Mgr André Léonard, ancien archevêque de Malines-Bruxelles et Primat de l’Église catholique en Belgique, porte un regard lucide et résolument chrétien sur les célibataires désireux de s’engager et la place de Dieu dans leur « quête ». Entretien.
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Partagés entre le désir de se donner pleinement dans le mariage et les aléas de la vie moderne, les célibataires suivent parfois – souvent – un chemin fait d’interrogations et de doutes. Pour les aider à cheminer en toute sérénité, Theotokos, site de rencontre chrétien, organise du 30 juillet au 5 août son université d’été à Notre-Dame de Laus, sanctuaire marial du diocèse de Gap et d’Embrun. Au programme, des temps de partage, des enseignements, mais aussi de nombreuses activités sportives et… festives ! Mgr André Léonard, archevêque émérite de Malines-Bruxelles, chapelain à Notre Dame de Laus et auteur de l’ouvrage Dieu exauce-t-il nos prières ? fait partie des intervenants choisis pour animer cet événement. Il revient pour Aleteia sur les difficiles questions que sont celles de la vocation et du désir, parfois déçu, des célibataires espérant une vie de couple.
Aleteia : Comment trouver sa vocation ?
Mgr André Léonard : Le terme de vocation vient du latin vocare qui signifie «appeler ». Quand on parle de vocation on parle d’un appel qui nous est adressé. Il ne faut jamais perdre de vue que si le Seigneur nous appelle à quelque chose, cet appel inclut notre liberté, il ne s’agit nullement d’une détermination ou d’un ordre qu’il faut exécuter passivement ! Il se discerne, se porte dans le cœur de chacun et se développe en tenant compte de notre liberté. À l’image des parents qui regardent leur enfant et découvrent rapidement ses capacités, Dieu nous regarde avec confiance et espérance. Comme les parents avec leur enfant, c’est parce qu’Il voit en nous ce que nous pouvons devenir que nous allons grandir. Ce regard d’espérance déploie les potentialités de celui qui en est l’objet. Mais si cet appel, cette vocation ne se réalise pas, cela ne signifie pas que toute notre vie est dépourvue de sens car la vocation de tout chrétien est la sainteté ! Et cette vocation demeure, quoi qu’il advienne.
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Dieu répond-t-il aux prières des célibataires désireux de s’engager dans une vie à deux ?
C’est toute la question de la prière de demande. Quand nous la formulons, nous la soumettons toujours à la providence divine et la volonté de Dieu. Cela ne veut pas dire qu’elle est responsable de tout ce qui arrive dans notre vie mais que rien, dans notre vie, n’y échappe. Jésus nous fait grandir dans cette confiance que toutes nos prières seront exaucées. Mais quand Il pense à notre vie, il l’envisage dans son ensemble, c’est-à-dire dans sa phase terrestre et sa phase éternelle. Lorsque l’on considère cette temporalité, toutes nos prières faites dans la foi persévérante seront exaucées.
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Comment garder la confiance quand le temps passe et que la prière de demande se fait prière de détresse ou de désespoir ?
Si une personne célibataire prie pendant dix ans pour rencontrer “l’âme sœur” car elle se sent appelée à cette vie de couple, je lui dis de continuer à prier, au-delà de dix ans. Dieu n’est ni sourd, ni aveugle, ni insensible. Ce n’est pas Dieu qui a besoin de temps pour répondre à notre demande mais nous qui en avons besoin afin de s’ajuster progressivement à la volonté de Dieu, à notre vocation.
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Ce temps d’attente peut-il être un temps fécond ?
Bien sûr ! Réaliser que ce à quoi on aspire ne se réalise pas est douloureux et peut précipiter dans un profond désespoir. Pour que ce temps devienne fécond, il ne faut pas le supporter passivement mais le choisir et en être acteur. Ce qui apparaît comme une fatalité doit être transformé en choix. Même une situation d’impasse peut devenir source de fécondité sous le regard de Dieu. Aux célibataires qui n’ont plus guère d’espérance de se marier ici-bas, je leur dit : « Surtout ne vivez pas cela comme une fatalité, une désespérance mais voyez-le comme un choix, offrez-le à Dieu ! » Ce célibat portera du fruit. Comme l’a écrit sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, “Tout est grâce”. Enfin, cette aspiration à partager sa vie avec quelqu’un que l’on aime et dont on est aimé peut avoir une autre réalisation que le mariage, cela peut passer par de saines amitiés, un engagement associatif…
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Auriez-vous quelques conseils “concrets” pour aider les célibataires désireux d’une vie de couple ?
Vivre en ermite chez soi sans sortir et sans chercher à avoir des contacts n’est bien évidemment pas la solution ! Pour trouver quelqu’un, il faut s’en donner la possibilité. Il faut se donner, avec sa liberté, des chances de rencontrer quelqu’un en cultivant les relations que l’on peut avoir dans son milieu professionnel, personnel, associatif… Les sites de rencontres et agences matrimoniales sérieuses ou d’inspiration chrétienne peuvent aussi être une solution. Le site Theotokos organise par exemple cet été une université d’été à Notre-Dame de Laus. En parallèle, ceux qui espèrent rencontrer quelqu’un doivent cultiver les engagements les mettant dans un cadre profondément humain tels que l’aide à des enfants en difficulté, des personnes malades… Ces personnes, dans leur fragilité et leur humanité, aident à se mettre en communion. Et il est important de cultiver toutes les communions dans l’attente de la communion conjugale que l’on espère. Enfin, il ne faut pas perdre de vue que quand bien même quelqu’un se trouve dans l’attente d’une telle rencontre, il est central de vivre pleinement… dans l’instant présent. C’est le seul moment qui nous appartient vraiment.
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