L’Est de l’Ukraine est en proie depuis avril 2014 à un conflit entre les forces gouvernementales et des séparatistes prorusses. En quatre ans, cette guerre a fait plus de 10 000 morts. Médiatiquement, le Vatican semble être le seul à s’en préoccuper, comme il semble le seul à se soucier du traumatisme encore vif de la population, suite à la terrible tragédie de l’Holodomor, il y a plus de 80 ans.
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Le conflit dans l’est de l’Ukraine continue de semer morts et destructions. Mais on en parle si peu. Un silence qui est “une tragédie dans la tragédie”, estime le nonce apostolique dans le pays, Mgr Claudio Gugerotti, dans un entretien au Sir, l’agence catholique italienne d’information. Après quatre ans de lourds affrontements entre les soldats ukrainiens et les combattants de la “République séparatiste de Donetsk” dans le Donbass, 10 000 personnes ont perdu la vie alors que deux millions d’autres ont fui la zone pour d’autres régions ou pour l’étranger, avec un sentiment d’être abandonnés. L’économie de la région est dévastée, et la situation humanitaire précaire.
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Un conflit congelé, une guerre hybride comme disent certains ? Non, la guerre dans les régions de Donetsk, Lougansk et Kharkiv, est une vraie guerre en plein cœur de l’Europe qui semble faire la sourde oreille et continue d’adopter une attitude d’indifférence. Pendant toute la Semaine sainte, le nonce était sur place à la demande du Pape pour célébrer Pâques avec les populations, leur “apporter du réconfort, prier avec elles, et leur transmettre sa bénédiction”. Touchées, les personnes étaient en larmes, raconte Mgr Claudio Gugerotto, émues de l’attention que leur portait le Saint-Père. Car, explique-t-il, “il n’y a pas pire tragédie que se sentir complètement oublié” dans ces situations.
Un cessez-le-feu entre l’armée ukrainienne et les combattants séparatistes pro-russes est entré en vigueur le 30 mars, pour Pâques. Mais malgré cela, un militaire ukrainien est mort le 13 avril dernier dans des combats. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir militairement les rebelles, ce que Moscou dément. Depuis le début de son pontificat, le pape François, conscient de ce terrible silence qui pèse sur le sort des Ukrainiens, tente des appels répétés en leur faveur.
Des appels qui s’ajoutent à ceux qu’il lance ponctuellement pour éviter que la terrible tragédie de l’Holodomor — mort par la faim provoquée par le régime stalinien en 1932-1933 — avec ses millions de victimes soit oubliée. Le terme de “génocide” pour qualifier cette page de l’ère stalinienne est toujours sujet à d’âpres controverses. Si le Parlement européen a voté une résolution sur cet épisode effroyable, le traumatisme reste très vif chez les Ukrainiens qui pleurent des millions de victimes et portent sur leurs épaules cet autre lourd fardeau de l’indifférence d’une partie du monde.