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Une abbaye en ruines ressuscitée grâce à la réalité augmentée

Loïc Hergott avec un casque de réalité augmentée.

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Caroline Becker - publié le 22/08/18
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C’est une première pour un site historique de Haute-Savoie. Le 10 juillet, l’abbaye d’Aulps s’est ouverte à la réalité augmentée afin d’offrir aux visiteurs un parcours immersif. L’occasion de découvrir à quoi ressemblait cette grande bâtisse cistercienne il y a plus de deux cents ans, avant qu’elle ne tombe en ruines.

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Les visites culturelles rimeront-elles bientôt systématiquement avec les technologies virtuelles ? Depuis quelques années, réalité augmentée en 3D et géolocalisation envahissent de plus en plus les sites touristiques pour proposer aux visiteurs des parcours immersifs et originaux. Une solution qui apparaît efficace quand les édifices ont malheureusement… disparus !

Abbaye d'Aulps.

© Laurent Geslin
Abbaye d'Aulps.

Une abbaye abandonnée à la Révolution

À Aulps, en Haute-Savoie, la belle abbaye cistercienne construite au XIIe siècle a connu, comme beaucoup de ses consœurs en France, les vicissitudes de l’Histoire. Nichée au cœur du massif du Chablais, elle conserve quelques vestiges de ses anciens bâtiments monastiques. Les moines, chassés à la Révolution française, sont obligés d’abandonner leur belle abbaye. En 1823, les habitants voient en elle une belle carrière de pierres pour reconstruire leur église paroissiale abîmée par un incendie. La voilà donc démantelée puis abandonnée pendant plusieurs décennies. Elle revoit finalement le jour dans les années 1930 sous l’impulsion d’un abbé, Alexis Coutin, qui, armé de sa brouette, dégage les ruines de l’abbatiale. Durant huit ans, il va se consacrer corps et âme à la résurrection de ce joyau. Acquise ensuite par l’État, l’abbaye reste partiellement abandonnée jusque dans les années 1990 où de gros travaux de consolidation sont enfin lancés. En 2007, le site est officiellement ouvert à la visite.



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Abbaye d'Aulps.

© Laurent Geslin
Abbaye d'Aulps.

Faire revivre l’abbaye par la technologie

La belle façade de l’abbatiale, encore debout, laisse deviner la nature majestueuse que devait revêtir l’abbaye à son apogée. Malgré tout, il reste difficile de se faire une idée du site dans son ensemble en raison du peu de vestiges conservés. Interrogé par Aleteia, Loïc Hergott, médiateur culturel à l’abbaye et coordinateur du projet sur la réalité augmentée, évoque le désir d’offrir un meilleur cadre de visite aux touristes. “Il est compliqué en tant que visiteur d’imaginer l’abbaye au temps des moines. Depuis trois ans nous réfléchissions donc à offrir un outil de médiation inédit pour mieux comprendre l’histoire de l’abbaye et son architecture. La réalité augmentée nous a semblé être la meilleure solution”, explique-t-il.


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Mais le projet ne fut pas si évident à mettre en place. “Les premiers temps de l’abbaye ne sont guère documentés et il n’existe aucune représentation des bâtiments monastiques à part des lithographies et des gravures du XIXe siècle, pour la plupart très romantisées”, précise Loïc Hergott. Alors comment reproduire en 3D une abbaye qu’on a peine à imaginer ? Grâce à l’expertise d’historiens, d’architectes du patrimoine, d’archéologues et la société Art graphique et Patrimoine (AGP), — un des leaders en matière de réalité augmentée en France — l’abbaye a pu être modélisée selon l’aspect qu’elle revêtait entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. “Nous n’avions pas assez de sources pour offrir une vision précise de l’abbaye au Moyen Âge”, souligne Loïc Hergott.



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Abbaye d'Aulps

© Abbaye d’Aulps
Immersion dans le cloître.

Comment ça marche ?

“Il y a deux formats”, explique Loïc Hergott. “On peut utiliser la réalité augmentée sur tablette ou sur son téléphone en téléchargeant l’application. Pour une visite plus immersive, nous mettons à disposition des casques permettant une vue à 360°”. Quatre “points d’intérêt” sont mis à disposition des visiteurs. Le parvis, pour découvrir l’évolution du domaine entre le XVIe et le XVIIIe siècles ; les jardins, pour se familiariser avec les plantes médicinales et le potager ; le cloître, pour entrer dans le lieu de vie des moines et admirer la vue imprenable sur le clocher ; enfin l’abbatiale, où le chant des moines accompagne différentes ambiances lumineuses évoquant les heures liturgiques du jour et de la nuit.



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Abbaye d'Aulps

© Abbaye d’Aulps
Immersion dans la liturgie des heures des moines.

La réalité virtuelle, une technologie démocratisée ?

Pour Loïc Hergott, la réalité virtuelle est un outil de médiation efficace et qui tend à se répandre de plus en plus. À l’abbaye d’Aulps, les retours des visiteurs sont excellents. “Les gens sont réellement bluffés par les résultats, notamment en ce qui concerne le casque à 360°”. D’autres sites célèbres utilisent déjà cette technologie pour rendre la visite plus immersive. À Jumièges, la belle abbaye normande en ruines propose la réalité augmentée sur tablette depuis 2013 . À Cluny — où seulement 10% des bâtiments d’époque on été conservés — de très grandes écrans installés sur le parcours de la visite permettent aux visiteurs d’imaginer à quoi pouvait ressembler la plus grande église de la chrétienté au Moyen Âge. La 3D semble ainsi devenir le bouclier indispensable à l’oubli des monuments disparus.


CLUNY COINS
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