Deux poids deux mesures
Savez-vous que la balance est l’un des symboles les plus anciens de la justice ? Elle existe déjà sous l’Antiquité et représente le jugement ultime. "Qu’il me pèse sur une juste balance ! Dieu reconnaîtra mon intégrité" (Jb 31, 6), dit Job dans le livre éponyme qui évoque le problème posé par la souffrance du juste. Et dans l’Égypte ancienne, c’est le moyen de peser les âmes après la mort pour déterminer la valeur d’un individu. On comprend mieux alors l’expression "deux poids, deux mesures" qui dénonce une situation injuste par le jugement des mêmes choses au moyen de règles différentes et avec partialité. Son origine remonte au Livre des Proverbes dans l’Ancien Testament :
Deux poids, deux mesures : le Seigneur en a horreur ! (Pr 20, 10)
Cette image de la balance, des poids et mesures est employée à plusieurs reprises dans la Bible, par exemple dans le Deutéronome (Dt 25, 13-14), où Dieu met son peuple en garde contre la malhonnêteté ou encore avec le prophète Amos, homme simple et pratique qui, au-delà des commerçants qui trafiquent leur balance, dénonce les inégalités sociales et toute forme d’injustice et de malhonnêteté (Am 8, 5). "Le Seigneur a horreur des balances truquées", peut-on lire encore dans le Livre des Proverbes (Pr 11, 1).
Justice humaine et justice divine
Si la balance fait référence à l’idée d’équilibre et de mesure, elle symbolise aussi l’impartialité nécessaire au juge qui ne doit pencher en faveur d’aucune des parties dont il a examiné et pesé les arguments. Elle est représentée dans la main gauche de Thémis, déesse grecque de la justice, qui tient également dans la main droite un glaive. Symbole de puissance, le glaive rappelle quant à lui que la justice n’est rien sans la force qui permet de la faire appliquer : juger ne consiste pas seulement à examiner, peser, équilibrer, mais encore à trancher et sanctionner. C’est un attribut de Némésis, déesse de la vengeance, il désigne ainsi ce que juger peut avoir de douloureux.
La justice est l’un des attributs de Dieu, "Le Seigneur est notre justice", dit le prophète Jérémie (Jr 23, 6), mais nulle idée de vengeance avec Lui, car cet attribut est intimement lié à celui de la miséricorde. Si Dieu proclame la justice avec force, en même temps, il soigne les blessures avec « le baume de la miséricorde, nous rappelle le pape François. La justice divine donne à chacun ce qui lui revient, et comprend, en outre, la miséricorde et le pardon. » Dans les moments où nous-mêmes devenons juges, gardons alors en tête cette prière qu’il nous suggère : « Seigneur, que je sois juste, mais juste avec miséricorde ».