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Le service national universel, entre engagement et brassage social

© SHAH MARAI / AFP

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Gabrielle de Loynes - publié le 29/06/18
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Le Premier ministre Édouard Philippe a présenté le 27 juin, en conseil des ministres, « les grands principes du service national universel ». Obligatoire pour tous les jeunes de 16 ans, il ne sera cependant pas militaire. La priorité est donnée à la mixité sociale et l’engagement citoyen.

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Trois phases : intégration, association, volontariat. Tel qu’il a été annoncé, le SNU reprend les grandes lignes préconisées par le groupe de travail présidé par le général Daniel Ménaouine. Deux phases obligatoires sont réparties sur une période d’un mois. La première, d’une durée de quinze jours, est une période de « cohésion nationale » et de « mixité sociale », selon le Général Ménaouine. Hébergés collectivement pendant les vacances scolaires, les jeunes feront l’expérience du « brassage social ». L’idée de Daniel Ménaouine est de « faire sortir les lycéens de chez eux, tout en les laissant avec une partie de leurs camarades ». Le programme est à mi-chemin entre un camp-scout laïc et un stage de survie : gestes de premiers secours, s’orienter à la boussole, rendre compte d’une situation de danger par radio, activités sportives…


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La deuxième phase, toujours obligatoire, est une immersion de quinze jours dans un projet associatif. L’engagement doit s’effectuer dans un des cinq domaines suivants: la défense, l’environnement, l’aide à la personne, le tutorat scolaire et la culture. C’est la version nationale et républicaine du voyage humanitaire. La dernière phase, facultative, propose à ceux qui le souhaitent de s’engager davantage. Avant 25 ans, et pour une durée qui varie de 3 à 12 mois, un jeune pourra s’engager volontairement dans un projet associatif, militaire, culturel ou sanitaire et bénéficier en retour de certains avantages (accès au permis, crédits universitaires). Le véritablement engagement reste donc volontaire.

Consultation sur les modalités du SNU

Les modalités pratiques du SNU sont encore incertaines. C’est la mission que doit remplir la large consultation citoyenne mise en place par le gouvernement, « sur les territoires et de manière numérique », qui devrait aboutir à un rapport définitif le 31 octobre. Déjà quelques pistes se dessinent. Selon le général Ménaouine, l’hébergement collectif des jeunes devrait être « en résidentiel », c’est à dire en internat dans des pensionnats ou des camps de vacances. Aussi, alors que l’Élysée avait annoncé la création d’un « métier à part entière » pour l’encadrement des jeunes, celui-ci sera finalement assuré par 15 000 jeunes volontaires de 21 à 25 ans : élèves d’écoles d’Etat (ENA, ENM, ENS, Polytechnique), étudiants en écoles de management, élèves enseignants, réservistes…


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Le revirement est justifié par des contraintes budgétaires. Car, la principale contrainte du SNU est financière. Le coût de la seule phase d’intégration est estimé à 1,7 milliard d’euros pour la première année. Une autre difficulté majeure du futur SNU est son caractère obligatoire. Comment obliger les jeunes à suivre une formation sur les vacances scolaires ? Peut-on associer engagement et contrainte ? Et quelle sera la sanction encourue pour les déserteurs ? Pour le général Ménaouine, « on l’intègre comme une part complète de l’enseignement scolaire ». Dans cette optique, « la Constitution devra être modifiée pour permettre l’intégration du SNU dans la continuité scolaire », a précisé l’Élysée.

Des ambitions revues à la baisse

On est bien loin de « l’expérience, même brève, de la vie militaire » et du « réservoir mobilisable » en cas de crise, avancés par le chef de l’État au temps de sa campagne électorale. Militairement, c’est le service minimum. Cette dimension du SNU a été totalement abandonnée. Le service militaire contemporain est devenu un plan de « cohésion nationale, de mixité sociale et territoriale », comme le présente le général Ménaouine. C’est donc avant tout un service « national », qui promet à la jeunesse une expérience citoyenne, solidaire et associative. Mais c’est aussi un service fourre-tout qui a pour objectif, en un seul mois, de réconcilier les classes sociales, détecter les échecs scolaires, prévenir le communautarisme, enseigner le civisme et faire renaître un sentiment patriotique.



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De tous bords, on tire à boulets rouges sur le futur SNU. Chez les républicains on dénonce «un pseudo service national loufoque et inconstitutionnel». Dans les rangs de la France insoumise on parle de « bricolage ». Pour Sébastien Chenu, député du Rassemblement National (ex FN), c’est «une sorte de colonie de vacances améliorée». Même au sein des mouvements lycéens, les réactions sont hostiles. Ni militaire, ni humanitaire, volontaire mais obligatoire, contraignante mais sans sanction… à ne pas vouloir la nommer, cette initiative aux objectifs louables est devenue inclassable et insensée.

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