Découvrez en avant-première sur Aleteia les bonnes feuilles du livre “Un doudou dans l’open space” (Quasar), ouvrage qui recueille, entre autres, les réflexions de Claire de Saint Lager, Hélène Bonhomme, François-Xavier Bellamy, Inès de Franclieu, Laëtitia Pouliquen sur le défi des femmes aujourd’hui.
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Comment concilier sa vie de mère, d’épouse et sa carrière professionnelle ? Quel est le juste équilibre, menant à son épanouissement personnel et à celui de sa famille? Cette réflexion, initiée par l’association Femmes actives et foyer (FAEF), et concrétisée par l’équipe du colloque, a été menée au grand jour, et brillamment développée par les intervenants du colloque « Le défi des femmes aujourd’hui. Femme et foyer : le bon choix au bon moment », qui s’est tenu à Paris le 14 octobre 2017.
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Un doudou dans l’open space, à paraître ce 29 mai aux Éditions Quasar, rassemble neuf interventions qui se sont déroulées ce jour-là. Les auteurs fournissent des pistes variées, grâce auxquelles chaque femme est invitée à nourrir sa propre réflexion sur ce qu’elle “veut vraiment”. Aleteia en publie les bonnes feuilles.
Trouver en soi ses sources d’épanouissement pour mieux se donner
Claire de Saint Lager, fondatrice d’Isha Formation, un institut de développement personnel visant à accompagner les femmes dans leur plein épanouissement, est convaincue que chaque femme a en elle-même les ressources de son propre épanouissement. Reste à découvrir lesquelles, avant de pouvoir s’en remplir, pour avoir ensuite la capacité de donner.
“Ici surgit une autre question importante : comment se remplir pour pouvoir mieux se donner ? En effet, les femmes sont plus naturellement dans l’oblation, le don d’elles-mêmes. Mais nous sommes des vasques : on ne peut donner que ce qui déborde. On ne peut pas donner quand on est à sec, ou à fond de cale, en remettant un peu d’essence et en repartant jusqu’à la prochaine panne en avançant par à-coups. Pour pouvoir vraiment se donner, il faut être rempli. La question de mon épanouissement comme femme est donc logique : remplie, c’est-a‑dire heureuse, épanouie, je peux mieux me donner à ma famille et dans mon travail. Et les choses avancent plus naturellement.
Cet équilibre de vie – se remplir pour mieux se donner – diffère selon chacune. En effet, nous n’avons pas les mêmes goûts, les mêmes talents, les mêmes ressources, les mêmes envies, les mêmes contraintes. Votre premier travail de femme est de trouver vos besoins et votre désir profond, les conditions de votre équilibre personnel pour vous épanouir et être heureuse dans votre vie de femme. C’est ainsi que vous rendrez heureux vos enfants, votre mari, vos collègues, vos amis. Il n’est pas absurde de vouloir s’épanouir dans un travail, puisque les deux besoins humains fondamentaux sont d’être aimé et d’être reconnu. Le premier passe beaucoup par la famille, le second vient parfois d’un épanouissement au-delà du foyer.”
Halte au perfectionnisme !
Chroniqueuse web, Hélène Bonhomme a lancé le site « Fabuleuses au foyer », faisant naître ainsi une communauté de mamans connectées. Elle a publié deux livres qui clament haut et fort que bien qu’imparfaite, une mère n’en est pas moins fabuleuse. Dans cet élan, elle invite à prendre du recul, lâcher prise, et abandonner l’idée de tout perfectionnisme qui gâche la vie.
“Ce perfectionnisme-là engendre beaucoup de solitude. Les mères se plaignent souvent aujourd’hui de devoir tout faire toutes seules. Parfois, en effet c’est le cas, parce qu’il existe encore des hommes qui n’aident pas du tout à la maison et n’en voient pas le besoin. Mais pour l’immense majorité, quand on me demande « Que faire, il ne m’aide pas ? », je comprends en deux ou trois questions qu’en réalité, quand il veut aider… ce n’est pas comme ça qu’on remplit le lave-vaisselle, et vous le re-remplissez à votre manière. Et les tomates, il fallait les couper en rondelles, pas en quartiers. Puis vous voilà obligée de refaire les lits parce qu’il ne les a pas faits correctement, etc. Le perfectionnisme isole les mères parce qu’elles ne demandent plus d’aide et que les résultats deviennent plus importants que les relations. C’est un fléau dramatique de considérer qu’une mère au foyer « n’a que ça à faire donc autant le faire très bien ». Ce n’est pas parce qu’elle ne travaille pas et n’est pas rémunérée que sa maison doit être impeccable et ses enfants des modèles.”
