Elles s’appellent Jeanne, Augustine et Gérard et voilà déjà près de cinq ans qu’elles attendaient, dans une chapelle latérale de l’église, de trouver leur juste place. Après de longues péripéties, l’église Saint-Jean-de-Malte d’Aix-en-Provence a retrouvé début mars les trois cloches qui manquaient à son beffroi depuis que Napoléon en avait saisi le bronze.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu. Depuis sa construction au début du XIVe et jusqu’à la veille du XIXe siècle, le clocher de l’église Saint-Jean-de-Malte accueillait quatre cloches. Mais voilà qu’au siège de Toulon en 1793, le général Bonaparte fait appliquer le décret de la Convention ordonnant la fonte des cloches pour en faire des canons. Trois des cloches sont saisies et une seule échappe à cette réquisition. Cette dernière avait été coulée en 1670 à partir d’une cloche précédente datant de 1470. C’est cette cloche en ré dièse de 1 300 kilogrammes que l’on entendait seule depuis des décennies dans le ciel de Provence.
Mais voilà que depuis bientôt quarante ans l’église est desservie par une communauté de frères dynamiques, Fraternité des Moines Apostoliques diocésains d’Aix-en-Provence. Ils multiplient les projets d’une grande beauté pour l’édifice : du nettoyage de la voûte par les paroissiens (1996) à la pose d’un nouvel orgue de la manufacture Kern (2006). Et depuis quelques années, la “restitution” des trois cloches saisies par Bonaparte est devenue un combat pour le curé, le frère Daniel Bourgeois.
Lire aussi :
Les cloches peuvent-elles sonner pendant la Semaine sainte ?
En 2012, le Préfet maritime de Méditerranée a accordé, avec la recommandation du maire de Toulon, de donner un morceau de canon du XVIIIe siècle retrouvé dans l’arsenal de Toulon et ayant certainement servi au siège de 1793. Cette « tranche » de canon a été fondue dans le bronze de la plus grande des cloches, Jeanne. Cependant, après la fonte des nouvelles cloches, un diagnostic réalisé par un architecte du patrimoine a mis en évidence l’urgence de travaux dans le beffroi et le clocher. En l’état, ils ne pouvaient accueillir les trois cloches supplémentaires.
Jeanne, la Calissonne
Le nom: de cette cloche est évidemment une allusion aux fameux calissons, indissociable de la ville d’Aix. C’est notamment en l’église Saint-Jean-de-Malte qu’est célébrée le premier dimanche du mois de septembre la traditionnelle bénédiction des calissons. Très liés à cette église dont la couleur de la pierre ne peut que rappeler le savoureux mélange d’amandes, melon et oranges confites, les calissonniers ont décidé d’offrir une cloche. Son nom, vient de la femme du roi René, Jeanne de Laval, dont les yeux avaient cette forme de calisson ! Ses 780 kilogrammes sonnent un fa dièse et, au dessus de la croix camarguaise, est inscrit :
Depuis 2013,
sous le pontificat de François,
moi, Jeanne la « Calissonne »,
offerte par les calissonniers aixois
et la Fondation du Roy René,
je chante la savoureuse sagesse de Dieu.
Gérard, fondateur des Hospitaliers
Offerte par l’Association française des membres de l’Ordre de Malte, la cloche porte le nom du fondateur, Gérard Tanque. De ses 525 kilogrammes, elle fait résonner un sol dièse dans le ciel aixois et sur sa robe, l’on peut y lire :
Depuis 2013, François étant Pape
& Matthew Grand Maître,
moi « Gérard », en hommage au fondateur des
Hospitaliers & offerte par l’Association Française
des membres de l’Ordre Souverain de Malte,
je sonne la gloire de Dieu.
Augustine et la douceur de l’amour de Dieu
La troisième cloche a quant à elle, été offerte par Madame Jacqueline Carcassonne. Souhaitant que la cloche ait pour marraine sa petite-fille, la cloche prit donc le nom d’Augustine. Elle sonne un la dièse et pèse 380 kilogrammes et l’inscription dit :
Depuis 2013,
sous le pontificat de François,
moi Augustine G.W.,
offerte par Jacqueline Carcassonne,
je carillonne avec douceur l’amour de Dieu.
Lire aussi :
Pourquoi utilise-t-on parfois de petites cloches pendant la messe ?
Lors de la saisie des cloches, Napoléon avait décidé de laisser une cloche dans chaque clocher afin de sonner le tocsin. Cette sonnerie civile avait pour but d’alerter la population en cas de danger. Maintenant qu’elles sont de retour, c’est avec une joie immense que les Provençaux entendront les trois nouvelles cloches annoncer la résurrection du Christ !