La petite ville de Cholet (Maine-et-Loire), possède, tout comme Paris, son Sacré-Cœur. Unique édifice classé monument historique de la ville, il surprend par son architecture étonnante. Construit durant la seconde guerre mondiale, il a été édifié à l’aide de techniques inédites pour l’époque. Découverte d’un forteresse de béton. Le 16 juin 1940, alors que les troupes allemandes déferlent sur la France, la ville de Cholet est consacrée au Sacré-Cœur de Jésus. Cette consécration est renouvelée quatre ans plus tard, au moment de la libération. Mais dès 1937, une église dédiée au Sacré-Coeur est déjà en train de se construire au nord de la ville. Elle est consacrée quatre ans plus tard en présence de l’évêque d’Angers.
L’érection de cet édifice est impulsée par le docteur Sourice. Suite à son décès, l’exécuteur testamentaire indique à l’évêque d’Angers que la succession — selon les souhaits du défunt — doit être consacrée à la construction d’une église dédiée au Sacré-Cœur. Il déclare : “Pour me conformer aux intentions de ceux qui m’ont investi de leur confiance, si Cholet ne pouvait ou ne voulait bénéficier du concours que je me propose d’apporter, j’envisage la construction, dans un tout autre pays, même étranger, d’une église ou d’une chapelle dédiée au Sacré-Cœur”. Sans hésiter, l’évêque accepte, pourtant sans ignorer que l’argent de la succession ne pourra subvenir à la totalité des dépenses.
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Une église entièrement construite en béton
Conçue selon les plans fournis par l’architecte Maurice Laurentin (1885-1959) — qui supervisait les travaux depuis le front — l’église présente un style étonnant qualifié de romano-byzantin. La technique de construction est inédite pour l’époque : la structure est entièrement réalisée en béton brut. Contacté par Aleteia, Denis Hervé, responsable travaux-maintenance du diocèse d’Angers explique : “L’ossature de l’église a été construite entièrement en béton, même la charpente. Il n’y a que les lattes qui tiennent les tuiles qui sont en bois. Le parement extérieur est par contre en briques. C’était une nouvelle technique à l’époque”. L’histoire raconte que des camions chargés de ciment, destinés à construire des blockhaus près du front, auraient été détournés pour construire l’église.
Ces nouvelles techniques, pas toujours maîtrisées à leur début et confiées à des maçons peu expérimentés, ont eu pour conséquence une dégradation assez rapide de l’édifice. “80 ans après, on a une église qui commence déjà à fatiguer”, précise Denis Hervé. À l’époque, le fer n’a pas été noyé dans le béton comme il aurait fallu, ce qui a entraîné une corrosion des fers et donc un éclatement du béton.
Il y a dix ans, des travaux d’urgence ont donc été entrepris avant que cela ne devienne trop dangereux. Depuis trois ans, l’association diocésaine d’Angers — propriétaire du bâtiment — a lancé une grande phase de reconsolidation de l’édifice.
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Des vitraux uniques
Les vitraux, également très endommagés en raison de l’éclatement du béton, font actuellement l’objet d’une restauration. Ce grand chantier, qui concerne les verrières de la tribune, a été confié à l’entreprise Barthe-Bordereau, célèbre entreprise angevine crée en 1846 et actuellement dirigé par Benoît de Pontbriand. Cet établissement, dont la réputation n’est plus à faire, a, entre autre, conduit la restauration des vitraux de l’abbaye du Mont Saint-Michel, de l’abbaye de Fontevraud ou encore de l’hôtel national des Invalides. Anecdote amusante ? Les vitraux de Cholet ont été réalisées par ce même atelier lors de la construction de l’église. La boucle est donc bouclée.
Très impressionnantes, les verrières de la tribune présentent un agneau central d’où s’échappent de grands rayons lumineux. “Ces vitraux sont étonnants”, témoigne Benoît de Pontbriand. “Ils ont pleins de reliefs et ont été élaborés avec des techniques particulières. Ils présentent une patte de verre assez épaisse, en cabochon, qui s’insère dans le vitrail. Les montages, très complexes, demandent une grande dextérité. “Heureusement, nous avons une équipe de compagnons très expérimentés”, confie Benoît de Pontbriand. L’objectif ? Restaurer les verres abîmés ou manquants et refaire l’intégralité des éléments métalliques — barlotières et vergettes — servant à maintenir les vitraux.
Autre trésor à découvrir dans l’église de Cholet : un grand carillon classé monument historique depuis 2003. Entièrement restauré en 2011 avec l’ajout de dix nouvelles cloches, il en possède désormais 49 en tout, le plaçant ainsi en 16e position des plus grands carillons de France. Tradition encore bien vivante, une association forme de nouveaux carillonneurs avec le soutien du diocèse d’Angers.
Un chantier titanesque
Actuellement dans la première phase de travaux qui va durer trois ans, le chantier de restauration de l’église va comprendre encore deux autres phases. Neuf ans en tout seront donc nécessaires pour redonner au Sacré-Cœur tout son éclat. Le coût total a été estimé à 8 millions d’euros. Ces frais sont répartis entre l’association diocésaine d’Angers, la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et la ville de Cholet.
Pour soutenir ce grand chantier de restauration, il est possible de faire un don sur le site officiel du Sacré-Coeur de Cholet.
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