Point de départ d’une des routes françaises vers Saint Jacques de Compostelle, l’abbaye de Saint-Mathieu, trait d’union entre deux mondes, fascine le pèlerin comme le marin depuis près de mille ans.
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Sur l’une des pointes les plus à l’Ouest du continent européen, se dressent les ruines d’une abbaye, jalon d’une route maritime fréquentée depuis l’Antiquité. La légende affirme qu’elle aurait été fondée par Tanguy du Chastel, ému par le sauvetage miraculeux de marins transportant les reliques de saint Mathieu. Aujourd’hui, il ne reste que des ruines, mais les piliers de la nef à ciel ouvert et les voûtes élancées du chœur rappellent majestueusement la présence des moines. Plusieurs fois ravagée lors des conflits franco-anglais, remaniée ou agrandie, elle a été le témoin de nombreuses guerres et tempêtes !
Veilleurs du bout du monde
Des moines bénédictins y ont vécu depuis le XIe siècle jusqu’en 1791. À la Révolution française, l’abbaye fut déclarée “bien national” et les religieux durent quitter l’abbaye. Laissée à l’abandon, elle se détériora et servit de carrière de pierres. Comme la Pointe Saint-Mathieu a toujours été un repère majeur pour la navigation sur le proche Atlantique, les moines avaient édifié une tour massive, à la fois donjon, clocher, amer et “tour à feu”. En 1835, un phare remplaça le feu que les moines avaient entretenu pendant des siècles au sommet de la grosse tour carrée. Puis un sémaphore de la Marine nationale, construit à la porte de l’église abbatiale et toujours en activité. De la salle de veille, 24h/24h des hommes scrutent la mer… créant un émouvant parallèle entre la prière des moines et la surveillance des guetteurs sémaphoriques. Chacun, à leur manière, sont des veilleurs du bout du monde.
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Le cénotaphe des marins morts en mer
À quelques encablures de l’abbaye et du sémaphore se dresse une stèle à la mémoire des marins morts pour la France. Depuis une dizaine d’années, l’ancien fortin du XIXe qui se situait à proximité, a été transformé en lieu de mémoire et de recueillement pour leurs familles. L’aménagement, fait de granit de verre et de métal, est particulièrement poignant, tout comme les photographies des marins disposés sans hiérarchie ni priorité. Les unes présentent des portraits en uniforme… les autres sont plus familiales ou personnelles, mais chacune rappelle, avec émotion, la mémoire du disparu, veillée par la belle tête de Bretonne de la stèle sculptée en 1927 par René Quillivic.
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Prendre de la hauteur pour un point de vue unique
Chaque année, début août, une messe à « ciel ouvert » fait à nouveau vibrer les murs de l’abbaye de chants et de prières. On part en procession de la chapelle Notre-Dame-de-Grâces — autrefois église paroissiale du village qui s’était formée autour de l’abbaye — bannière à l’effigie de saint Mathieu et de saint Tanguy en tête de cortège, pour rejoindre le chœur des moines le temps d’un office. Pour saisir la grandeur des lieux, n’hésitez pas à monter les 163 marches du phare ! On y contemple ces ruines mais aussi la chaussée des Pierres noires, l’archipel de Molène au nord, la presqu’île de Crozon et la rade de Brest à l’Est, la pointe du Raz et l’île de Sein au sud… Flaubert écrivait en 1847 : « Ici se termine l’ancien monde, voilà son point le plus avancé, sa limite extrême, derrière vous est toute l’Europe, toute l’Asie, devant vous c’est la mer… toute la mer ».