Résultats d’études sociologiques en Europe et aux Etats-Unis
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“Nous avons besoin de vous, jeunes, pierres vivantes d’une Église au visage jeune, mais pas maquillé : pas rajeuni artificiellement, mais ravivé de l’intérieur”. En disant cela à la réunion pré-synodale des jeunes au Collège pontifical International “Maria Mater Ecclesiae” à Rome, le 19 mars 2018, le pape François a voulu rappeler encore une fois un des thèmes clefs de son pontificat, à savoir le rôle fondamental des jeunes dans la vie de l’Eglise, celle d’aujourd’hui et de demain.
“Chers jeunes, vous êtes l’espérance de l’Eglise”, avait écrit le souverain pontife, en août dernier, dans son message Twitter pour la Journée internationale ONU de la jeunesse. Il exhortait les jeunes à participer au chemin préparatoire du prochain synode des évêques, qui aura lieu en automne prochain sous le thème “Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel”.
Chers jeunes, vous êtes l’espérance de l’Eglise. Comment rêvez-vous de votre de futur ? Participez au #sinodo18! https://t.co/Gu2fMl1MT3
— Pape François (@Pontifex_fr) August 12, 2017
En vue de ce grand événement de l’Eglise et des prochaines JMJ de Panama, du 22 au 27 janvier 2017, il est intéressant de savoir à quoi ressemble la relation que les jeunes ont avec la foi. Y compris ladite génération Z, c’est-à-dire les jeunes nés entre 1999 et 2015 [1].
Des pessimistes et les autres
Certains auteurs, comme l’américaine Joan Hope, sont plutôt optimistes. Cette dernière voit les jeunes plus enclins aux valeurs traditionnelles mais également à la religion, comme elle l’explique dans son article Get your campus ready for Generation Z, paru dans la newsletter The Successful Registrar, i Centennials o Post-Millennials, en septembre 2016.
D’autres recherches sont à l’opposé de cette vision optimiste. Elles pensent qu’il y a de bonnes raisons de croire que les adolescents et jeunes adultes de la génération Z “seront les plus agnostiques que le monde ait jamais connu depuis l’époque médiéval”, lit-on dans l’article Why the Generation Z Population will be Non-religious paru il y a quelques mois sur le site américain The Truth Source.
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Selon une étude du discutable Barna Group, parue en janvier dernier, cette génération Z sera, sans hésitation, “la première génération vraiment ‘postchrétienne” [2]. Aux Etats-Unis, d’après un sondage réalisé en collaboration avec Impact 360 Institute (qui a son siège à Pine Mountain, dans l’Etat de Géorgie) le pourcentage des membres de cette génération qui se disent athées est le double par rapport à celui des adultes : 13% contre 6%.
Par ailleurs, plus d’un jeune sur trois de cette Gen Z (37%) croie par exemple qu’il est impossible de savoir avec certitude si Dieu est réel, contre 32 % chez les adultes. “Pour beaucoup d’adolescents – affirme les analystes — la vérité, dans le meilleur des cas, serait relative ; et dans le pire des cas vraiment impossible à savoir.”
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Et puis, même s’ils fréquentent une église, cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas critiques à son égard. Parmi les jeunes pratiquants, la moitié environ pense que l’église “semble rejeter pas mal de choses de ce que nous dit la science sur le monde” (49%) et plus d’un tiers qu’elle est “hyper protective avec les adolescents” (il 38%). Un autre tiers environ pense qu’à l’église “les gens sont hypocrites” (36%). Enfin, près de deux tiers des membres de la Gen Z qui déclarent que fréquenter l’église n’est pas important pour eux, affirment trouver Dieu “ailleurs” (61%).
Une religion “moribonde” en Europe ?
