Dans un très beau livre sur les derniers jours de la vie des moines, Nicolas Diat raconte avec beaucoup de justesse la façon dont les moines affrontent la mort aujourd’hui. Voici un livre d’une grande profondeur et rempli de tendresse sur une réalité difficile à évoquer. Il présente une approche indispensable de la fin de vie en ces temps où elle fait la une de l’actualité avec les États Généraux de la bioéthique.
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Jamais la vie des moines n’avait été abordée de cette manière-là. La question de la mort et de la fin de la vie est pourtant une préoccupation de tous. Et si les moines ont tant à nos apprendre sur la vie, comme de nombreux laïcs, chrétiens ou non, peut-être peuvent ils nous aider à comprendre comment aborder la maladie, la douleur et les derniers instants de la vie ?
Un choc spirituel
Ce livre, comme l’explique Nicolas Diat à Aleteia, est né d’un choc spirituel. Confronté à la mort d’un religieux qu’il avait appris à connaître et à aimer profondément, frère Vincent-Marie de la Résurrection, l’auteur a souhaité se confronter avec ce qui reste l’un des plus grands mystères de l’existence : la mort. Il a eu alors l’idée d’interroger d’autres abbayes. Entre temps, il est allé avec le Cardinal Sarah à la Grande Chartreuse. Là, Nicolas Diat a découvert cette manière de vivre extraordinairement puissante qui caractérise les chartreux. C’est pour cette raison qu’il a souhaité approfondir cette connaissance dans Un temps pour mourir. Il a ainsi exploré la relation toute particulière que ces êtres de silence et de prière entretiennent avec la vie dans ses derniers instants.
Contre le risque de se faire voler sa mort
Ce qui est frappant dans le livre, c’est la possibilité de découvrir avec beaucoup de concret la vie des moines dans ces moments-là. On y découvre ainsi toute l’ambivalence des moines. Ils ont d’une part beaucoup de gratitude envers les médecins et une confiance très forte dans la médecine. Mais ils craignent les risques d’une volonté de la toute-puissance dans le soin et voient le risque net de voir la mort dénaturée, voire « volée ».
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Ainsi, si c’est par hasard, comme nous l’a confirmé Nicolas Diat, que ce livre coïncide avec les États Généraux de la bioéthique, il nous apprend à penser la mort et la fin de vie en profondeur. Jamais il cherche à prouver : on ne trouve pas une ligne argumentative, uniquement des témoignages et des récits. C’est ce qui rend le livre encore plus fort. On trouve en effet deux dangers que craignent les moines, avec d’un côté l’acharnement thérapeutique et de l’autre l’euthanasie. Dans les deux cas il s’agit d’une volonté de toute puissance par rapport à la vie.
La solitude est devenue la plus grande souffrance des malades
Ce que les moines ont d’abord à nous apprendre sur la fin de vie, c’est l’accompagnement des malades. C’est ce qui frappe aussi les médecins : voir à quel point les malades sont accompagnés, rassurés. Or, c’est devenu la grande souffrance contemporaine. Les malades peuvent être soulagés physiquement grâce aux soins palliatifs qui ont fait énormément de progrès, en revanche très nombreux sont dans un état de solitude et d’abandon considérable. Il est donc très beau de découvrir les récits des derniers jours qui sont toujours pour les abbayes des moments de grande communion autour de celui qui vit ses derniers instants.
Un temps pour mourir, Nicolas Diat, Fayard, 234 p, 20,90 euros.