Juan de Cáceres, ancien barman de 40 ans, a été ordonné cette année pour le diocèse de Santander (Espagne). Si vous lui aviez dit il y a huit ans qu’il serait prêtre, Juan de Cáceres vous aurait ri au nez. Rien ne destinait ce jeune espagnol au sacerdoce. Né à Santander en 1978, il entame sans enthousiasme des études de droit, comme son père et sa sœur. Après son premier job d’été en Angleterre, il décide d’abandonner ses études pour gagner sa vie. Avec quelques amis, en 2006, il monte un bar, le « Haddock », qui devient le plus tendance de Santander. Le succès, les sorties entre amis, les femmes… “C’était la belle vie”, se souvient-il dans une interview à El Diario Montañés.
Sauf qu’en 2008 survient une double crise : la crise économique et la crise de la trentaine. “J’étais complètement perdu, je croulais sous les dettes. À cause de la crise, je n’avais presque plus de clients. En plus, mes amis ne sortaient plus le soir aussi souvent qu’avant. Ils ont commencé à se marier, à former des couples stables. Je me suis retrouvé tout seul.” Avec la solitude viennent les idées noires, et les questions sur son avenir…
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Mais un jour, un ami de longue date vient le trouver, et l’invite à le rejoindre dans un groupe de discussion sur la prière. Juan est perplexe : il a mis la religion de côté depuis bien longtemps. Il n’a plus mis les pieds dans une église depuis quinze ans. Il accepte tout de même la proposition car il y voit un prétexte… pour aller boire une bière avec lui ensuite.
Que se sont-ils dits, dans ce groupe, ce soir-là ? Juan ne le raconte pas. Une chose est sûre : “Quelque-chose a changé”. Petit à petit, il commence à retourner à la messe, se confesse de plus en plus régulièrement, et reprend ses études de droit.
“Dieu est très persévérant”
Deux ans plus tard, il ressent l’appel de Dieu. Sa première réaction ? Dire non. Après tout, il a un travail, une vie, il est endetté, il pense qu’il ferait mieux de fonder une famille… Mais, comme il le dit lui-même en riant, “Dieu est très persévérant”, et il se laisse convaincre.
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Son diocèse sera naturellement celui de Santander, mais il demande à son évêque la permission de passer son séminaire loin de cette ville, pour « garder (s)es distances avec (s)a vie passée ». Permission accordée : Juan ira se former à Pampelune pendant trois ans. « J’ai appris beaucoup de choses pendant ces années, entre autres à écouter mes camarades, qui sont aujourd’hui mes frères, qui ont eu tant de difficultés, dont la vie était parfois en danger à cause de leurs croyances ou de leur pauvreté. Cela m’a appris l’humilité. »
Le 21 janvier 2018, après quatre ans de théologie à l’université de Navarre, il est ordonné prêtre par Mgr Manuel Sánchez Monge. Désormais, il se sent parfaitement à l’aise dans son nouvel apostolat. “Quand j’étais barman, j’étais un peu le confesseur de tout le monde. Cela m’a donné un bon contact avec les autres”, confie-t-il. Aujourd’hui, il donne des cours de religion dans les collèges de Santander, et il aide des jeunes à discerner leur vocation. Et il est plutôt bien placé en la matière.