“Le problème avec les smartphones, ainsi qu’avec la plupart des appareils électroniques que nous utilisons, c’est qu’ils ne sont pas foncièrement mauvais. Ils sont pires que cela, car ils sont un mélange diabolique entre du mauvais et du très bon.” Comment ne pas nous laisser envahir par ce compagnon devenu aussi indispensable qu’intrusif ?
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Est-ce que votre premier réflexe le matin est de consulter votre téléphone pour voir si vous avez reçu de nouveaux messages ? Répétez-vous cette action un nombre incalculable de fois tout au long de la journée – même à table, avec des amis ou quand vous êtes seul(e) avec votre conjoint(e) ? Est-ce que consulter vos mails pour la énième fois est la dernière chose que vous faites avant d’aller vous coucher ? Est-ce que vous prenez votre smartphone dans votre lit ? Si la réponse à la plupart de ces questions est “oui”, vous êtes très probablement devenu accro à votre téléphone, addiction qui est d’ailleurs en passe d’être reconnue comme une maladie.
Désormais, ce phénomène porte même un nom. Bien que ce ne soit pas à proprement parler une phobie, on parle pour désigner cette pathologie de “nomophobie”. Ce terme, un néologisme employé pour la première fois en 2008 dans un journal anglais, est une contraction de l’expression “no more phone” accolée au suffixe “phobie”. Il décrit l’état d’anxiété dont souffrent ceux qui craignent une déconnexion ou l’impossibilité d’avoir accès à leur smartphone.
Une dépendance comparable à la cocaïne
Une étude britannique récente sur le comportement des utilisateurs de smartphones apporte des éclairages intéressants sur les us et abus générés par cet outil, qualifié dans le rapport de “véritable couteau suisse digital”. Cette étude révèle que 85% des adultes britanniques possèdent un smartphone, qu’ils changent en moyenne tous les deux ans pour un coût moyen avoisinant les 450 £ (500 €). Plus frappant peut-être, le rapport de dépendance envers le smartphone qui ressort de cette étude et qui, selon les dires du thérapeute interrogé, serait similaire à une addiction à la cocaïne.
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Plus de la moitié des Britanniques consultent leur téléphone dans le quart d’heure qui suit leur réveil. Il semblerait que ce comportement soit amplifié quand ils sont à la recherche d’un emploi. En effet, 89% des chercheurs d’emploi considèrent que leur smartphone est un outil essentiel dans leurs démarches.
L’étude rapporte qu’un utilisateur moyen consulte son portable environ 10.000 fois par an. 4 fois sur 10, c’est une action purement machinale. C’est pour cette raison qu’Apple a décidé de développer sa fonctionnalité “Ne pas déranger” permettant de désactiver tous les sons du téléphone à la réception d’un appel, d’un message d’alerte ou d’une notification.
Des comportements excessifs
Près d’un tiers des personnes interrogées (30,4%) admettent consulter les réseaux sociaux de manière compulsive tout au long de la journée, alors que 20% des personnes sont plutôt accro aux différentes messageries.
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Les hommes entre 25 et 44 ans sont ceux qui passent le plus de temps à surfer sur le net. De manière générale, les femmes sont celles qui utilisent le plus les SMS et les messageries instantanées, notamment celles qui ont entre 16 et 24 ans. Plus de la moitié d’entre elles passent leur temps le nez sur l’écran à s’échanger des messages, rapporte encore l’étude.
En moyenne, une personne passe plus de 9 heures par semaine sur son smartphone, ce qui représente plus d’une heure par jour. L’étude montre d’ailleurs que l’année dernière, pour la première fois, l’utilisateur moyen a passé plus de temps sur son téléphone que sur son ordinateur.
A l’origine de soucis de santé
Cette utilisation excessive du smartphone peut être à l’origine de nombreux désagréments. D’après la chercheuse Kristin D. Zhao, de la clinique Mayo au Minnesota (États-Unis), l’utilisation du smartphone peut notamment conduire à des mouvements anormaux du pouce pouvant provoquer des douleurs, des tendinites et même de l’arthrose.
L’usage des smartphones peut aussi causer des tendinites au poignet, ou, plus grave, des déplacements de la colonne vertébrale qualifiés de “text neck syndrome” – car la position de notre nuque quand on rédige des textos n’est pas adéquate. Enfin, le fait de regarder constamment des petits écrans peut occasionner des problèmes de vue ainsi qu’une dégénérescence maculaire.
D’autres problèmes tels que des maux de tête, des états dépressifs ou des soucis d’insomnie peuvent également provenir de l’usage excessif des smartphones. En Italie, le centre spécialisé du sommeil de l’hôpital du Sacré-Cœur près de Vérone a tiré la sonnette d’alarme en mars dernier au vu du nombre grandissant de jeunes rencontrant des problèmes de sommeil à cause de leur téléphone.
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Enfin, de très nombreuses personnes se mettent à souffrir d’un nouveau syndrome dit des “vibrations fantômes”. D’après une étude de l’Institut de Technologie de Géorgie aux États-Unis, ce phénomène toucherait même 9 utilisateurs sur 10 ! Les personnes qui y sont sujettes ressentent de très légers et fréquents spasmes musculaires dans la main, qu’ils interprètent comme une vibration de leur téléphone alors que celui-ci n’a pas bougé.
Quelques pistes pour se déconnecter
Étant donné tous ces effets secondaires, il devient de plus en plus nécessaire d’essayer de se détacher au moins un peu de son smartphone. Mais comment y parvenir, quand son utilisation est totalement ancrée dans notre quotidien ?
Tout d’abord, vous pouvez tout simplement tenter de vous auto-discipliner. Ce n’est certes pas facile, mais avec quelques rappels cela peut fonctionner, surtout si vous vous attelez à ce problème sérieusement. Par exemple, vous pouvez commencer par vous dire que n’allez consulter votre téléphone qu’à certains moments prédéfinis. Cette discipline peut s’avérer d’autant plus importante au travail. En effet, une étude menée par Microsoft montre qu’une personne met en moyenne entre 20 et 25 minutes à se remettre de manière productive à la tâche après avoir reçu une notification ou un message.
Si vous ne parvenez pas à vous discipliner par vous-même, vous pouvez avoir recours à des aides électroniques, comme le mode avion ou encore le mode “ne pas déranger”. Une autre suggestion est de mettre son écran en noir et blanc ou en échelle de gris, car cela le rend beaucoup moins attractif. Il existe également des applications telles que Flipd, Checky, Wind Down, ou Forest qui peuvent s’avérer utiles.
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Alors bien sûr, cela semble un peu contradictoire. “Utiliser des outils technologiques pour nous aider à nous libérer de la technologie, c’est comme vouloir éteindre un feu en en allumant un autre”, note Oliver Burkeman dans un article paru dans le Guardian. Cependant, il s’est lui-même prêté avec succès au jeu de Ditto, un petit appareil qui vibre quand des personnes spécifiques appellent ou envoient un message. Si l’on sait que l’on va être averti à la réception d’un message important, à quoi bon consulter frénétiquement son smartphone toutes les deux minutes ?
Pour l’auteur de l’article, le problème est que le smartphone “n’est pas quelque chose de foncièrement mauvais. C’est bien pire que cela, car c’est un mélange diabolique entre du mauvais et du très bon”. C’est ce qui fait qu’il est si dur – mais salutaire – d’apprendre à s’en passer.