En ouverture du pré-synode des jeunes, le 19 mars 2018 à Rome, le pape François a répondu ‘à cœur ouvert’ à cinq questions posées par des jeunes de différents pays. Sexualité, monde virtuel… le Souverain pontife a prodigué des conseils éducatifs aux jeunes, les incitant à ne pas “anesthésier“ leurs questions. En réponse à la première demande, celle de Blessing, une jeune Nigériane réfugiée depuis quatre ans en Italie après avoir été victime de la traite humaine, le pape a de nouveau dénoncé cette “mentalité malade“ qui conduit à ce qu’il appelle un “crime contre l’humanité“.
Il faut savoir distinguer, a-t-il ajouté à l’intention des jeunes : l’esclavage sexuel et la prostitution, “ce n’est pas faire l’amour, c’est torturer une femme !“, s’est exclamé le pontife, recueillant les applaudissements nourris de l’assistance. Il a également demandé “pardon“, au nom des chrétiens qui commettent ces “actes criminels“.
Confronter les sentiments à la réalité
Face à Maxime, jeune Français non baptisé et qui cherche un sens à sa vie, l’évêque de Rome a insisté sur la nécessité d’un accompagnement au discernement. “Cherche quelqu’un de confiance“, un sage qui a le don de la parole juste, et “laisse-toi interpeller“, a-t-il recommandé.
Reprenant en français quelques mots de la question posée, le pape a suggéré de ne pas “anesthésier“ les interrogations et sentiments qui surgissent, et de se confronter à la réalité. “Il faut avoir le courage de dire les vérités crues“, a-t-il appuyé, et ne pas “truquer“ les sentiments et les pensées. Sinon, “quelque chose se fermera dans l’âme“.
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Répondant à une jeune Argentine, Maria de la Macarena, le pape a ensuite critiqué un système éducatif basé uniquement sur la raison, qui perd la capacité de s’émerveiller. “Cela vient de l’illuminisme“, a-t-il noté, c’est-à-dire hérité des Lumières. Il faut donc “inverser la tendance“, en agissant notamment au niveau des ministères de l’Education.
Critiquer le virtuel, mais pas diaboliser
Concernant le monde virtuel, le pontife s’est montré critique, sans pour autant le “diaboliser“. C’est une richesse pour ceux qui n’en sont pas esclaves, a-t-il remarqué. Surtout, il faut que le virtuel soit arrimé au “concret“ pour garder “les pieds sur terre“. Pour cela, le successeur de Pierre a souligné l’importance du jeu, gratuit et “amateur“.
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Le pape s’est ensuite adressé à un jeune séminariste ukrainien, Yulian. Il a insisté sur l’importance de ne pas rester seul dans le ministère sacerdotal, d’être lié à une communauté. Comme l’ont fait les “grands saints“, dont saint François d’Assise (1181-1226) et saint Philippe Néri (1515-1595).
Le pontife a encore fustigé le “cléricalisme“ qui fait beaucoup de mal dans l’Eglise. Il ne faut pas confondre, a-t-il précisé, le rôle paternel du prêtre avec celui d’un dirigeant, d’un “boss“. Ce dernier agit comme “un docteur, un professeur, un prince“, et non comme un frère ou un père. L’évêque de Rome a aussi moqué le “spiritualisme exagéré“ de certains prêtres.
“De pape à cardinal !“
Avec la dernière question, celle d’une religieuse chinoise, Sœur Teresina Chaoying, le pape s’est vu offrir une écharpe rouge. “De pape elle m’a refait cardinal !“, a-t-il plaisanté. Le chef de l’Eglise catholique a ensuite critiqué la “surprotection“ qui infantilise les religieux dans certains pays.
Cela risque de “castrer les personnes“, a-t-il prévenu. A l’inverse, “la vraie protection se fait dans la croissance“, sur quatre plans : spirituel, intellectuel, communautaire et apostolique. “Je préfère perdre une vocation que d’avoir un religieux malade“, a réaffirmé le pape François.
Le pré-synode doit se poursuivre jusqu’au 24 mars par des ateliers par groupes linguistiques. Ceux-ci devront formuler des propositions qui seront intégrées dans un document final. Ce dernier sera remis au Souverain pontife lors de la messe du dimanche des Rameaux, le 25.