Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a adopté ce 10 avril un avis en faveur d’une « médication expressément létale ». La Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (Sfap) dénonce une confusion des termes et une volonté de vouloir activement peser dans les débats en faveur d’une évolution de la loi sur la fin de vie.
Le Cese va-t-il rejoindre le camp des pro-euthanasie ? Dans un avis rendu ce 10 avril, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a formulé 15 recommandations sur le thème « Fin de vie : la France à l’heure des choix ». Parmi elles, deux ont retenu l’attention de la Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (Sfap). « Dans une de ses recommandations, le Cese propose d’autoriser le malade à demander – et à recevoir – une médication expressément létale », s’indigne Marie-Dominique Trébuchet, vice-présidente de la Sfap et bénévole d’accompagnement. « Un geste létal n’est pas un geste de soin, ce n’est pas une médication ! », affirme-t-elle avec vigueur. « Le langage employé introduit davantage de confusion sur des réalités qui sont déjà d’une grande complexité. Cette proposition est faite en des termes insuffisamment clairs. Si le Conseil est favorable à l’euthanasie et au suicide assisté, qu’il l’affirme ! »
La vice-présidente de la Sfap s’interroge également sur ce qu’une telle décision pourrait avoir comme impact sur les soignants en formation. « Si une telle recommandation entre dans la loi, cela signifie que les jeunes en formation vont être formés à cette médication létale, c’est-à-dire à poser un geste qui ne relève pas du soin, qui n’est pas un geste de soignant ! Dès lors, comment pourront-ils, par la suite, exercer un discernement clair sur ces pratiques ? », se questionne Marie-Dominique Trébuchet.
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Concernant les autres recommandations, la Sfap partage les propositions que fait le Cese sur le développement des soins palliatifs, un renforcement de la formation des professionnels ou encore une hausse des moyens « car cela va dans le sens d’une application de la loi Claeys-Leonetti de 2016 ».
S’agissant d’une assemblée consultative, le Cese peut-il vraiment peser sur ce sujet ? Pour mémoire, le Conseil s’était auto-saisie de ce sujet après avoir reçu une pétition de plus de 200 000 signatures réclamant la légalisation d’une aide active à mourir. « Prendre position de cette manière en plein pendant les États généraux de la bioéthique alors même que le CCNE est en train d’auditionner des spécialistes traduit une volonté claire de peser dans les débats dans le sens d’une évolution de la loi sur la fin de vie », souligne Marie-Dominique Trébuchet. « Mais en agissant de la sorte, en voulant la faire évoluer aussi rapidement, on ne respecte pas la loi Claeys-Leonetti de 2016 qui n’est toujours pas complètement appliquée », précise-t-elle.
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