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Le mot “matière” est lié au mot “mère”
François-Xavier Bellamy est normalien, agrégé de philosophie, explore ici ce que la philosophie peut nous dire de la question de l’altérité entre le masculin et le féminin, et de la crise que nous connaissons aujourd’hui. Il souligne notamment que l’étymologie du mot “matière” contient en elle-même le fondement de l’altérité.
“Il y a quelques années, le programme de philosophie en classes préparatoires portait sur la matière. J’avais commencé mon cours en étudiant l’étymologie de ce terme. “Matière” vient du mot latin materia, lui-même dérivé de mater, “la mère”. Ainsi le mot “matière” est-il lié au mot “mère”, parce que le propre de la mère est de donner corps à l’enfant. Elle met au monde un corps nouveau, qu’elle porte dans son propre corps, et qui est la chair de sa chair. Chacun de nos corps a été, un jour, porté par une mère. Les femmes donnent corps à toute l’espèce humaine. Voilà sans doute une frontière absolument fondamentale. Jamais je ne donnerai chair à un enfant. Peut-on faire comme si cela était indifférent ? Est-ce aussi insignifiant que la différence entre les couleurs de cheveux ? Je ne le crois pas. Il est beau de voir que la langue porte en son histoire — dans l’étymologie — ce qui nous permet d’apprivoiser cette différence étonnante, et même terrifiante à bien des égards. Je suis, comme homme, le résultat de l’enfantement d’une mère, expérience que je ne vivrai jamais moi-même. Il y a une part de l’humanité qui demeurera toujours pour moi un mystère.”
Éloge de la mère au foyer
Spécialisée en éducation affective et sexuelle, Inès de Franclieu anime des ateliers pour parents et enfants. Elle témoigne du bonheur que lui a apporté son rôle de mère, fruit de la présence qu’elle a pu offrir à ses enfants lorsqu’elle était mère au foyer.
“Le rôle de la mère au foyer, bien au-delà des tâches matérielles, est d’être. Être à son mari, même si l’expression semble totalement démodée. Être à ses enfants, dans un regard plein d’attention, doté d’antennes qui captent et ressentent ce qui se passe au fond des cœurs de chacun. Elle est donc peut-être avant tout une présence. Cette présence sécurise l’enfant, qui se sent alors aimé et en confiance. L’amour ne se décrète pas, ni ne se raisonne. Il ne s’explique pas. Mais il s’expérimente, se ressent et se vit. C’est pourquoi il sera extrêmement difficile de convaincre un jeune de l’amour de ses parents s’il ne l’a pas expérimenté. Les moments de qualité sont certainement importants mais ils me semblent bien insuffisants et souvent bien maladroits face à la présence qui n’attend rien mais est prête à tout.”
Organiser ses journées dans le “bon” sens
Laëtitia Pouliquen a fondé le site « Woman attitude », ainsi que le lobby « Europe for family » œuvrant auprès des institutions européennes. Entre les évolutions des modes de vie et les progrès technologiques, elle s’interroge sur le nouveau visage de la mère en 2030.
“Organiser ses journées de mère en s’inspirant de l’ordo caritatis peut constituer une autre piste. L’ordo caritatis maternel est une extrapolation de la règle de saint Benoît pour la mère de famille. Elle permet de remettre l’emploi du temps dans un sens directeur fondamental. Qu’est-ce que nous faisons en premier lieu dans notre journée ? Pour moi, il est important de mettre Dieu en premier, autant que possible. Deuxième élément, je m’occupe de moi : pour que le réceptacle déborde, il doit être plein. Je prends le temps de me maquiller, de manger un bon petit-déjeuner, de faire mes poses de yoga préférées – c’est tout simple. Ensuite, je m’occupe de mon mari avant de m’occuper de mes enfants. La femme est consumée par sa maternité, mais elle est en interdépendance fondamentale avec son conjoint. Le mari, puis les enfants, et enfin la vie professionnelle. Et s’il reste du temps, les interactions sociales nécessaires pour s’impliquer dans la vie de la cité.
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Enfin, ma dernière piste est le retour au réel, concret, palpable, matériel. C’est extrêmement important. N’utilisons pas nos téléphones ni nos tablettes dans la chambre ; consultons Facebook avec modération. Discernons, réfléchissons à ce que nous faisons de notre temps. Bien sûr que les technologies sont importantes et vitales, notamment pour réparer ou guérir. L’homme est inventif, créatif, il a d’extraordinaires capacités de développement technologique. Mais jusqu’où allons- nous ? Face au risque d’ubérisation de la procréation et face à la fertilité technologique, proposons l’écologie humaine.”