Education bienveillante, parentalité positive, coaching parental… Et si toutes ces recommandations, certes bien intentionnées, adressées aux nouveaux parents, annihilaient finalement toute confiance en eux, allant jusqu’à dissoudre le lien naturel, vécu, charnel, entre parents et enfant, au profit d’une relation fantasmée et formatée à l’aune des livres et des magazines de « parenting » ?Suite à l’écho grandissant de l’éducation positive, l’injonction d’être un parent bienveillant peut être considérée comme la condition sine qua non pour atteindre l’harmonie familiale et réussir l’éducation de son enfant. Selon des spécialistes intervenus dans l’émission « Le parent et l’enfant parfaits, ça n’existe pas » sur France Inter le 28 mars dernier, cette quête d’une parentalité idéale engendre finalement beaucoup de pression, d’anxiété, et une culpabilité de la part des parents qui n’arriveraient pas à suivre cette voie.
Hortense Jacot, conseillère conjugale et familiale à Marseille, réagit avec bon sens à l’accueil que chaque parent devrait réserver aux préconisations édictées par l’éducation bienveillante. Si « la communication non-violente est par exemple un formidable outil pour favoriser le dialogue », écrit-elle sur son blog, elle s’interroge cependant sur les dérives possibles lorsque cette pédagogie est présentée comme « La Méthode », ou le guide absolu. Elle insiste sur trois points qui devraient permettre aux parents de se rassurer et de retrouver confiance en eux.
Des parents aimants sont fondamentalement et naturellement compétents
Même s’ils ne les voient plus parce qu’ils n’ont plus confiance en eux, les parents ont en eux les compétences et les ressources nécessaires pour élever leur enfant. Se former, prendre des conseils par-ci, par-là, très bien, mais ensuite, posez les livres et osez prendre le risque de ne pas suivre à la lettre tout ce qui est écrit, osez ajuster votre éducation à vos enfants, tous différents, à vos envies, à votre ressenti par rapport à ce que vous jugez bon pour eux.
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Tâtonner ne veut pas dire échouer
« Être parent, écrit la conseillère familiale, c’est aussi parfois tâtonner, c’est découvrir avec son enfant, c’est inventer chaque jour, et avec chaque enfant. C’est dans cet espace que peut s’épanouir la créativité que nous avons tous au fond de nous et que grandit notre joie, notre estime de nous-même en tant que parent ». Hortense Jacot est convaincue que chaque parent a beaucoup à apporter, qu’il possède une créativité toute personnelle, nécessaire à une société qui tend à glisser vers une parentalité formatée et ennuyeuse.
Vivre la relation parents/enfants au lieu de l’idéaliser
L’important n’est-il pas d’aimer, à notre manière, nos enfants, plutôt que de chercher à ressembler à des parents parfaits qui n’existent que sur les photos Facebook ou dans les livres ? Hortense Jacot invite les parents à « vivre le lien, au lieu de l’évaluer en permanence à l’aune des livres et autres photos des réseaux sociaux ». Certes il est intéressant de se nourrir de formations, de lectures ou de conférences, mais il arrive un moment où l’on doit mettre de côté la théorie pour interagir réellement avec son enfant, et faire les ajustements nécessaires.
Elle regrette d’avoir affaire à de plus en plus de parents qui tiennent ce genre de propos : « À chaque fois que je dis quelque chose à ma fille, ma femme me reprend parce que ce ne serait pas comme ça qu’il faut faire, qu’elle a lu dans les livres qu’il fallait parler autrement… Au bout d’un moment, je n’ose plus dire quoique ce soit. » Voilà. Le lien parent/enfant se rompt parce qu’il n’est pas conforme à une éducation idéale. Quel dommage !
Qu’est-ce, finalement, qu’une éducation “réussie” ? Une éducation où nous avons vaillamment, tel un bon petit soldat, appliquer les conseils d’un manuel ou d’un professionnel, ou bien est-ce une éducation qui nous ressemble, avec ses hauts et ses bas, mais basée sur un puissant socle d’amour ?
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