La natalité est toujours un indice de confiance dans l’avenir. Comment les chrétiens peuvent-ils peser sur les évolutions démographiques ?
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L’Europe se trouve dans une situation démographique délicate : dans l’Union européenne, les naissances en 2016 étaient au nombre de 5,1 millions, autant que les décès. L’Allemagne et l’Italie sont quasiment sinistrées, avec 770 000 naissances face à 920 000 décès pour la première, et 473 000 contre 615 000 pour la seconde. La Russie en est globalement au même point que l’UE (1,940 million de naissances face à 1,910 million de décès). Au Japon, c’est la Bérézina (977 000 naissances face à 1,31 million de décès). La Chine, avec 1,6 enfant par femme comme taux de fécondité en 2015, subit encore les effets de la politique de l’enfant unique récemment adoucie.
Inquiétude démographique
Face à cela, les parties du monde moins développées voient croître leurs populations à un rythme inquiétant. Selon les projections de l’ONU, l’Afrique, actuellement moins peuplée que la Chine (1,25 milliard de personnes contre 1,4), doublerait sa population d’ici 2050 ; l’Asie sans la Chine passerait de 3,1 milliards d’êtres humains à 3,9.
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Ces évolutions, si elles se produisent, seront difficiles à gérer. La planète Terre a certes beaucoup de ressources, et l’intelligence humaine également, mais l’éventualité de grands mouvements migratoires très difficiles à gérer, de convulsions et de guerres, ne saurait être écartée. La partie ne sera pas facile à jouer. Comment y réfléchir dans une perspective évangélique ?
Christianisme et natalisme
Le texte du premier chapitre de la Genèse est nataliste, pourrait-on dire naïvement : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. » (Gn 1, 27-28) Certes, être obéissant à Dieu ne signifie pas prendre les textes sacrés au pied de la lettre, sans réfléchir : si Dieu nous a pourvus d’intelligence et de libre-arbitre, c’est pour que nous nous en servions ! Reste que la complémentarité homme/femme et la fécondité sont des atouts dont nous sommes invités à nous servir.
En définissant le mariage comme une « alliance d’amour fidèle et fécond », le Catéchisme de l’Église catholique ne fait pas de la procréation une obligation – la preuve en est qu’un mariage religieux peut bénir l’union de couples qui, du fait de l’âge de leurs membres ou pour toute autre cause, ne peuvent pas procréer – mais une invitation.
Aménager la Terre
Reste que croire en un Dieu bon incline à donner la vie, parce que la vie est bonne et qu’en élevant des enfants nous leur donnons la possibilité d’entrer dans l’amour divin. Il ne s’agit pas de procréer de manière irresponsable : l’attitude chrétienne est simplement une attitude positive, un optimisme articulé à la recherche des moyens de rendre notre planète capable d’accueillir correctement un nombre encore plus grand d’êtres humains. L’invitation qui nous est faite de « soumettre » la terre n’est pas une parole en l’air. C’est ce que nos ancêtres – largement guidés, au Moyen Âge, par le monachisme – ont fait en défrichant, en assainissant les zones marécageuses, en endiguant fleuves et rivières. Ils ont aménagé leur environnement comme l’avaient fait avant eux les Égyptiens et les habitants de la Mésopotamie, dont les actions et les pensées ont d’ailleurs été déterminantes pour la formation du message biblique et donc du message chrétien.
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Autrement dit, les disciples du Christ ont la responsabilité de contribuer à l’aménagement de notre terre, et peut-être, à l’avenir, d’autres planètes, de telle manière que les enfants de Dieu puissent croître en nombre et en sagesse. Nous devons certes porter la bonne nouvelle de Jésus-Christ aux hommes actuels, mais nous devons aussi nous préoccuper de rendre possible la venue sur terre d’un plus grand nombre d’hommes, dans des conditions de vie décente, parce que chacun d’eux aura la chance de pouvoir être enfant de Dieu.
Quels sont les ressorts de la natalité ?
Raisonnons sur ce point dans le cadre français, car un panorama mondial excéderait les dimensions de cet article et les connaissances de son auteur ! Il est déjà très délicat de chercher ce qui, dans notre pays, explique la forte diminution du nombre des naissances depuis trois ans.
Pour suivre les évolutions au fil du temps, en utilisant les dernières données disponibles, l’INSEE fournit un bon instrument : le nombre de naissances, mois après mois, en France métropolitaine, connu rapidement grâce aux registres d’état-civil. En divisant le nombre de naissances de chaque mois par le nombre de jours de ce mois, on obtient un nombre moyen de naissances quotidiennes. Au tout début du XXIe siècle, ce nombre était de l’ordre de 2 100 naissances par jour (2 117 en l’an 2000, 2 112 en 2001, etc.). Un sursaut s’est produit à partir de 2006, faisant passer cette moyenne journalière à près de 2 200, chiffre atteint en 2010. Ensuite un mouvement baissier s’est amorcé, d’abord lent, jusqu’à 2 140 en 2014, puis plus rapide (2 083 en 2015, ensuite 2035 en 2016 et 2 002 l’an dernier), et enfin accéléré (1 870 pour les quatre premiers mois de 2018, et 1816 en mars).
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Les facteurs explicatifs possibles sont principalement la politique familiale, qui a été une variable d’ajustement des finances publiques fortement sollicitée durant le quinquennat de François Hollande, et le climat électoral. On se souvient en effet du caractère délétère, et donc anxiogène et décourageant, de cette campagne électorale, et c’est neuf mois après elle et son résultat final (le 7 mai 2017) que s’est produit l’effondrement d’une rapidité exceptionnelle survenu en novembre et décembre 2017 puis janvier, février et mars 2018.
Un facteur aggravant
Il serait ridicule de vouloir fournir une explication unique aux variations de la natalité, mais il n’est pas déraisonnable de penser que la « fin de règne » assez pénible à laquelle ont assisté les jeunes ménages français a joué un rôle important. La confiance en l’avenir est évidemment plus favorable à la procréation que les incertitudes et surtout l’impression que le pays est mal gouverné, donc mal adapté à l’accueil de nouveaux citoyens.
Reste que pour les chrétiens, le Golgotha est le chemin vers le Père, et que le déclin du christianisme dans notre pays, entraînant celui de l’espérance et de la sérénité dans l’épreuve, est probablement un facteur aggravant de la réaction malthusienne aux accidents de parcours économiques et politiques.