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La « traversée du désert » à l’école de la Bible

DUNES DESERT
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Jean-Michel Castaing - publié le 05/07/18
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La Bible est une école de la foi. Le récit des épreuves du peuple hébreu vers la Terre promise est une allégorie des difficultés spirituelles de la vie chrétienne.Certains croyants s’interrogent sur l’opportunité de lire l’Ancien Testament. Pourquoi se replonger dans l’histoire d’Israël, alors que Jésus est venu accomplir et porter à leur perfection les prophéties consignées dans la première partie de la Bible ? Que nous apprennent de plus les récits retraçant l’histoire des rois et des prophètes de Jérusalem, de la délivrance d’Égypte ou bien de la vocation d’Abraham ? La vie et la résurrection du Messie, fils de Marie, ne constituent-elles pas la réalité ultime dont les premiers ne sont que la préfiguration ? Si Jésus est le Verbe de Dieu, les écrits qui le prophétisent sont-ils encore en mesure de nous apporter un complément qui aiderait à approfondir les enseignements du rabbi galiléen ?

L’Égypte est le nom de tous nos esclavages

Le livre de Philippe Plet, Les Hébreux au désert (Salvator), répond indirectement à ces questions. L’ouvrage du religieux passionniste est en effet un commentaire spirituel de la pérégrination du peuple de l’Alliance, sous la conduite de Moïse, après sa sortie d’Égypte. Il nous aide à comprendre pourquoi les chrétiens n’en auront jamais fini avec la Parole de Dieu renfermée dans l’Ancien Testament. Jésus s’est appuyé sur elle pour réfuter le Tentateur au désert, au début de sa carrière publique : tout Verbe qu’il fût, il ne l’a jamais considérée comme obsolète. A fortiori n’en doit-il pas aller différemment pour nous.

Dans son ouvrage, Philippe Plet, à l’aide des différentes péripéties qui ont émaillé la marche des Hébreux au désert, démontre que cette sortie d’Égypte n’est pas un événement qui s’est déroulé une seule fois dans l’histoire, mais qu’elle se répète au fil des générations, collectivement mais également dans l’existence concrète de chaque individu. L’Égypte est le nom de tous les esclavages auxquels nous sommes confrontés, ainsi que celui de notre univers de l’image qui prétend se suffire à lui-même, fermé qu’il reste à toute transcendance et à toute contestation. L’auteur, dans des pages incisives, en dressant le portrait spirituel de l’Égypte antique, souligne, avec des détails concrets, la similitude de cette civilisation avec la période que nous vivons.

Cinq difficultés dans la foi du fugitif

Cependant, ce n’est pas seulement l’Égypte qui survit dans notre postmodernité. Les difficultés de la foi des fugitifs conduits par Moïse, se retrouvent à l’identique dans l’existence des croyants d’aujourd’hui. L’auteur en dénombre cinq : révolte, nostalgie de l’esclavage, tentation de l’idolâtrie, sentiment de l’inutilité de l’appel à la sainteté pourvu que « Dieu soit avec nous », manque de foi dans l’épreuve. Comme le souligne Philippe Plet, « la pérégrination au désert est à l’image de la vie intérieure du croyant ».

On l’aura compris, parcourir les étapes de la marche des Hébreux ne satisfait pas en premier lieu la curiosité historique. La Bible est surtout une école de la foi, de découverte du vrai Dieu que les multiples idoles essayent de défigurer à nos yeux. Le récit de la montée du peuple vers la Terre promise devient ainsi une allégorie de notre détachement des biens éphémères de ce monde pour gagner le Royaume qui ne passera pas. Les livres de l’Exode et des Nombres, lus spirituellement, retracent le chemin que nous devons parcourir afin de purifier notre regard et contempler ainsi, comme Moïse en fit la demande express au Très-Haut, la face de Celui qui nous conduit hors des contrées de servitude. Alors serons-nous en mesure de prendre possession de l’héritage de Celui qui est la Vérité, le Chemin et la Vie.

La figure exemplaire de Moïse

L’auteur nous rappelle que « la foi suit la même loi dynamique de l’amour : elle progresse sans cesse, sans jamais s’arrêter à une certaine connaissance figée de Dieu. En réalité, l’ascension spirituelle n’a pas de fin, elle est un sommet infini, et dans l’éternité l’âme ne cessera pas son ascension : infiniment, elle connaîtra et goûtera Dieu de façon renouvelée ». Ici, c’est surtout la figure de Moïse qui est exemplaire. En effet, le libérateur des Hébreux est d’abord un homme de foi, que Dieu invite par trois fois à monter sur la montagne pour progresser dans la connaissance de son interlocuteur divin.

Le lecteur découvrira avec profit comment Dieu arriva à façonner le cœur de Moïse. Car l’expérience du législateur des Hébreux, depuis l’ouverture du Royaume à tous par le Ressuscité du Jour de Pâques, peut devenir l’expérience de tout chrétien. Si Moïse eut le privilège que Dieu s’entretînt avec lui « comme un ami parle avec un ami », cette amitié est désormais le lot commun des disciples de Jésus-Christ. C’est là un motif supplémentaire pour relire, grâce au concours de Philippe Plet, le récit de la marche des Hébreux au désert. L’aventure du peuple et de son guide est bien la nôtre. La Parole de Dieu est plus actuelle que jamais.

Cliquez sur la première image pour découvrir les grandes héroïnes de l’Ancien Testament :

9782706716775

Les Hébreux au désert, lecture du livre de l’Exode, Philippe Plet, Salvator, juin 2018, 164 pages, 17 euros.

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