Pays le plus peuplé du monde et composé à plus de 80% de musulmans, l’Indonésie connaît une hausse de l’intolérance religieuse, révèle le dernier rapport de l’institut SETARA pour la démocratie et la paix.
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Sur les six premiers mois de l’année 2018, une centaine d’incidents entravant la liberté religieuse d’individus ont été répertoriés dans 20 provinces d’Indonésie, indique le dernier rapport de l’institut SETARA pour la démocratie et la paix dédié à l’état de la liberté religieuse en Indonésie.
Dans le détail, élément nouveau, Jakarta, la capitale indonésienne, est le principal théâtre de ces incidents. Par ailleurs, une quarantaine de violations impliquent directement des agents de l’État, policiers ou membres de gouvernements régionaux, qui ont obligé des personnes à porter le hijab où à cesser leur activité religieuse.
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Mi-mai, des attentats suicides commis contre trois églises de Surabaya, la deuxième ville d’Indonésie, ont été perpétrés par six membres d’une même famille — tous morts — et ont coûté la vie à douze autres personnes. Le lendemain, une famille de cinq personnes, dont une fillette de huit ans, a commis un attentat suicide contre un commissariat de police de Surabaya. L’ensemble de ces attaques a été revendiqué par l’État islamique.
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Le niveau de violence actuel étonne et inquiète ceux qui connaissent la société indonésienne. Parmi eux, Paul Billaud, prêtre des Missions étrangères de Paris, qui réside à Bandar Lampung en Indonésie. Arrivé dans l’archipel en 1978, il dénonce un « islam indonésien agité de l’extérieur ».
Une islamisation rampante
« Quand je suis arrivé dans ce pays, jamais je n’aurais pu imaginer son évolution actuelle », constate-t-il. « Certes, l’Indonésie est le pays au monde qui compte le plus de musulmans, mais c’était à l’origine un pays pluraliste, qui n’appliquait pas un islam rigoureux. Les femmes n’y étaient pas voilées, par exemple, et les écoles coraniques ne faisaient pas encore partie du paysage ».
Depuis, l’islam s’est imposé, explique-t-il. Et dans le même temps, des groupes extrémistes ont commencé à se manifester, s’attaquant en particulier aux églises. Le prêtre précise que « quand une église brûle en Indonésie, ce n’est pas le voisin musulman qui le fait, c’est un extrémiste qui peut revenir du djihad au Moyen-Orient, par exemple. Sa radicalisation et sa formation viennent de l’extérieur de l’Indonésie ».