Comment concilier grandeur de l’Homme et l’homme augmenté ? Le transhumanisme est-il un humanisme ? Le Centre catholique international de coordination (CCIC) de l’Unesco organise ce vendredi 4 mai un colloque sur le transhumanisme et l’Intelligence Artificielle (IA). La présidente du CCIC décrit ici les enjeux qu’ils représentent.L’intelligence artificielle est « l’ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence ». Elle correspond donc à un ensemble de concepts et de technologies plus qu’à une discipline autonome constituée. Loin de faire le procès de cette forme de progrès, force est de constater que le terme de simulation n’est pas usurpé.
Bien des philosophes et des sages ont déclinés cette réflexion rabelaisienne : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Penseur d’une condition humaine modeste et consciente de sa finitude, le philosophe propose : une connaissance (ce qu’il appelle “science”) non réflexive (“sans conscience” autrement dit) ne permettant pas à l’homme de se l’approprier, et donc de progresser. Il la juge inutile. J’y ajoute le qualificatif de dangereuse. C’est dans cet esprit que Rabelais nous alerte : cette pensée peut aussi être considérée comme l’amorce de la bioéthique, cette discipline cherchant à réconcilier les capacités scientifiques et leur acceptabilité morale.
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Et c’est bien le monde de notre temps qui s’interroge aujourd’hui sur cet avenir au présent qui se nomme robotisation, intelligence artificielle, transhumanisme. Le rapport Villani est séduisant à plus d’un titre car il évoque et convoque une idée de progrès qui sous-entend développement social, emplois, mieux-vivre… L’histoire nous apprend qu’il y a souvent un revers à la médaille et que l’idée de progrès ne se concilie pas toujours avec le bien commun. Pourtant, des noms résonnent comme autant d’avertissements et d’appels à la conscience : Tchernobyl, Fukushima, Erika, Mer d’Aral, Bhopal, Seveso… Un tour du monde de l’inconscience humaine.
Certaines démocraties ont eu leur conseil des sages qui exerçaient un contre- pouvoir au nom de la raison. N’aurions-nous pas besoin de ces « garde- fous » au sens pluriel du terme afin de prévenir sans pour autant freiner une idée de progrès qui respecte la dignité des hommes, de tout homme et la fierté de notre humanité ? Il est des regrets que la science ne peut assimiler. Hoppenheimer, lui-même n’a-t- il pas eu des remords de conscience après la création de la bombe atomique ? Le mariage de la biologie et du numérique alimente l’idée folle de vaincre la mort. Nous sommes passés d’une société théocentrée à une société technocentrée. Nous sommes appelés à inventer un humanisme de la recherche pour que l’intelligence continue de ne pas seulement être qu’artificielle.
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