Tout au long de la semaine Aleteia vous invite à découvrir des Français qui ont été marqués par leur passage à Rome. Aujourd’hui, le cardinal de Bernis.
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Prestigieuse, l’ambassade de France près le Saint-Siège a souvent été confiée à des membres de familles illustres ou à de hauts prélats. Ambassadeur au moment de la Révolution, le cardinal de Bernis y a vécu un véritable retour à la foi.
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Né quelques mois avant la mort de Louis XIV, François-Joachim de Pierre de Bernis est un jeune homme ambitieux. C’est sans doute pour cela, plus que par vocation réelle, qu’il choisit d’embrasser la carrière ecclésiastique. Carrière qui n’est pas un franc succès puisque le jeune homme préfère écrire des vers, et n’est donc pas ordonné. Poèmes d’ailleurs fort bons, puisqu’à 29 ans, il est déjà élu à l’Académie française.
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Sa poésie galante lui vaut d’être invité dans les salons littéraires où l’on se presse pour écouter le jeune homme. De fil en aiguille, il rencontre la fameuse marquise de Pompadour, célèbre favorite du roi Louis XV. Celle-ci lui obtient des rentes, mais surtout lui permet de graviter dans les sphères du pouvoir. Tout naturellement, Bernis finit par réclamer une ambassade. On lui propose la Pologne, il refuse. C’est à Venise qu’il ira. Dans la cité des Doges, le diplomate de 37 ans ne se refuse aucun vice.
Grâce et disgrâce
Rappelé à Versailles trois ans plus tard, en 1755, il intègre en 1757 le Conseil du roi, le gouvernement de l’époque, en tant que secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Las, la France est alors impliquée dans la guerre de Sept Ans qui ne lui semble pas favorable. Les démissions se succèdent et l’ambitieux Bernis demande d’être nommé Premier ministre pour résoudre la crise. Louis XV rejette cette requête, mais accepte d’en faire le primus inter pares des ministres. État de grâce qui ne dure qu’un temps, puisque deux semaines plus tard, il est envoyé en exil dans sa propre résidence.
Désavoué sur le plan politique, Bernis retourne à la carrière ecclésiastique. Ordonné prêtre en 1780, il devient quatre ans plus tard archevêque d’Albi. Son excellente administration lui permet tout à la fois de se montrer plein de charité, tout en maintenant son luxueux train de vie.
En 1769, le pape Clément XIII le crée cardinal juste avant de mourir. Le roi de France se souvient alors du désormais cardinal de Bernis et le charge de faire élire un pape qui le suive dans son interdiction de la Compagnie de Jésus – les jésuites. L’Espagne et le Portugal sont sur la même ligne. Lors du conclave, ces trois royaumes font usage à pas moins de 23 reprises du droit d’exclusive — ce pouvoir de certains pays catholiques de refuser l’élection de certains au pontificat de cardinaux, désormais rigoureusement interdit. Et l’habile Bernis fait élire Clément XIV.
Converti par la Révolution française
En 1773, ce pape interdit effectivement les jésuites. Reconnaissante, la couronne nomme le cardinal de Bernis comme ambassadeur auprès du pape en 1774. C’est finalement une solution qui arrange tout le monde : l’ambassadeur peut mener une vie de plaisirs, et la couronne le maintient loin des intrigues politiques. De fait, le cardinal ne quittera plus la Ville éternelle.
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En 1789, la Révolution éclate. Alors que la France se retourne contre sa foi séculaire, le cardinal la retrouve. Il refuse ainsi de prêter serment à la Constitution civile du clergé, et insiste auprès du pape pour qu’il la condamne. En France, Bernis est déchu de son archevêché, spolié de ses biens. Désargenté, sans fonction officielle, mais désormais pieux, il meurt en 1794.
Il est tout d’abord enterré à Saint-Louis-des-Français avant d’être rapatrié en France en 1805. L’église nationale conserve toutefois un buste et des portraits de l’homme. De même, son cœur est toujours dans la ville éternelle. Poète libertin, homme politique, ambassadeur, duc et cardinal : Bernis était tout cela à la fois. Mais l’essentiel est que malgré les menaces, il n’a pas hésité à la dernière heure à choisir sa foi plutôt que les plaisirs mondains.
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