Lancée en 2017 par les frères de Saint-Jean, l’Académie pour une écologie intégrale tient son premier colloque ce week-end à Notre-Dame du Chêne, dans la Sarthe. Dans ce sanctuaire marial, ils ont également décidé de consacrer quatre hectares à la permaculture. Quand la terre se fait spirituelle.
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Son nom est sur toutes les bouches. Tendance, philosophie, style de vie ou encore business model, la permaculture séduit un large public. À Notre-Dame du Chêne, sanctuaire marial situé dans le sud de la Sarthe à environ 5 kilomètres de Sablé et de l’abbaye de Solesmes, chez les frères de la communauté Saint-Jean, il s’agit surtout d’une manière de répondre à l’appel du pape François dans son encyclique Laudato si’, consacrée à l’écologie. « Ce tournant vers l’écologie intégrale est le fruit d’une année de réflexion avec des laïcs sur la vocation de Notre-Dame du Chêne. Nous cherchions à redynamiser le sanctuaire, à lui donner un nouveau souffle. Nous portions déjà le désir d’aménager le domaine selon les principes de la permaculture quand est sortie Laudato si’. Mais ce texte nous a permis de comprendre la place de l’écologie du sol dans la Doctrine Sociale de l’Église », détaille frère Marie-Benoît, coordinateur général de l’Académie pour une écologie intégrale.
Les frères de Saint-Jean se sont ainsi lancés dans ce projet – la permaculture et la création d’une académie dédiée à l’écologie intégrale – l’année dernière après une visite à la ferme du Bec Hellouin, « la Mecque de la permaculture », s’amuse frère Marie-Benoît. Leur projet : réaménager les quatre hectares de terrain autour du centre spirituel selon les principes de la permaculture afin d’en faire un véritable lieu de « conversion par la terre ». « La permaculture repose sur trois principes éthiques : prendre soin de la Terre, prendre soin des Hommes, partager équitablement les ressources », rappelle le frère.
Pour mémoire, créée dans les années soixante-dix en Australie par Bill Molisson et David Holmgren, la permaculture est un système conceptuel inspiré du fonctionnement de la nature. « Depuis des centaines de millions d’années, la nature crée des écosystèmes harmonieux et durables, qui génèrent eux-mêmes les conditions favorables au développement de formes de vie plus évoluées », indique la ferme du Bec Hellouin. « La permaculture cherche à concevoir des installations humaines harmonieuses, durables, résilientes, économes en travail comme en énergie, à l’instar des écosystèmes naturels. Ses concepts de design reposent sur un principe essentiel : positionner au mieux chaque élément de manière à ce qu’il puisse interagir positivement avec les autres. Créer des interactions bénéfiques, comme dans la nature où tout est relié. »
La permaculture est-elle économiquement viable ? « C’est même son premier intérêt », affirme avec vigueur frère Marie-Benoît. « En Occident cela peut être considéré comme un luxe car dans tous les cas on peut aller acheter des fruits et légumes au supermarché mais dans de nombreux autres pays la permaculture est vitale, elle fait vivre des villages entiers ». À noter qu’à Notre-Dame du Chêne, les frères « ne visent pas l’autonomie mais la cohérence ».
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Alors que le premier colloque de l’Académie pour une écologie intégrale se déroule ce week-end au sanctuaire marial, frère Marie-Benoît tient à faire quelques précisions. « On ne peut résumer l’écologie intégrale à la permaculture. L’écologie intégrale touche tous les niveaux de la vie. Si l’homme veut se sentir bien dans la maison commune, il faut que cette maison soit respectée, que les relations entre chacun soient justes et équilibrées. L’écologie est tout à la fois environnementale, humaine, sociale… et spirituelle. C’est tout le sens de notre démarche ici ».