Dans un entretien à l’AED, l’évêque du diocèse de Banja Luka, Mgr Franjo Komarica, dénonce « une lutte ouverte contre les catholiques », un peu plus de 20 ans après les accords de Dayton.
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Certes, il n’y a plus de bruits d’armes en Bosnie Herzégovine. Mais la guerre continue et il règne dans le pays un “chaos incontrôlé” selon Mgr Franjo Komarica, l’évêque du diocèse de Banja Luka. Dans un entretien accordé à l’AED, l’association internationale Aide à l’Eglise en Détresse, Mgr Franjo Komarica tance le gouvernement bosniaque et la communauté internationale qui restent sourds aux appels de l’Église à condamner “à travers des mots et des actes”, une situation qui a trop duré, et dans laquelle les catholiques souffrent d’une “discrimination systématique”.
Aujourd’hui, la Bosnie Herzégovine est toujours scindée en trois, entre les Croates, les Serbes et les Bosniaques. Or, de nombreux gouvernements étrangers ne considèrent que les Serbes et les Bosniaques qui « nourrissent toujours une réelle hostilité mutuelle », souligne l’évêque de Banja Luka, mettant ainsi de côté les Croates qui constituent le plus petit groupe ethnique. Ils “se retrouvent entre les deux fronts”.
Lutte ouverte contre l’Église catholique
Vingt ans après la guerre et les accords de Dayton, mettant fin à trois années d’affrontements interethniques, ces derniers ne bénéficient d’aucun soutien politique, juridique ou financier, et il est pratiquement impossible pour eux de reconstruire leurs maisons ou de trouver du travail. Ainsi, en République serbe de Bosnie, “deuxième entité” de l’État fédéral de Bosnie-Herzégovine qui couvre les régions nord et est, “seuls 5% des catholiques sont retournés dans leurs 69 paroisses”.
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La Constitution de la Bosnie-Herzégovine garantit pourtant la liberté religieuse. L’évêque de Banja Luka s’est encore rendu récemment auprès du représentant de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, NDLR) mais sans rien obtenir. “C’est une lutte ouverte contre l’Église catholique”, dénonce l’évêque qui déplore que la situation “dramatique” des catholiques au coeur de l’Europe soit si peu connue ou sous-estimée à l’étranger : “Quo vadis, Europa ? Quo vadis, chrétienté en Europe ? Comment communiquer nos valeurs chrétiennes à d’autres peuples si nous admettons une telle situation dans notre propre maison, en détournant le regard ?”, s’interroge l’évêque auprès de l’AED.
Un évêque déterminé
Les Serbes sont plutôt orthodoxes et fortement influencés par la Russie. Quant aux Bosniaques, musulmans pour la plupart, ils se rapprochent de la Turquie et du monde islamique, créant des « mouvements centrifuges » non seulement néfastes pour le pays, mais aussi pour l’Europe, estime Mgr Franjo Komarica. C’est pourquoi, en tant que représentant de la plus ancienne communauté religieuse du pays, il est bien déterminé à continuer de se prononcer “en faveur de la vérité”, convaincu, dit-il, que “se taire serait faire gagner les adversaires”, ceux qui ont intérêt à entretenir cette situation.
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