Alors que la République démocratique du Congo s’enfonce dans la crise politique, l’Église catholique est devenue la seule opposante au président qui a confisqué le pouvoir, Joseph Kabila.Le président s’accroche au pouvoir, ne respectant pas les accords qu’il avait signé avec les représentants de l’Église catholique, le 31 décembre 2016. Pour rappel, le deuxième mandat de Joseph Kabila devait s’achevait le 20 décembre 2016, et la Constitution l’empêchait d’en briguer un troisième. Il a refusé de se démettre du pouvoir, annonçant un nouveau gouvernement le 20 décembre, c’est-à-dire précisément le jour où il aurait dû abandonner sa fonction. Dans la crise qui a suivi, l’Église catholique a été appelée comme médiatrice et un accord a été trouvé : Joseph Kabila pouvait rester au pouvoir jusqu’au 31 décembre 2017, à condition qu’il organise des élections démocratiques. Mais la date venue, rien n’a été décidé et Joseph Kabila reste au pouvoir en dehors de tout cadre légal.
L’Église dans le rôle de la première opposante
Dès le 31 décembre 2017, une série de marches pacifiques était organisée par des laïcs catholiques de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. Elles ont été réprimées par la police, et sept personnes sont mortes durant la seule journée du 31 décembre, selon la Conférence des évêques du Congo.
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Le 3 janvier 2018, le cardinal congolais Mosengwo affichait son mépris pour le président parjure dans un tweet ravageur : “Il est temps que le médiocre dégage pour que la paix et la justice règnent dans le pays”.
#RDC #Cardinal #Mosengwo: "il est temps que le médiocre dégage pour que la paix et la justice règnent dans le pays" #CongoCrisis #CatholiqueDebout pic.twitter.com/oCOGXabdN1
— Eglise Catholique (@EgliseCatholiq4) January 3, 2018
D’autres marches pacifiques pour la destitution du président illégitime ont été organisées, le 21 janvier 2018, elles se sont soldées par six morts, et le 25 février par un mort. Elles ont rassemblé au-delà des catholiques, qui représentent 60% de la population. “Des personnes de toutes confessions participent à ces marches”, se réjouit le prêtre congolais Paluku Kipandauli, correspondant de l’AED. “Outre les catholiques et les chrétiens protestants, les Kimbanguistes et les musulmans nous rejoignent !”
Un pouvoir et un pays confisqué
L’Église catholique s’implique aussi dans des questions économiques, comme le démontre la participation, le 14 mars 2018, d’une commission épiscopale ad hoc pour les ressources naturelles. Elle demande que des taxes soient prélevées sur les mines de métaux précieux, nombreuses dans le pays. “C’est un sujet fondamental”, commente le père Paluku Kipandauli. “Notre gouvernement actuel ne cherche pas à enrichir le pays, il s’arrange au contraire pour que des multinationales se servent selon les conditions qui leur plaisent, sans contrôle. Il se contente des trafics d’influences, des bakchichs, et laisse les congolais dans la misère !”
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À l’Est du pays, en particulier, le pays souffre de la présence de multinationales qui exploitent ses richesses sans que l’État n’impose le moindre droit de regard sur leurs pratiques, que ce soit en termes d’écologie ou de conditions de travail des salariés. Ces multinationales n’ont pas intérêt à ce que l’état de guerre civile cesse dans cette région, au profit du retour du droit. Paluku Kipandauli accuse : “Elles financent des groupes armés, pour maintenir le désordre ! Le problème c’est qu’il n’y a aucune autorité pour s’opposer à elles”. Face à la défaillance des institutions congolaises, l’Église est contrainte de prendre le rôle d’opposante politique, de “tenter de rendre leur pays au congolais”, selon une expression du père Paluku Kipandauli.