Sur le vieux continent, la situation n’est pas mieux. Une étude sur les jeunes et leur rapport avec la religion dans 21 pays européens (plus Israël) de l’Institut Catholique de Paris et de la St. Mary’s University de Twickenham à Londres, relayée notamment par La Croix et le Guardian, dresse en effet un tableau guère plus reluisant. Dans plus de la moitié des pays européens analysés — 12 sur 21 -, une majorité de jeunes dans la tranche des 16-29 ans déclare n’avoir aucune affiliation religieuse. La recherche se base sur des chiffres de l’European Social Survey 2014-16. Co-auteur de l’étude, Stephen Bullivant n’utilise pas de demi-mesure pour décrire la situation générale. La religion est “moribonde”, affirme le théologien et sociologue de la St. Mary’s University, dans le Guardian. “Le christianisme comme (religion par) défaut, comme norme, s’en est allée et probablement pour toujours, ou du moins pour les 100 prochaines années”.
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La situation en République tchèque, par exemple, est très éloquente. Neuf jeunes adultes sur dix (91%) ne sont affiliés à aucune confession ou religion. Le pourcentage de jeunes qui n’ont pas d’affiliation religieuse oscille entre 70-80% en : Estonie (80%), Suède (75%), Pays Bas (72%) et Royaume Uni (70%). Outre-Manche, 7% seulement des jeunes adultes s’identifient à l’Eglise anglicane, c’est-à-dire moins que les 10% de jeunes britanniques qui se définissent catholiques et un peu plus que le pourcentage des jeunes de leur age qui déclarent appartenir à la religion musulmane (6%). Les plus religieux sont les jeunes polonais (17% seulement se déclarent sans affiliation confessionnelle), suivis des lituaniens (25% de religieusement non affiliés).
Dans les grands pays européens comme l’Allemagne, l’Espagne et la France (l’étude ne couvre pas la situation italienne), ce pourcentage passe respectivement à 45%, 55% et 64%. La fréquence hebdomadaire au culte est « Extrêmement faible ». Comme le relève La Croix, dans quatre pays seulement celle-ci dépasse les 10% : en Pologne (39%), en Israël (26%), au Portugal (20%) et en Irlande (15%).
Des “minorités créatives”
On trouve aussi dans cette étude des éléments surprenants. Comme en République Tchèque Bien que les jeunes catholiques ne représentent que 7% de la population de l’ancien pays communiste, près d’un quart d’entre eux (24%) déclarent aller à la messe au moins une fois par semaine et près de la moitié (48%) de prier au moins une fois par semaine, rappelle La Croix en citant Stephen Bullivant. Selon le chercheur, l’exemple de la République tchèque est symptomatique de ce que Benoît XVI appelait les “minorités créatives”.
“La nouvelle approche par défaut c’est “pas de religion”, et ceux qui se disent religieux “se voient comme nageant à contre-courant”, analyse Stephen Bullivant dans The Guardian. “Dans 20 ou 30 ans, les églises traditionnelles seront plus petites, mais les quelques personnes restantes seront fortement engagées”, conclut le directeur du Centre Benoît XVI pour la religion et la société.
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Peu nombreux mais bons… Cette tendance semble gagner du terrain aussi en Italie, comme le suggère une recherche du sociologue piémontais Franco Garelli, sous la direction de l’Institut Eurisko. Recherche réalisée sur un échantillon d’environ 1500 jeunes de 18-29 ans, dont le site Vatican Insider rapporte les résultats. L’étude montre, par exemple, que le pourcentage de jeunes Italiens se déclarant athées est passé de 23% en 2007 à 28% en 2015, alors que le pourcentage de “croyants convaincus et actifs ” a chuté à 10,5%. De plus, parmi les jeunes qui prétendent croire uniquement “par tradition et éducation” (36,3%), près des deux tiers – soit 22% – déclarent ne pas croire vraiment en Dieu.
Pour conclure, une chose est sûre : nous nous trouvons devant le scénario d’un avenir possible qui montre une fois de plus combien le défi qui attend les participants au prochain Synode est crucial et exigeant.
Paul De Maeyer
1] l’édition anglaise d’ Aleteia a consacré un article aux caractéristiques générales de la Génération Z: 15 Ways Generation Z could change the world
2] Cf. Aleteia: Generation Z has twice as many atheists, research group finds