L’attribution du rose pour les filles et du bleu pour les garçons ne date que des années 1900, après 700 ans de tradition chrétienne où le bleu était la couleur de la Vierge Marie, symbole de pureté divine et de féminité.
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Quand un enfant voit le jour, la tradition veut qu’on habille les petits garçons en bleu et les petites filles en rose. Des couleurs clairement définies qui caractérisent la mode enfantine encore aujourd’hui et qui, on le croit, sont des stéréotypes sexuels destinés à marquer le féminin et le masculin depuis toujours. Et bien non ! cela n’a pas toujours été le cas. Les couleurs aussi ont leur histoire et il nous faut remonter au XIIe siècle pour comprendre ce retournement. Au Moyen Âge, les vêtements blancs, image de la pureté et de l’innocence, étaient encore la norme chez les filles comme chez les garçons, jusqu’à l’âge de 6 ans. Mais le bleu, lui, faisait son introduction dans le monde occidental, porté par le culte marial. On choisit de revêtir la vierge d’une couleur aux pigments coûteux, le lapis-lazuli, si précieux qu’il coûte aussi cher que l’or, sinon plus, et qu’on ne l’utilise que pour représenter les personnages les plus symboliques, les plus sacré. Il devient la couleur divine de la Vierge Marie et la couleur féminine par excellence, tandis que le rose — qui n’est en fait qu’un rouge pâle — un symbole de virilité et de pouvoir.
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Le Bleu
Devenu la couleur de la Vierge, le bleu brille dans les vitraux gothiques, les émaux et miniatures. La Vierge habite le Ciel. Et pour la première fois en Occident, on peint le ciel en bleu. Cette couleur si longtemps considérée comme barbare devient divine, évoque des espaces calmes, serein, la paix… Les théologiens différencient la lumière divine et la lumière terrestre. La première est bleue, couleur de la pureté par excellence ! La deuxième blanche.
Puis le bleu fait son entrée en politique, passage marqué par saint Louis qui veut se placer sous la protection de la Vierge Marie. Le roi de France choisit des fleurs de Lys sur fond azur comme couleurs royales. Puis les Seigneurs de l’aristocratie s’en emparent, suivie de la bourgeoisie et le bleu “divin” devient de moins en moins “divin”. En trois générations, selon Michel Pastoureaux, auteur de Bleu, histoire d’une couleur (éd. Seuil), on passe des armoiries à la cocarde, de la cocarde au drapeau et aux uniformes. Et voilà que le bleu, décliné en une infinité de variantes, devient une couleur propre au pouvoir politique et militaire, et donc propre aux hommes. En 1930, les trousseaux des bébés commencent à se différencier, les familles aisées commencent alors à adopter le bleu pour les garçons.
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Le rose
Inversement, jusqu’au XVIIIe siècle environ, le rose est associé presque exclusivement aux hommes. Mais on parle plutôt de “rouge pâle”, d’incarnat (couleur de la chair) et non de rose proprement dit. Les grecs de l’Antiquité attribuent déjà cette couleur à leurs fils, considérant les garçons comme plus productifs que les filles. Et cette couleur, durant le Moyen Âge et la Renaissance, est encore très portée, comme le montrent tant de représentations artistiques de l’époque. On y voit des chevaliers portant des bas-de-chausses roses et de grands personnages comme Henri IV habillé en Mars, le dieu romain de la guerre, dans un tableau datant de 1606. Même le Christ, dans un tableau du Bronzino — “la Crucifixion” — en 1545, a sa touche de rose.
Puis le rose prend une autre dimension. La marquise de Pompadour trouve ce rose “d’une finesse exquise” et la porte à Versailles, entrainant derrière elle les femmes de Cour qui commencent à l’imiter en habillant leurs petites filles en rose. L’arrivée du mouvement romantique n’aura plus qu’à donner un dernier coup de pouce au XIXe siècle, et le rose deviendra l’incarnation de la tendresse, de la douceur, symbole de la féminité par excellence jusqu’à nos jours.