Au hasard d’un voyage en train, nous avons fait la rencontre d’une jeune fille étonnante. Nolwenn Jubin, étudiante rennaise de 20 ans, s’apprêtait à recevoir le sacrement du baptême le soir même, lors de la veillée pascale. Elle était pourtant bien éloignée de l’Église catholique il y a trois ans. Elle a confié à Aleteia sa conversion fulgurante.
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Aleteia : Pouvez-vous nous raconter comment s’est déroulée votre conversion ?
Nolwenn Jubin : Je viens d’une famille qui n’est absolument pas catholique, qui n’apprécie pas la religion en général. J’ai toujours vécu avec cette “culture” là. En 2015 et 2016, j’ai eu des problèmes de santé : quatre opérations en tout. Un mois après ma seconde opération, nous avons appris que mon frère était atteint d’une leucémie. À ce moment-là, ce fut un véritable effondrement pour toute la famille, on ne savait pas si mon frère allait vivre ou pas. Durant cette période difficile, j’étais en internat. J’avais une amie qui était catholique et nous débattions souvent de la religion. Très rationnelle à l’époque, j’estimais qu’elle ne servait qu’à rassurer les gens. Mais dans un moment de grand désespoir, je me suis mise à prier dans ma petite chambre de 9m2 en espérant que quelqu’un m’écoute. Je ne savais pas trop à qui je m’adressais mais cela me faisait du bien. Puis, petit à petit, des prières ont été exaucées, mon frère a été sauvé de sa leucémie grâce à mon don de moelle osseuse et j’ai même reçu des grâces qui allaient au-delà de mes espérances.
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En avez-vous parlé à quelqu’un ?
Bouleversée par ce qui m’arrivait, j’en ai parlé à mon amie qui m’a dirigée vers l’aumônier de mon lycée. Nous avons discuté pendant plus de deux heures. Il m’a alors parlé de Dieu. De retour dans ma petite chambre, j’ai à nouveau prié et j’ai remercié sans trop savoir à qui je m’adressais. Je disais : “Si c’est vraiment toi Jésus qui a fait tout ça, mille mercis pour tout ce qui tu as fait”. Et tout à coup, j’ai ressenti une grande vague de chaleur, d’amour, une présence… j’ai cru que j’étais folle. J’ai ressenti une force qui n’était pas humaine. Ça m’a clouée sur place, c’était extraordinaire. Je suis allée en parler à mon amie en pleurant, j’avais besoin de comprendre ce qu’il venait de m’arriver.
Que s’est-il passé ensuite ?
Pendant un an j’ai continué à fréquenter l’aumônerie par curiosité. Le prêtre blaguait avec moi en me disant qu’il me baptiserait bientôt mais je lui riais au nez ! Je ne me considérais pas comme catholique. Il m’a proposé de participer à un pèlerinage au Mont Saint-Michel mais je ne savais même pas ce qu’était un pèlerinage ! Je me suis alors retrouvée avec des milliers d’étudiants que je ne connaissais pas. J’ai assisté à ma première messe et ce fut un vrai choc. Avant ce pèlerinage, je continuais à prier dans ma petite chambre à l’aide d’une petite statuette d’ange que mon amie m’avait offerte. J’essayais de faire ça tous les jours, mais ma foi s’arrêtait là. Cette première messe fut une catastrophe ! Je me suis retrouvée avec pleins de jeunes qui chantaient, qui étaient très impliqués et moi je me demandais ce que je fichais là. Je n’avais aucune connaissance, je ne comprenais rien, alors je me suis mise à pleurer parce je ne me sentais pas à ma place. Pourtant, les étudiants ont été très gentils avec moi. C’est à ce moment là que j’ai découvert les valeurs catholiques : les notions de partage, de solidarité, de communion. Cela m’a bouleversé.
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Qu’est-ce que cela a changé en vous ?
