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Le trésor d’église a longtemps désigné le lieu dans lequel une église, un monastère ou une congrégation religieuse rassemblait ses biens les plus précieux (reliques, vêtements sacerdotaux, manuscrits, or, pierreries,…), qu’il fallait sauver en cas de péril. Un trésor d’église désigne aujourd’hui un ensemble d’objets religieux destinés à l’exercice et à l’ornement du culte ou à la vénération des reliques. Il existe actuellement en France environ 270 trésors d’églises et de cathédrales. Mais l’appellation « trésor » cache plusieurs cas de figure, allant du trésor de sanctuaire, intimement lié aux reliques qu’il abrite, au trésor né d’un regroupement d’objets religieux pour des raisons de sécurité.
Environ 270 trésors en France
Le trésor de sanctuaire comprend les reliques, étymologiquement « les restes », d’un saint, présentés dans des reliquaires somptueux (en forme de coffres, vases, croix ou statues) destinés à les protéger et à les montrer.
Un trésor d’église rassemble au moins les objets sacrés nécessaires à la célébration de la messe et des sacrements, selon la liturgie de l’Église catholique (ciboires, calices, patènes, croix, ostensoirs,…). Ces objets religieux sont affectés prioritairement au culte et utilisés par le clergé dit affectataire (loi de 1905). Ils sont souvent conservés dans la sacristie. Le trésor d’église appartient, comme l’église, à la commune. Les premiers trésors d’église datent du IVe siècle, lorsque l’empereur Constantin met fin aux persécutions des chrétiens qui peuvent dire la messe au grand jour. Le trésor dit de regroupement permet d’optimiser les conditions de conservation de ces objets de valeur, fragiles (tapisserie, orfèvrerie, ivoire, bois peint,…), généralement classés Monuments historiques au titre des objets mobiliers (loi de 1913). Ainsi le trésor de la cathédrale de Vannes rassemble des objets en provenance d’une vingtaine d’églises du Morbihan.
Le cas particulier des trésors de cathédrales
Le trésor d’une cathédrale est un cas particulier. En effet, dès le début, les cathédrales bénéficient des largesses de leurs évêques qui ont des pouvoirs et des revenus temporels. Chaque évêque cherche naturellement à embellir sa cathédrale et à enrichir son trésor. Il cherche aussi à se procurer des reliques pour accroître le rayonnement de son sanctuaire. Il commande surtout de très beaux objets d’art à des artistes de talent et dépense sans compter pour la gloire de Dieu et parfois aussi un peu pour la sienne... À sa mort, une partie de sa fortune personnelle revient à la cathédrale (synode d’Agde 506). Aujourd’hui le trésor d’une cathédrale appartient à l’État, comme la cathédrale elle-même.
Du trésor caché au trésor visité
À l’origine, le trésor n’est pas accessible au public, il est au contraire bien caché, bien gardé. En temps de crise, il peut même servir de monnaie d’échange. À la Révolution française, de nombreux trésors de cathédrale sont pillés ou vendus. Depuis les années 1960-1970, les trésors d’églises et de cathédrales sont aménagés pour la visite. Certains sont restés in situ, (Amiens, Chartres, Le Puy, Conques) d’autres sont installés dans l’ancien palais épiscopal devenu musée (le palais du Tau à Reims). Des muséographies contemporaines, comme à Notre-Dame de Paris, offrent une nouvelle lecture de ces joyaux de l’art sacré.