Dissimulé sous un très bel hôtel particulier du XVIe siècle, un cellier gothique construit en 1250 a survécu aux démolitions. L’association Paris Historique a lancé un grand chantier de restauration pour lui redonner une seconde jeunesse.
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C’est dans la belle maison d’Ourscamp à Paris, siège de l’association Paris Historique, que se cache un fabuleux cellier gothique, l’un des rares préservés à Paris. “Il y a 50 ans, le Paris Historique faisait le pari de restaurer cette belle bâtisse, pied-à-terre parisien des abbés d’Ourscamp (Oise), voué à la destruction. Aujourd’hui, nous voulons rendre au cellier son éclat d’origine”, confie à Aleteia, Pierre Housieaux, actuel président de l’association.
Protéger les quartiers de Paris
Tout commence dans les années 1960. À cette époque, la ville de Paris entreprend de grands projets immobiliers dans la capitale et désire détruire plusieurs immeubles anciens, jugés trop insalubres. Le quartier du Marais, qui possède de beaux hôtels particuliers, est particulièrement touché par ce phénomène. Conscients de l’intérêt historique et patrimonial de ces maisons de caractère, un petit groupe de passionnés s’insurge contre ces décisions. L’association Paris Historique voit alors le jour en 1963. Aujourd’hui, l’association continue sa mission. L’objectif ? “Promouvoir et protéger les quartiers de Paris et des communes d’Île-de-France afin de préserver l’harmonie architecturale, urbaine et sociologique”, explique Pierre Housieaux.
Une maison parisienne pour les abbés d’Ourscamp
Riche de terres agricoles, l’abbaye cistercienne d’Ourscamp érigée au XIIe siècle, produisait dès le Moyen Âge une quantité importante de denrées, bien supérieure à ses besoins. Pour vendre ce surplus, les abbés décident alors d’acquérir des maisons de ville, dépendances urbaines disséminées un peu partout et éloignées de leur abbaye. “Ces maisons servaient de pied-à-terre pour le père abbé, mais aussi de pension pour y loger les jeunes moines étudiant à l’Université et aussi de magasin à vivres pour les récoltes, d’où la présence d’un cellier”, explique Pierre Housieaux. “De nombreuses maisons de ville appartenant à des abbayes étaient établies dans le quartier du Marais, autour de la place de Grève”, ajoute le président de l’association.
Un grand cellier gothique en plein cœur de Paris
C’est en bas d’un escalier abrupt que se cache ce fameux cellier d’environ 200 m2, mesurant 15,50 mètres sur 12. Il fait partie, avec celui de l’hôtel de Beauvais — actuel siège de la cour administrative d’appel de Paris — d’un des plus anciens celliers conservés à Paris. Celui de la maison d’Ourscamp comporte trois nefs de quatre travées, voûtées d’ogives et portées par six colonnes. Dans un des angles, on aperçoit les traces d’un ancien escalier qui permettait aux moines d’accéder au cellier directement depuis la rue. “Si les gros travaux n’ont pas encore commencé, car nous attendons la validation complète du dossier, un premier déblayage et un travail de consolidation ont déjà été effectués par des bénévoles”, précise Pierre Housieaux. Une énorme citerne en ciment, vestige de l’épicerie installée dans la maison au XIXe siècle, a notamment été retirée.
Association reconnue d’intérêt général, Paris Historique est non subventionnée et ne compte que sur la générosité de ses donateurs et de ses adhérents. Se reposant sur la bonne volonté de bénévoles passionnés par le Patrimoine, chacun est invité à participer aux différents chantiers encadrés par des professionnels. En attendant le lancement officiel du chantier de restauration du cellier, ce dernier est tout de même accessible aux visiteurs, tous les jours aux horaires d’ouverture et il le sera également lors des Journées du Patrimoine.
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Si l’abbaye d’Ourscamp, encore très active, n’a aujourd’hui plus aucun lien avec son ancienne maison parisienne, la restauration complète de l’édifice permet de rappeler le rayonnement incroyable des abbayes au Moyen Âge et le rôle décisif qu’elles ont joué dans la transformation des quartiers de Paris.