les camps de réfugiés ?”. Fort de son admiration pour le berger de l’Église catholique, il a pris le parti de vouloir “être pour quelque chose”, et d’affirmer qu’il est “d’accord avec tout ce que dit François, qui vit ce qu’il dit”, jusqu’à avoir mis son talent à son service.
Que ressort-il de ce film, où les jalons se posent à la mesure de ce dont a besoin l’humanité ? Une simplicité écrasante, un cheminement supplémentaire pour l’âme, une attention sincère envers le coeur humain et la dignité de la personne, qui nous subjuguent dans une succession d’images fortes. Mais c’est aussi un autre regard porté sur le monde, comme une petite lucarne posée au sommet de la Terre, qui regarde où pourrait bien se trouver la vérité, l’amour, la justice et la paix au milieu de toutes ces rencontres.
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Il lave les pieds des prisonniers, redonne courage aux populations touchées par le chômage, reprend les cardinaux, sans emphase, au sujet de la poursuite des biens, de la schizophrénie existentielle et… des têtes d’enterrement (naissant à ces propos). Dans certaines scènes où, par sa seule présence, ses mots simples et son amour inconditionnel pour le respect le plus vrai envers l’homme, le Pape parvient à faire passer son message. Quand on le voit à la Chambre des Représentants des États-Unis, après être arrivé dans sa petite voiture, face à un public qui verse des larmes d’émotion, de bonheur ou de repentance, l’on se dit que le pape sait comment user de sa parole. Des larmes aussi qui semblent dire : “On s’est souvenu de la vérité quand la nôtre devenait trop lourde à porter.”
Mais au-delà d’un message d’avertissement et de profonde compassion envers le monde, François nous rappelle aussi à la vie. Il insiste sur le fait d’avoir le sens de l’humour et d’accorder de l’importance à la beauté, de la créer, par un sourire, par l’art, par notre humanité. Ce magnifique documentaire de Wim Wenders donne indéniablement l’impulsion pour s’y mettre. Il donne le goût du beau.
François, un homme de parole, Wim Wenders, 1h 36min, sortie le 12 septembre 2018.