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Les catholiques et la politique, l’exemple de Paul Ryan aux États-Unis

PAUL RYAN
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Jean Duchesne - publié le 20/04/18
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Dans son discours aux Bernardins, Emmanuel Macron a invité les catholiques à s’engager en politique. Les professionnels de la politique et les idéologues n’ont aucune crainte à avoir : les militants chrétiens n’ont pas l’ambition de faire carrière dans leur domaine. La meilleure preuve est qu’ils n’hésitent pas à s’en retirer s’ils estiment ne pas pouvoir y œuvrer utilement. Le dernier exemple vient d’en être donné aux États-Unis par Paul Ryan.

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Le jeune Paul Ryan, 48 ans, président de la Chambre des Représentants, l’équivalent aux États-Unis de notre Assemblée nationale, a annoncé son retrait de la vie politique après les élections de mi-mandat de novembre. Il occupait ce poste depuis 2015. Élu et réélu sans interruption à partir de 1998 (à 28 ans) comme représentant (député) de son Wisconsin natal pour le parti républicain, il s’est battu pour sauvegarder et créer des emplois dans sa circonscription et s’est fait connaître au niveau national en prêchant pour la rigueur fiscale et le retour de l’équilibre budgétaire. Il n’a jamais caché être catholique ni transigé dans son opposition à l’avortement.

Une forte personnalité

En 2012, Mitt Romney l’a choisi comme colistier, c’est-à-dire comme vice-président si lui-même était élu. La forte personnalité de Paul Ryan a permis de donner une certaine consistance à la campagne de Romney, dont les positions étaient jugées un peu floues. Cet apport n’a cependant pas empêché Barack Obama d’obtenir un second mandat. Mais le candidat malheureux à la vice-présidence, qui avait, de l’avis général, fait une belle campagne, est devenu un recours pour le parti républicain, divisé entre « pragmatiques » et conservateurs dogmatiques bien qu’il eût la majorité dans les deux chambres du Congrès. C’est ainsi que Paul Ryan a été élu au « perchoir » alors que commençait une nouvelle course à la Maison blanche. Il avait annoncé n’être pas candidat et n’a accepté cette responsabilité qu’avec réticence et en posant des conditions.


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Le triomphe inattendu de Donald Trump, d’abord dans les primaires républicaines, puis contre la démocrate Hillary Clinton, l’a mis mal à l’aise. Il a plusieurs fois critiqué publiquement les saillies racistes et machistes du businessman new yorkais et ne lui a apporté son soutien qu’in extremis, par discipline de parti. Il vient d’annoncer qu’il ne se représenterait pas aux élections de novembre 2018. Il ne démissionne donc pas et a seulement indiqué qu’il souhaitait pouvoir se consacrer davantage à son épouse et à ses trois enfants maintenant adolescents. Ce retrait est un coup dur pour les républicains, qui par ailleurs risquent fort de perdre leur majorité dans les deux chambres, ce qui est de nature à compliquer encore les affaires du président Trump.

S’engager, mais pas s’obstiner

Paul Ryan n’a pas dit qu’il ne ferait plus de politique et se tairait désormais. Il a simplement marqué qu’il n’y avait pas que cela dans sa vie et que, dans l’immédiat, sa famille avait plus besoin de lui que son parti et les défis à relever par le pays, laissant entendre qu’il ne s’estimait pas en mesure d’agir efficacement. Ce n’est pas un reniement, mais une forme de fidélité : c’est sa mère — son père est décédé d’une crise cardiaque quand il avait 16 ans — qui l’a incité à se lancer en politique dans un esprit de service du prochain et de partage de convictions sereinement catholiques. Il a dû travailler pour payer ses études avant de se porter volontaire pour des campagnes électorales puis de devenir assistant parlementaire.


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On peut n’être pas d’accord avec toutes ses positions : il est partisan de la privatisation de l’assurance-santé et du droit pour les citoyens de porter des armes à feu. Il admire aussi, pour ses théories philosophico-politiques, une romancière et essayiste juive athée d’origine russe, Ayn Rand (1905-1982). Elle est l’apôtre d’un libéralisme rationaliste qui a une certaine audience sous l’étiquette d’« objectivisme », mais qui ne peut rallier tous les catholiques, même s’il se réclame (entre autres) de saint Thomas d’Aquin.

La liberté des catholiques

L’avenir dira si Paul Ryan fait à nouveau parler de lui. Mais son histoire inachevée illustre déjà la liberté des catholiques. Celle-ci consiste à faire des choix faillibles, y compris dans le domaine des idées, à s’engager, à prendre des responsabilités, à ne pas s’y accrocher et à reconnaître ses limites tout en gardant sa famille comme une priorité.

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