Quand le pape François rencontre le président Emmanuel Macron, ce sont deux personnalités qui ont un rôle à jouer pour la pérennité des chrétiens d’Orient qui sont réunies. Décryptage.
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Les sujets de conversations ne manqueront pas lors de la rencontre de ce mardi 26 juin 2018 entre le souverain pontife et le président de la République française. Sans jouer les oracles, il est plus que probable que l’écologie et la crise migratoire seront évoquées. Dans un entretien à l’agence I.Media, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État ajoute à cette liste la question des chrétiens d’Orient, qui représente à ses yeux l’un des thèmes fondamentaux de cette rencontre.
Deux acteurs majeurs
Le Pape et le président ont en effet, chacun dans leur rôle, une influence déterminante sur la question des minorités chrétiennes orientales. Le Pape en tant que chef spirituel, rappelant inlassablement le sort de ses frères chrétiens, en passe de disparaître de leur région d’origine, le président en tant que chef d’un État qui entretient des relations historiques avec ces populations. La question demeure urgente, et il ne faudrait pas croire que le recul militaire de Daech signe la fin de l’exode des chrétiens ; il s’inscrit dans le temps long.En 1948, les Chrétiens représentaient respectivement 55%, 34% et 10% de la population du Liban, de la Syrie et de l’Irak. En 2010 — avant l’avènement de Daech — le ratio était de 34%, 4,6% et 0,5%.
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Emmanuel Macron n’oublie pas de mentionner les chrétiens d’Orient dans ses prises de paroles. Il estimait par exemple, lors du discours inaugural de l’exposition Chrétiens d’Orient, 2000 ans d’Histoire, que “La France s’est mobilisée plus que tout autre en faveur des communautés d’Orient”. Et il rappelait que le lien qui unissait son pays à ces minorités religieuses pouvait être remonté jusqu’à Louis IX.
Que peut faire Emmanuel Macron ?
On sait pourtant que les deux hommes ne s’entendent pas sur la méthode qu’il conviendrait d’employer pour parvenir à sauvegarder les minorités chrétiennes en question. Sur un plan géopolitique, le pape François s’était fermement opposé à toute intervention militaire occidentale en Syrie, dès 2013. Le président Macron, de son côté, n’a pas dédaigné de participer au bombardement, certes symbolique, du mois d’avril 2018. Il y a peu de chance que l’orientation de la géopolitique française, qui s’aligne désormais sur celle de l’Otan, soit transformée par la rencontre de mardi. Mais le président français a d’autres champs d’actions possible. Notamment en soutenant le réseau d’écoles chrétiennes francophones au Moyen-Orient.
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Le président le rappelait lui-même lors du colloque sur la francophonie, organisé par l’Œuvre d’Orient le 12 avril 2018 à Beyrouth : “Les écoles chrétiennes […] apportent depuis plusieurs siècles une contribution essentielle à la diffusion du savoir, du respect mutuel entre les personnes et de la francophonie”. Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, n’aurait pas mieux dit. Lui qui s’inquiète régulièrement de l’avenir de ces écoles reconnues pour leur qualité et qui accueillent en moyenne 40% d’élèves musulmans. Comme beaucoup de chrétiens d’Orient, il scrutera la rencontre de ce mardi, en espérant que la question de ces écoles francophone, et du soutien que la France peut leur apporter sera évoqué. Il y a là un moyen beaucoup moins hasardeux, bien plus productifs, que les aventures militaires douteuses, de consolider la présence des minorités chrétiennes dans ces régions.