Au Sri Lanka, des paroissiens se mobilisent pour une agriculture débarrassée des produits de synthèse qui ont envahi les champs de l’île.
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Preethi Sewvandh est une mère de famille srilankaise soucieuse de la nourriture qu’elle donne à ses enfants. Or, faire ses courses en évitant d’acheter des produits contaminés par des produits chimiques est devenu difficile. Elle explique : “Quand je fais mes courses, je touche, sens, parfois goûte les produits, pour les trier, et éviter que mes enfants avalent du poison !” Selon elle, même les potagers particuliers sont menacés par l’usage abusif des pesticides et des engrais de synthèse.
Explosion économique
Le Sri Lanka connaît une croissance économique rapide, en particulier depuis la fin du mouvement des Tigres tamouls et la mort de son fondateur, Velupillai Prabhakaran, le 18 mai 2009. Mais cette croissance économique a son revers : l’arrivée de produits d’importation, en particulier de produits agricoles synthétiques. Dès la deuxième moitié du XXe siècle, ces produits chimiques ont bouleversé les habitudes des paysans de l’île, fascinés par les nouvelles possibilités offertes par ces produits : augmentation des rendements, possibilité de cultiver de nouvelles espèces etc.
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Mais ils ne sont pas formés à l’usage de ces produits importés en masse, souvent trop ou mal employés. Un demi-siècle après ce bouleversement des pratiques agricoles, les effets s’en font cruellement sentir sur la santé des paysans. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, dans plusieurs provinces de l’île, 15% des personnes entre 15 et 70 ans, souffrent de maladies du rein. Devant cette situation, le père Bennette Mellawa mène une action de prévention auprès des paysans, pour les avertir des risques qu’ils encourent à cause des produits qu’ils utilisent dans leurs champs. La deuxième étape consiste à les réhabituer à utiliser les forces de la nature pour cultiver, plutôt que de se reposer sur les effets des produits chimiques. Il avertit toutefois : “Établir une culture sans pesticide est un long processus, qui requiert de l’étude et de l’observation”.
“Une ferme bio par paroisse”
Inspiré par l’encyclique du pape François Laudato Si, Titus Wimalasiri, directeur de Caritas Colombo – à l’Ouest de l’île – voudrait créer “une ferme bio par paroisse”. Il constate que de plus en plus de gens sont conscients du problème posé par la présence de pesticides dans les aliments consommés dans leur pays. Il soutient la construction d’une ferme modèle par un ingénieur civil, Peter Marasigha. Leur action s’inscrit dans un plan mené par Caritas sur cinq ans, de 2018 à 2022 pour promouvoir la culture de jacquiers et de manguiers, ainsi que de variétés de riz qui ne demandent pas de recours aux intrants chimiques.
Pour démontrer que passer au bio n’est pas une lubie, mais que cela s’avère rentable économiquement, Caritas prend l’exemple d’une autre mère de famille, qui a achevé sa transition vers une agriculture naturelle. Ranjani Gunawardana, mère de deux enfants, a débuté sa formation en 2014. Elle témoigne avoir appris à cultiver une grande variété de plantes, ce qui a de nombreux avantages, aussi bien en termes de diététique que de biodynamie. À présent, son potager est une source de revenus stable pour son foyer. “J’espère, et je prie, pour que ce savoir-faire bénéficie à d’autres familles, avec la bénédiction de Dieu”, conclut-elle.