Pendant la Coupe du Monde de football, nous assistons aux commentaires habituels évoquant une grande messe sportive qui célèbre une nouvelle religion mondiale. Vraiment ?
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Le football est le sport le plus populaire au monde. La Fédération internationale de Football accueille davantage de membres que l’ONU d’Etats et représente peut-être avec l’Église catholique la dernière « Internationale » dont la voix porte puissamment vers l’universel. Le Saint-Siège, vient par ailleurs de publier avant la Coupe du Monde, un très beau texte sur l’engagement sportif. Pourquoi le football est-il si populaire ? Parce qu’il est simple. Le football vient nourrir avec puissance des attentes de l’humanité. Il déporte sur un gazon vert des besoins personnels qui nous permettent de vibrer par procuration à des affrontements vifs et festifs. Il est un cocktail ultra-puissant qui convoque quatre ingrédients : l’identité (l’attachement à des couleurs, des hymnes, une patrie) ; l’émotion, c’est la fièvre du rassemblement et la dramaturgie de l’enjeu. Pendant cette Coupe du monde nous passons nerveusement de la jubilation à la désolation ; la vitesse (le jeu et les oppositions s’accélèrent, nous sommes et nous allons être gavés de matchs spectaculaires) et enfin l’incertitude (avec des surprises, des blessures, des faits de jeu tragiques…).
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C’est une dramaturgie humaine qui « relie » les hommes au-delà de leur différence. Cette dimension de lien populaire, autour de codes et de rites apporte une dimension religieuse au sport. Le football made in FIFA et donc façonné par le marketing des marques, active et détourne les leviers du religieux : le stade est une cathédrale, l’arbitre est le ministre du jeu, nous y retrouvons les tuniques, les processions d’entrée, l’offrande de la coupe… Le paradoxe est que le sport business, comme produit lucratif d’une société post-moderne sécularisée qui veut évacuer le religieux, vient réintroduire au cœur des peuples une contrefaçon de religion. Or, on ne contrefait que ce qui a de la valeur. Ce besoin anthropologique de rassemblement populaire, de communion, de rite et de transcendance est ainsi prouvé. Il vient aussi nous rappeler à nous catholiques, l’urgence de retrouver un ancrage populaire, lieu de rassemblement et de communion autour de belles et profondes liturgies.
Penser au geste juste
Lorsqu’on dit qu’il va il y avoir du sport, c’est qu’il y aura de l’affrontement et de la vie ! Le sport est une activité humaine, avec des règles, qui nous transporte dans un autre univers, avec un esprit « censé être ludique » autour de règles et de principes. Il offre une dimension cathartique qui permet de purger sur un terrain d’affrontement les pulsions belliqueuses mais aussi les envies de communion qui nous traversent. Le pape Jean Paul II expliquait que le produit fini du sport était l’offrande d’un geste qui mobilise notre personne, corps, âme, esprit. Nous offrons un geste qui devra être un geste juste, fruit de travail de sacrifice, d’intuition, d’inspiration ou de génie. Le sport malaxe notre humanité et vient la célébrer. Et c’est très puissant. Pensons toujours au geste juste. Avoir l’esprit sportif, c’est convoquer notre personne pour nous dépasser et offrir à l’humanité ce que nous sommes, à travers un geste qui célèbre et révèle notre humanité.
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Le sport malaxe ce que nous sommes, il nous conduit à creuser plus profond en nous-même, à nous dépasser pour élever notre niveau de jeu. Le sport conduit mène dans la joie et l’épuisement vers un au-delà qui nous dépasse, vers la transcendance. Dans l’univers kitsch et aseptisé de la Coupe du monde, nous ne pouvons échapper aux prières et invocations de certains joueurs. Ils ont creusé profond. Ils connaissent cette sève qui les animent, ils se savent transportés par une foi religieuse qui les conduit à se dépasser, vers un au-delà d’eux-mêmes, pour témoigner sur le terrain de cette présence divine qui est leur alpha et leur oméga.
« Élever le niveau de jeu »
Et bien la religion chrétienne poursuit ce chemin de liberté et d’incarnation. Le christianisme est la religion du sport car il est la religion du corps, d’un Dieu qui se fait homme. Car le divin rejoint physiquement l’humain, dans sa vulnérabilité et sa grandeur. Dieu s’est incarné par son fils Jésus-Christ qui a rejoint notre finitude mortelle pour nous infinitiser, selon une belle formule de Gustave Thibon. Nous sommes rejoints dans nos misères pour être consolés et relevés, et par sa grâce, pour nous aussi consoler et relever nos proches. C’est juste puissant et bouleversant.
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Ce geste juste pour nous chrétien, dans cette dynamique sportive est ce geste de charité qui passe toujours par la bonne distance. Ni trop obséquieux et étouffant, ni trop hautain et distant. Comment se donner de façon pure et droite dans la relation à l’autre et « élever le niveau de jeu » ? Le geste juste c’est aussi cette question de l’annonce kérygmatique et donc explicite de mon attachement au Christ, comme carburant de ma vie sur terre dans notre quête de la rencontre céleste. Quel est ce moment juste pour nous révéler dans notre rencontre à l’autre. Nous disposons pour cela d’un co-équipier qui s’appelle l’Esprit-Saint. Il vient souvent à la rescousse et le fruit de sa visite est la joie profonde qui nous traverse.