Souvent galvaudé ou dévoyé, le « sens politique » s’impose comme une compétence managériale essentielle pour réussir professionnellement et progresser au sein de son entreprise. Éclairage.
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« L’homme est par nature un animal politique ». En qualifiant l’homme ainsi dans son ouvrage Politique, Aristote, tout en s’interrogeant sur la nature humaine, estime que l’homme ne devient pleinement homme qu’en construisant une vie avec ses semblables, dans une société régie par des lois. C’est dans cette « Cité » qu’il développe son potentiel… et qu’il s’accomplit. Mais encore faut-il l’accepter. Pour certains, le « sens politique » est synonyme de manipulation et de compromission. Dans l’entreprise, dire de quelqu’un qu’il a le sens politique est rarement un compliment et évoque plutôt quelqu’un d’individualiste et de carriériste. Pourtant, il s’agit d’une compétence essentielle pour évoluer au sein d’une entreprise mais aussi – et surtout – pour permettre à une organisation (équipe, service, entreprise) d’atteindre ses objectifs.
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« Dans une entreprise, un manager qui veut atteindre ses objectifs utilisent des compétences techniques et comportementales. Le sens politique en fait partie », détaille pour Aleteia Stéphanie Roels, directrice du cabinet Élysée coaching. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? « Certaines personnes y voient de la manipulation et résistent à cette notion mais le sens politique est avant tout la capacité à repérer et à comprendre son environnement, les enjeux qui s’y trouvent et arriver à évoluer stratégiquement dans cet écosystème pour atteindre ses objectifs », indique-t-elle.
Connaître son environnement
« Pour développer son sens politique, il faut d’abord pouvoir s’adapter à son environnement et donc en avoir compris les règles tacites et implicites ». Car un groupe, s’il est plus que la somme des individualités, est aussi un système. Ce système prend en compte l’ensemble des relations entre les différentes personnes et celui qui veut développer son sens politique se doit de comprendre ces interactions. Il y a d’un côté des liens visibles que sont l’organigramme, le pouvoir hiérarchique ainsi que les relations privilégiées entre certains. De l’autre, il y a l’ensemble des jeux de pouvoir et d’influence liés au charisme des personnes, aux jalousies, aux attirances ou répulsions et aux ambitions plus ou moins avouées de chacun. Il est utile de les identifier pour s’en prémunir sans naïveté. « Il est parfois intéressant, pour comprendre le système, de dessiner une cartographie qui récapitule ces données. On observe souvent, dans un groupe, que celui qui a le vrai pouvoir n’est pas toujours celui qui est le plus haut placé dans la hiérarchie », indique ainsi Victoire Dégez dans son ouvrage Regards de leaders.
Écoute et observation
« Le sens politique passe par la compréhension des personnes qui nous entourent, de leur comportement et de leurs motivations, rappelle Stéphanie Roels. Celui qui a cette finesse psychologique, cette écoute et ce sens de l’observation détient de solides atouts. Il ne faut pas non plus hésiter à créer suffisamment de proximité avec les acteurs clefs pour comprendre leurs motivations et leurs enjeux ». Pour exercer par la suite de l’influence, il faut savoir en amont ce qui est important pour l’interlocuteur et se l’approprier. « On n’agit pas à contre-courant d’un système », rappelle-t-elle. De cette écoute et de cette observation découle la stratégie qui permettra, par la suite, de délivrer le message approprié au bon moment. Il ne s’agit pas de manœuvrer par individualisme mais d’analyser objectivement une situation afin d’agir au moment opportun pour la réussite de ses équipes.
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Empathie et sens du service
« Être ouvert et s’intéresser de façon sincère et empathique aux membres de son équipe ou de son service permet d’instaurer de la confiance. Cette « proximité » est centrale, il faut la cultiver et ne pas hésiter à devenir quelqu’un « d’aidant » pour eux », explique la directrice du cabinet Élysée coaching. « Prendre le temps d’écouter et d’accueillir celui qui s’exprime, c’est cela qui va les rendre disponible en retour. Se faire entendre commence d’abord par savoir se faire écouter ».
Pour développer son influence, l’intelligence sociale est un atout. Cela passe par une communication plus complexe et la participation à des événements qui sortent du cadre de l’entreprise : afterworks, dîners, sorties culturelles… En y participant et en adoptant une communication plus subtile, il est possible de faire avancer ses idées et tisser un réseau fiable. « Il ne s’agit pas d’être intéressé ou calculateur, mais de créer une confiance qui passe inévitablement par la connaissance mutuelle. C’est par loyauté et sincérité que se construisent des alliances authentiques », indique Victoire Dégez dans son livre.
Par ailleurs, s’il s’agit de bon sens, cela peut être nécessaire de le rappeler ! Le sens politique passe également par une bonne gestion de son image auprès de ses collaborateurs. Cette image est directe (tenue vestimentaire correcte, visage avenant, conversations décentes…) et indirecte (utilisation des réseaux sociaux…).
Et les gêneurs ?
Il y a souvent, dans une équipe, un ou plusieurs membre(s) avec qui le courant passe moins bien. Pourtant, « en ignorant ceux qui nous gênent, voire en les ostracisant pour nous protéger, nous les rendons encore plus nuisibles à notre égard », rappelle avec prudence Victoire Dégez. Il tient donc à chacun de « rester prudent, mesurer ses paroles à l’aune de la confiance, identifier les manœuvres et les mettre à la lumière en restant factuels »… et s’affirmer, toujours avec respect, aux autres.
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