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« Le bien commun est une notion qui éclaire l’innovation »

VIVA TECHNOLOGY
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Agnès Pinard Legry - published on 23/05/18
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Alors que la troisième édition du salon Viva Technology ouvre ses portes ce jeudi à Paris, Aleteia a choisi de revenir sur la notion d’innovation et de bien commun. Rencontre avec Sébastien Lenormand, co-fondateur d’YEDC, jeune émanation du mouvement des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC), et directeur du grand compte Google chez Intel corporation.Quelques 8 000 startups sont attendue porte de Versailles (Paris) du 24 au 26 mai pour la troisième édition du salon Viva Technology. Conférences, masterclass, coaching… cet événement se veut être un lieu de rencontre entre grands groupes et startups autour d’une thématique : l’innovation. Les dirigeants et experts de plusieurs grands groupes comme Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, Ginni Rometty, présidente et Ceo de IBM, ou encore le directeur exécutif de Microsoft, Satya Nadella, viendront parler de leurs derniers projets en matière d’innovation.

Pour la deuxième année consécutive « YEDC », l’émanation des jeunes du mouvement des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC) est partenaire de Viva Technology. Sébastien Lenormand, co-fondateur d’YEDC et directeur du grand compte Google chez Intel corporation revient pour Aleteia sur la notion d’innovation et la manière dont elle sert le bien commun.

Aleteia : Quel est le sens de la présence de cadre dirigeants chrétiens au salon Viva Technology ?
Sébastien Lenormand : En tant qu’entrepreneur ou dirigeant, nous faisons partie intégrante de la vie économique du pays, de la Frenchtech. Cet écosystème innovant et disruptif est au cœur de notre quotidien. En tant que chrétien, nous devons avoir un regard juste sur cet écosystème. C’est tout le sens de notre présence ici, au salon Viva Technology dont nous sommes partenaire. À ce titre nous nous positionnons comme n’importe quel autre partenaire, il ne s’agit pas de proposer une vie de paroisse aux entrepreneurs qui viendront à notre rencontre ! Un entrepreneur développe son entreprise avec des notions financières : levée de fonds, business model… S’il est chrétien, il peut également se poser des questions dans sa création d’entreprise par rapport à sa foi, à l’enseignement du Christ. Non, l’enjeu pour nous en tant que partenaire du salon est de gagner en visibilité et de se faire connaître auprès de ces entrepreneurs afin qu’ils sachent que notre mouvement peut les accompagner dans leur discernement professionnel.



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Quels devraient être selon vous les principaux moteurs de l’innovation ?
La digitalisation touche aujourd’hui tous les secteurs de l’économie et l’intelligence artificielle est au cœur de l’actualité. Lors de sa conférence annuelle, Google a par exemple fait intervenir un robot qui a pu prendre rendez-vous chez le coiffeur. Et ce n’est que le début ! L’innovation suit une évolution exponentielle ; nous ne sommes plus dans l’amélioration d’éléments existants mais dans l’arrivée d’éléments de disruption. L’aspect universel et disruptif de l’innovation touche notre activité. Cette réalité nous oblige nous, entrepreneurs et dirigeants chrétiens, à réfléchir à la manière dont on doit se positionner. Plus que de moteur, je parlerai de finalité de l’innovation. La finalité, c’est le bien commun, c’est le service de l’humanité. Quel est le titre du rapport de Cédric Villani sur l’intelligence artificielle ? « Donner un sens à l’intelligence artificielle ». Pour nous, chrétiens et dirigeants, ces mots sont très forts. À la lecture du texte, qui évoque à plusieurs reprises le bien commun, je me suis dit que ce rapport avait fait l’objet d’un discernement. L’homme et le bien-commun doivent être la ligne d’horizon de l’innovation. Quand on évoque l’innovation et l’intelligence artificielle, on parle souvent de risque de déshumanisation, de déchristianisation. Le changement est difficile pour l’homme, croyant ou non. Il faut regarder cette innovation avec de la bienveillance. La vraie question est la suivante : qu’est-ce que l’homme va faire de cette innovation technologique ?


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Y a-t-il de bonnes et de mauvaises innovations ?
Oui, tout dépend ce que l’on en fait. Certaines inventions, utilisées différemment, peuvent être bonnes… et inversement. Ce n’est pas l’innovation qui pose problème, c’est la finalité. Et dans tous les cas, c’est l’homme qui décide. Ma conviction personnelle est que l’innovation n’est pas mauvaise en soi. Le pire est d’avoir une idée préconçue sur les choses. S’il est très difficile pour l’homme d’arriver à anticiper ce qu’une technologie peut donner, en bien et en mal, il doit sans cesse faire appel à son esprit de discernement, éclairé par l’Esprit. Il est compliqué d’avoir une opinion sur une innovation trop tôt dans son développement. Il faut avoir le bien commun et le service de l’humanité à l’esprit mais cela ne doit pas être le cœur de tout car cela pourrait, dans certains cas, bloquer l’innovation. Le bien commun est une notion qui éclaire l’innovation, qui la guide, mais il ne faut pas se mettre trop de barrières dès le début. J’aime bien l’idée de se laisser guider par l’Esprit. L’intelligence humaine est limitée par rapport au discernement que nous donne l’Esprit. L’Esprit voit ce qu’on peut en faire, quel que soit le cycle de l’innovation, il le nourrit. J’ai un peu peur que les chrétiens se replient sur eux-mêmes en voyant ces robots etc. Nous devons faire attention à cela et avoir cette trame en tête, toujours avec la grâce de l’Esprit.



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Le christianisme est-il une religion de l’innovation ?
Fondamentalement oui. Il suffit de regarder la vie de Jésus. Le fils de Dieu est né dans une étable, parmi les plus petits. Autre exemple, il n’est pas allé chercher ses disciples chez les savants mais chez les pécheurs. Le christianisme, comme l’innovation, est universel. La parole de Jésus est une parole neuve, bouleversante, transcendante. Aujourd’hui, sur des sujets tels que l’innovation et l’intelligence artificielle, nous faisons appel à des spécialistes pour avoir une position, savoir quoi penser. Bien évidemment, leurs connaissances sont utiles pour nous aider à nous forger une opinion. Mais cela ne doit pas nous déresponsabiliser pour autant. Nous avons en nous cette capacité d’innovation, de changement car le Seigneur nous l’a donné à tous. Nous, chrétiens, croyants, avons reçu le don de l’Esprit saint. Cela vaut toutes les innovations. Si l’on demande à Dieu de faire sa volonté et pas la nôtre, nous disposons de la plus grande capacité d’innovation qui soit. Sous le sceau de l’Esprit, tout est possible.

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