Découvrez ces expressions que nous utilisons depuis notre plus jeune âge. Certaines ont tellement imprégné notre culture qu’on ne soupçonne pas qu’elles puissent avoir une origine biblique.
Il y a un temps pour tout
Savez-vous quel est le point commun entre la Bible et Forrest Gump, film américain de Robert Zemeckis (1994), récompensé plusieurs fois aux Oscars et aux Golden Globes ? Parmi les titres de la bande originale de Forrest Gump figure la chanson Turn ! Turn ! Turn ! (to everything there is a season) interprété par le groupe américain The Byrds et dont les paroles proviennent presque exclusivement du chapitre 3 de l’Ecclésiaste, l’un des livres de sagesse de l’Ancien Testament !
C’est du tout début de ce chapitre 3 que vient l’expression “il y a un temps pour tout”:
Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel :
Un temps pour donner la vie, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher.
Un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour détruire et un temps pour construire.
Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour gémir, et un temps pour danser.
Un temps pour jeter des pierres, et un temps pour les amasser ; un temps pour s’étreindre, et un temps pour s’abstenir.
Un temps pour chercher, et un temps pour perdre ; un temps pour garder, et un temps pour jeter.
Un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ; un temps pour se taire, et un temps pour parler.
Un temps pour aimer, et un temps pour ne pas aimer ; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix.
(Ecclésiaste 3, 1-8)
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Écrit à la fin des années 1950 par le chanteur folk américain Pete Seeger, le titre a été interprété par de nombreux artistes dont Nina Simone, Dolly Parton, Bruce Springsteen et Chris De Burgh, mais c’est la reprise folk rock de The Byrds qui a connu le plus grand succès et s’est classée numéro un des ventes aux États-Unis à sa sortie en 1965. Seeger a repris presque textuellement les huit premiers versets du texte originel, modifiant légèrement l’ordre des phrases, et rajoutant le fameux Turn ! Turn ! Turn ! avant de conclure par : a time for peace, I swear it’s not too late — “un temps pour la paix, je jure que ce n’est pas trop tard”—, des paroles qui, en pleine guerre du Vietnam, prenaient une forte valeur symbolique.
Vivre le présent
Loin d’être un livre poussiéreux au contenu ennuyeux et dépassé, la Bible continue d’inspirer des artistes de toutes convictions grâce à la beauté et à la puissance de ses textes. À la fois complexe et fascinant, le Livre de l’Ecclésiaste (du nom grec) ou Qohélet (du nom hébreu) est traditionnellement attribué à Salomon, roi qui incarne la sagesse par excellence, bien que l’hypothèse soit contestée, le texte étant daté du IIIe siècle avant J.-C. alors que Salomon a vécu autour du Xe siècle avant J.-C.. Plusieurs expressions du livre ont traversé les siècles comme “Se croiser les bras” (Ec 4, 5), “Rien de nouveau sous le soleil“ (Ec 1, 9), “Tu es poussière et tu retourneras à la poussière” (Ec 3, 20) ou le célèbre et théâtral “Vanité des vanités, tout est vanité” (Ec 1, 2).
Qohelet se montre très marqué par la relation au temps qui passe et s’interroge sur la destinée de l’homme. Il reconnaît la fragilité des êtres et des choses et leur caractère éphémère. Son point de vue peut sembler pessimiste car il pose un regard souvent désabusé sur les hommes et la société.
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Ainsi, l’énumération d’actions et de leurs contraires semble égrener la succession inéluctable de tous les temps, bons ou mauvais, qui constituent une vie. Mais cette énumération contribue aussi à souligner la richesse de l’existence et la multiplicité des actions à notre disposition, réalisables ou pas selon ce que nous souhaitons faire de notre existence.
Certains verbes expriment une action très négatives (mourir, tuer, pleurer…) mais « Toutes les choses que Dieu a faites sont bonnes en leur temps » (Ec 3, 11), affirme Qohélet un peu plus loin : chaque temps de la vie révèle son sens une fois le moment venu. Une bonne chose effectuée au mauvais moment peut se révéler néfaste, et inversement, ce qui semble effrayant et difficile à un moment donné peut, avec du recul, nous aider à grandir ou avoir des conséquences positives. Pour Qohélet, il y a un rythme à respecter, dans la nature comme dans la vie, la sagesse est de se montrer patient, sans chercher à précipiter les évènements, et de savoir accueillir et apprécier chaque chose au moment où elle se présente. C’est une invitation à vivre le présent, sans regret pour le passé ou illusion sur l’avenir.