Une légende fait la joie des petits et des grands. Elle raconte que durant ces jours de silence, les cloches partent à Rome pour être bénies et reviennent chargées d’œufs en chocolat pour les enfants sages, qu’elles déversent dans les jardins et les prés. Le lendemain, jour de Pâques, une chasse au trésors est alors lancée pour les trouver, tandis que les cloches ont regagné leurs clochers. La tradition des cloches de Pâques remonte au VIIe-VIIIe siècle en Europe. Toutes les cloches, sur ordre de l’Église, arrêtent de sonner, y compris les clochettes d’autels, en signe de deuil entre le Jeudi saint et le dimanche de Pâques, pour commémorer, dans le recueillement, la mort de Jésus-Christ.
Les cloches sont condamnées au silence au terme de la liturgie eucharistique du Jeudi saint, en même temps que les pains consacrés sont portés au "reposoir" – table ou autel destinés à recevoir les hosties qui seront consommées lors de la célébration du Vendredi saint — et que le maître-autel est totalement dépouillé. Autrefois, jusqu’à la Résurrection, leur bruit était remplacé par une crécelle, ou claquoir, pour signaler les offices religieux dans les paroisses et les monastères. Usage généralement réservé aux enfants de chœur qui les faisaient sonner dans les rues plusieurs fois par jour. Une première fois pour crier : « Réveillez-vous » ; la deuxième fois : "Préparez-vous" ; la troisième fois : "Dépêchez-vous". Cette tradition perdure encore dans de nombreux villages lorrains. Les crécelles, classées dans les instruments de "para-musique", étaient jadis fabriquées par les parents ou par un artisan du bois.
Annoncer la Résurrection du Christ
Il faut attendre l’aube de Pâques pour entendre à nouveau le son des cloches, à toute volée cette fois-ci, pour annoncer la Résurrection du Christ et la joie pascale. Quand les cloches reprenaient, les enfants de chœur cessaient les leurs ! Ils faisaient alors le tour des villages, quêtant de porte en porte des œufs frais ou en sucre, ou des pièces de monnaie. Autrefois, les œufs ne pouvaient, en effet, pas être consommés pendant le Carême. Ils étaient alors conservés dans l’eau de chaux, avant d’être ressortis pour les festivités de Pâques où ils étaient mangés en fricassées mais aussi en œufs durs.