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Hiver Solidaire : à la rencontre de Jean-Claude, hébergé par une paroisse

LOUISE ALMÉRAS
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Louise Alméras - publié le 09/04/18
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L’opération Hiver solidaire a fêté ses 10 ans cette année. Elle permet de prendre en charge des sans-abris durant les mois les plus difficiles, grâce à la mobilisation des paroisses. Rencontre avec un bénéficiaire du dispositif, Jean-Claude, 64 ans.

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Lancée par le diocèse de Paris à la paroisse Saint Jacques-Saint Christophe, place de Joinville dans le XIXe arrondissement, l’intention de départ était de venir en aide aux sans-abri en mettant à leur disposition certains locaux des paroisses, comme les cryptes par exemple. Au lieu de dormir dehors ou dans des endroits très précaires, ceux qui osent frapper à la porte des paroisses et qui acceptent de vivre en petite communauté, sont logés et nourris pendant le froid de l’hiver. C’est le diacre permanent de la paroisse, Jean Gras (1937-2009), qui lance l’opération. Depuis, la paroisse mère est toujours aussi active autour d’Hiver Solidaire, grâce à l’implication incroyable de nombreux bénévoles du quartier.

Un fonctionnement d’auto-gestion, dans le respect

Un soir, le meilleur moment pour les rencontrer, Luc Lebreton, le responsable principal et bénévole depuis le début, entame l’accueil. Poursuivi par celui, chaleureux, des sans-abri. Pas de doute, la paroisse est bien un lieu d’accueil, authentique, sincère et chacun y participe, sans différence. “C’est un lieu de sociabilisation, tout le monde est au même niveau dans un esprit familial”, explique-t-il. Ici des placards individuels où mettre leurs affaires, là une salle de bain avec une machine à laver, là-bas une salle à manger qui se transformera dans quelques heures en dortoir, une fois que les matelas prendront leur place. De quoi leur permettre de reprendre pieds, de refaire leurs papiers, de réfléchir à une meilleure situation, en étant éloignés de la rue et ses dangers. “C’est une reconstruction d’eux-même mais par eux-même. D’ailleurs, se sont eux qui coordonnent les bénévoles, dont le roulement est de un par soir, lors du repas. Tout fonctionne par leur initiative, pour les responsabiliser, et ils sont autant respectés que n’importe qui”.


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Quatre accueillis se partagent cet espace, Jean-Claude, Manuel et Francesco, dont le dernier vient juste de partir car il a trouvé un logement, grâce aux bénévoles. Pendant quatre mois, des pères et mères de familles, ou des bénévoles de toutes conditions sociales, de l’aide ménagère au professeur de faculté, assurent le roulement. S’ils se gèrent eux-mêmes et sont assez autonomes, dans d’autres paroisses quelqu’un reste pour dormir sur place avec les sans-abri. Le jour, ils quittent les lieux. “Il n’y a pas de sélection, ni d’étiquettes“, précise Luc Lebreton, “on accueille tout le monde, de toutes religions et de toutes origines, et on se rend compte que chaque année il y a une solidarité des quatre accueillis qui perdure alors que le monde de la rue est assez dur et individualiste”. Un SDF ne peut pas bénéficier deux ans de suite de l’accueil des paroisses, pour donner la chance à tout le monde.

LOUISE ALMÉRAS

© Hiver Solidaire – Louise Alméras

Jean-Claude, reconnaissant du travail d’Hiver Solidaire

La bénévole de ce soir, Catherine Bouanich, a un doctorat en égyptologie mais cumule deux petits boulots qui lui plaisent. Elle est aux petits soins pour eux, à l’écoute, attentive, présente, tout en partageant leur repas. L’ambiance est conviviale, empreinte de complicité et de respect. Jean-Claude était à la rue pour la deuxième fois de sa vie, à 64 ans, depuis un an et demi. Il a passé l’hiver 2012 dehors, a travaillé 42 ans entre temps, de gardien d’immeubles à la Légion Étrangère où il est resté cinq ans. Un soir, il frappe à la porte de la paroisse pour demander des couvertures, il dormait dans le parc en face. Il se souvient avec beaucoup d’émotion qu’on lui a alors donné “des couvertures et de la nourriture”. “Mais ce n’est pas cela l’important”, selon lui, “c’est ce qu’ils font”. “Hiver Solidaire aide beaucoup de gens, par leur présence, leur accueil, ils font travailler des services sociaux pour nous trouver quelque chose après, et c’est important. Ils ont mis en place l’épicerie sociale aussi. Je trouve qu’ils font des choses superbes, ils gagnent à être connus et à s’épandre encore.” Il déplore à ce titre le comptage des SDF réalisé récemment à Paris, “Ils ne vont pas là où les SDF dorment, dans les caves, sous les ponts”. D’après lui, “Il y a plus de 5 000 SDF rien que sur Paris”.


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Quelle est le sens de la foi pour lui ? Avec pudeur, il répond : “Je crois en Dieu, mais c’est une histoire entre Lui et moi”. Il y a cinq ans, il a bénéficié du dispositif “Premières heures” de Emmaüs Défi, qui a ensuite débouché sur un CDI auquel il a mis fin en 2016, perdant par là même son logement. Il y retourne maintenant de temps en temps pour donner un coup de main bénévolement, avec Elio, un éducateur spécialisé qui fait des maraudes de nuit.

Depuis le 7 avril, Manuel, Francesco et Jean-Claude sont retournés dehors. L’équipe de bénévoles veille toujours sur eux, continue de les assister, pour ne pas les laisser livrés à eux-mêmes, en assurant un suivi, social et humain, grâce à l’aide de professionnels. “Après être passés ici, très peu veulent retourner à la rue, ils ont vraiment la volonté de s’en sortir”, assure Luc Lebreton. Jean-Claude attend maintenant de pouvoir toucher sa retraite et de trouver une chambre. “De toute façon, je ne m’ennuierai jamais. Il y a tellement d’associations où donner de l’aide, comme Emmaüs”, termine-t-il avec générosité.

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