Christophe Castaner, le secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement et délégué général de la République en Marche, a suscité davantage les moqueries que la polémique, par des affirmations erronées sur la question d’un présumé « voile catholique ».
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Ce dimanche 15 avril sur BFMTV et Mediapart, interrogé sur la question du voile islamique par Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, le président Emmanuel Macron a expliqué que, s’il fallait tolérer le voile islamique dans l’espace public, il n’était toutefois pas « conforme à [notre] civilité, c’est -à-dire au rapport qu’il y a entre les hommes et les femmes dans notre pays. »
Appelé sur RTL Matin ce lundi 16 avril à commenter ces propos, Christophe Castaner a surpris les auditeurs par sa réponse : « On s’est posé la question, il y a quelques années, quand toutes les femmes catholiques portaient un voile ? Je ne crois pas. » Il ajoute, sans sembler douter une seconde de la véracité de son propos : « Il y a quelques années, quand en France, y compris nos mamans portaient un voile, portaient le voile catholique, on ne se posait pas la question ». Ah bon ?
L’abruti de service….
Interrogé sur la portée sexiste du voile islamique, le patron de LREM Christophe Castaner a affirmé ce lundi 16 avril dans “RTL Matin” qu'”il y a quelques années”, “toutes les femmes catholiques” étaient voilées en France.
l’histoire fantasmée de Castaner pic.twitter.com/iHGqXS331f— Waleed Al-husseini (@W_Alhusseini) 16 avril 2018
Il n’y a pas de voile catholique
D’abord, les femmes catholiques n’ont jamais été voilées. Saint Paul, dans la première épitre aux Corinthiens leur demandait d’avoir la tête couverte : « Toute femme qui prie ou qui prophétise la tête non voilée, déshonore sa tête ». Il est important de noter qu’il s’agit d’une pratique exclusivement liturgique : en aucun cas, les femmes ne devaient avoir la tête couverte en dehors de l’église.
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Ainsi, selon le droit canon de 1917, « les femmes doivent porter un voile sur la tête et être habillées avec modestie, particulièrement lorsqu’elles s’approchent de la table du Seigneur. » (Canon 1262). Se couvrir la tête, coutume héritée de l’Orient, était déjà tombée en désuétude, ce qui explique qu’elle ait été abrogée en 1983.
Et le voile de mariage ?
Les femmes catholiques sont aujourd’hui susceptibles de choisir librement de se couvrir la tête, et non de se voiler, dans certaines circonstances, qui sont, à chaque fois, une manifestation de modestie. Le protocole du Vatican suggère par ailleurs que les femmes portent la mantille, léger tissu de soie ou de dentelle, lors d’une audience avec le Saint Père.
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Lors du sacrement du mariage, le voile porté lorsque la jeune femme s’avance vers l’autel est un héritage oriental et souligne dans la religion catholique le fait qu’elle soit unique et non répudiable. Et si certaines femmes continuent de porter une mantille lorsqu’elles se rendent dans une église pour prier, elles le font librement, par tradition et modestie.
Le cœur du problème, et ce qui rend grave l’erreur de Christophe Castaner, est d’établir une analogie confondante entre le voile islamique et une coutume catholique, désormais rare. Le voile islamique reprend la tradition orientale puritaine de la protection de la pudeur des femmes, dans un contexte où elles sont susceptibles d’être les objets de mariages pluriels et de répudiation, ce qui est strictement l’opposé de la vision catholique de la femme.
Si Saint Paul demande aux femmes, dans l’épître aux Corinthiens, de se couvrir la tête pour prier (1 Co 11, 5), il demande aussi aux hommes de les aimer dans le mariage comme le Christ a aimé son Eglise, et ainsi de se livrer pour elles (Ep 5, 25). Mais ce n’est pas encore là le « rapport qu’il y a entre les hommes et les femmes dans notre pays » dont parle le président de la République. Et c’est bien dommage.