De Saint-Mihiel à Bar-le-Duc, en poussant les portes des églises de Lorraine à la découverte des œuvres du sculpteur de la Renaissance Ligier Richier, on revit la passion du Christ.
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Sur la petite ville de Lorraine de Saint-Mihiel, l’esprit de la Renaissance a fait naître des trésors conservés au palais abbatial tout comme son extraordinaire bibliothèque qui occupe toujours la galerie monumentale du premier étage de l’abbaye. Mais c’est aussi la ville natale d’un sculpteur qu’on n’hésite pas à présenter comme l’égal de Michel-Ange ; Ligier Richier né vers 1500 à Saint-Mihiel. Le sculpteur avait mis au point un procédé de traitement à la cire pour donner au calcaire de Lorraine l’apparence du marbre, mais il est surtout reconnaissable à la précision avec laquelle il sculpte les visages et à la finesse de ses drapés. Ses personnages ont tellement de grâce et de spontanéité dans l’attitude qu’on les croit vivants !
La mise au tombeau de la collégiale Saint-Étienne
Dans une autre église de Saint-Mihiel, la collégiale Saint-Étienne, on découvre la dernière œuvre connue de Ligier Richier qui se converti ensuite au Protestantisme et part s’installer à Genève. Ce sépulcre est tellement exceptionnel qu’il apparait sur la première liste des monuments historiques de 1840 établie par Prosper Mérimée. Ce groupe comporte treize personnages légèrement plus grands que nature. Si les hommes sont vêtus comme on imaginait les grands prêtres d’Israël ou en centurions romains, les femmes adoptent la mode de la Renaissance, avec des effets de bouffant et de crevé époustouflants, en particulier Marie Madeleine, qui baise les pieds du Christ. Quel art de la mise en scène et du détail ! Il en ressort une atmosphère d’immense tristesse et de dévotion pour le corps du Christ.
Collégiale Saint Étienne, rue du Général Audéoud, 55300 Saint-Mihiel
En passant par la Lorraine
Après avoir fait le tour de la petite ville pour admirer son abbaye et ses façades remarquables, on faut aussi aller découvrir dans d’autres églises de Lorraine le travail de ce sculpteur. À Génicourt-sur-Meuse, une statue de la Vierge mérite le détour avant de rejoindre Hattonchâtel. Dans l’église Saint-Maur, une œuvre de jeunesse nous ébloui ; un imposant retable en pierre polychrome de la passion du Christ. Dans un encadrement architectural très inspiré de l’architecture Renaissance italienne, il faut prendre le temps de détailler chaque personnage pour découvrir toutes les expressions qui font naitre l’émotion. Comme ces femmes qui pleurent ou sainte Véronique dont le voile qui a servi à éponger le Christ reste imprégné de son empreinte. L’ensemble est tellement impressionnant qu’on a l’impression de participer à l’événement.
Église Saint-Maur, rue Miss Skinner, 55210 Vigneulles-lès-Hattonchâtel
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À Bar le Duc dans l’église Saint-Etienne
Mais l’étape la plus bouleversante de la route Ligier Richier est sans doute l’église Saint-Étienne de Bar-le-Duc, située dans l’extraordinaire quartier de la ville haute. Derrière l’autel, un calvaire qui devait sans doute faire partie d’un ensemble plus vaste, représente le Christ en croix et les deux larrons. Ces statues de bois polychrome sont saisissantes de vérité ! Le Christ, le visage émacié, la bouche entrouverte et les paupières closes, manifeste une profonde douleur, rendue plus intense encore par la lourde couronne d’épines enfoncée sur son crâne. On devine qui est le mauvais larron à sa posture contorsionnée, aux lignes brisées, et son visage crispé, tandis que le bon larron, le visage calme, semble inspirer le renoncement.
Église Saint-Étienne, place Saint-Pierre, 55000 Bar-le-Duc
La Pâmoison de la Vierge
Dans l’église abbatiale, on peut admirer une statue en bois de noyer de cet artiste. Elle faisait partie à l’origine d’un calvaire de neuf personnages polychromé. Connue sous le nom de La Pâmoison de la Vierge, ou La Vierge défaillante, elle représente saint Jean soutenant la Vierge à l’annonce de la mort du Christ. Elle est tellement criante de vérité qu’on a envie d’aller aider saint Jean ! Il ne faut pas oublier non plus d’aller admirer l’ensemble de 80 stalles de bois sculpté du XVIIIe qui ornent la nef ainsi que l’étonnant buffet d’orgue du XVIIe, construit en nid d’hirondelle.
Abbatiale Saint Michel, place Jean Bérain, 55300 Saint-Mihiel
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Le Transi
Mais le plus stupéfiant est certainement ce monument funéraire commandé en mémoire de son mari René de Chalon, prince d’Orange, par Anne de Lorraine. Ce dernier mourut à 25 ans en 1544 lors du siège de Saint-Dizier. Cette étonnante statue, un écorché grandeur nature, a le regard dirigé vers son cœur, serré dans sa main gauche, qu’il brandit fièrement. Ce reliquaire spectaculaire transperce le cœur de ses admirateurs. 500 ans plus tard, cette allégorie du courage et de l’espoir, fascine toujours autant les artistes … Le poète Louis Aragon trouva les mots justes pour évoquer le Transi en le dédiant un poème baptisé « le Crève cœur »…
Église Saint-Étienne, place Saint-Pierre, 55000 Bar-le-Duc
Tourisme Meuse, 33 rue des Grangettes, 55000 Bar-le-Duc, 03 29 45 78 40, tourisme-meuse.com
Office de tourisme Cœur de Lorraine, rue du Palais de Justice, 55300 Saint-Mihiel, 03 29 89 06 47, coeurdelorraine-tourisme.fr