Ce pèlerinage a été un vrai moteur, il a servi de socle. Ma pratique religieuse a vraiment démarré à partir de ce moment là. Cette découverte de la foi c’était comme un saut à l’élastique ! Mais je commençais tout de même à douter… Je pensais à mes parents, j’avais l’impression de les trahir mais d’être aussi trahie parce qu’ils me rejetaient. À cette époque, il y avait une véritable incompréhension des deux cotés. Il fallait donc que je sache si ça valait le coup de tout sacrifier pour quelque chose que je découvrais à peine. À ce moment-là, les catholiques entraient dans la Semaine sainte. J’ai donc mis ma foi naissante à l’épreuve ; je voulais me tester pour voir si ma conversion était vraiment sérieuse. Je me suis coupée de ma famille durant plusieurs jours pour ne pas être influencée et j’ai participé à la Semaine sainte en compagnie de l’aumônerie de Vannes. J’y ai rencontré des gens extraordinaires qui m’ont beaucoup soutenue et cette semaine a fini par me convaincre. Je sentais que ce qui naissait en moi n’était pas n’importe quoi. Ce n’était pas une simple crise d’ado. Cela me dépassait complètement.
Comment a réagi votre famille ? Vos parents ont-ils changé leur regard sur la foi ?
Aujourd’hui, les choses se sont apaisées avec mes parents. Ils ne sont pas venus à mon baptême, ils préfèrent se positionner en retrait par rapport à ça, mais ils acceptent ma foi. J’ai fini par comprendre que pour eux aussi cette situation avait été très difficile. Le bouleversement a eu lieu des deux côtés. Mais avec beaucoup de patience et de grâces, les tensions ont fini par disparaître. La meilleure clé c’est la prière et le dialogue.
Votre baptême a eu lieu durant la veillée pascale ? Comment l’avez-vous vécu ?
C’était magnifique ! J’ai eu l’impression de me faire baptiser par ma famille. Je me suis engagée dans pas mal d’activités avec des jeunes, on a vécu des choses très fortes ensemble. Beaucoup étaient présents à mon baptême. Ce n’est pas ma famille au sens premier mais c’est ma famille dans le Christ et c’est tout aussi fort et émouvant.
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Comment vivez-vous votre foi au quotidien ?
Je suis encore étudiante mais je m’engage dans beaucoup d’activités à côté. Ma foi est omniprésente. Cette année je suis entrée en première année de sociologie mais j’ai décidé de me réorienter vers l’aide à la personne. Actuellement, je fais une semaine d’essai en service civique à l’Arche. J’ai vraiment envie de lier ma foi à mon projet professionnel. Donner un vrai sens à ma vie. C’est bien beau d’être catholique mais si tu ne pratiques pas ta foi dans ta vie quotidienne ce n’est pas la peine.
Vous trouvez que les catholiques sont parfois trop tièdes dans leur pratique et leur engagement ?
Je ne dirais pas ça car les jeunes que je rencontre sont très engagés. Mais il faut consolider sa foi dans le temps et savoir y rester fidèle. Comme dans un couple ! Pour moi c’est encore tout beau. Rencontrer Jésus, c’est comme tomber amoureuse et dans toute relation, au début, c’est toujours tout beau alors on y va à fond. Les sensations sont énormes et on est naturellement porté par ce qui arrive. Le quotidien et la routine nous mettent ensuite à l’épreuve : il faut savoir persévérer dans la foi.
Des figures de saints vous inspirent-elles ?
Lors d’une messe avec des étudiants, nous avons été invités à piocher dans une corbeille. Sur mon papier il y avait marqué : “Sainte Monique, fais de moi un instrument de ta paix, là où il y a la haine que je mette l’amour (ce sont les mots célèbres de saint François d’Assise !) et priez pour la conversion des incroyants”. La dernière phrase était incroyable : elle faisait totalement écho à mon histoire ! C’est clairement ma sainte patronne aujourd’hui ! J’aime également prier saint Antoine de Padoue pour les petites choses du quotidien : je retrouve toujours mes affaires grâce à lui ! Je prie beaucoup la sainte Famille et la Vierge Marie. Au début, je priais beaucoup la sainte Vierge avec un chapelet car je ne savais pas comment prier autrement. J’aime beaucoup sainte Thérèse de Lisieux aussi, je trouve que c’est une figure exceptionnelle. Elle est allée jusqu’à Rome pour rencontrer le Pape afin de pouvoir rentrer au Carmel à l’âge de 15 ans ! Son histoire fait vraiment écho à mon combat. Comme Thérèse, qui a lutté pour entrer au couvent, j’ai dû “lutter”, d’une certaine manière, pour pouvoir obtenir le baptême. On ne l’obtient pas comme ça, sur un claquement de doigt. On se prépare longuement et assidûment.
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