Christiane Conturie, dans son livre “Heureux les enseignants”, mêle réflexions de fond, citations, et expériences personnelles, à propos du grand défi qu’est la mission de l’éducateur. Elle mentionne notamment une fable camerounaise dont la « morale » serait : éduquer, c’est apprendre à l’enfant à se servir de son intelligence.
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Christiane Conturie, formatrice pédagogique dans les Centres Madeleine Daniélou, vient de publier Heureux les enseignants aux éditions Salvator. Dans les premières pages de l’ouvrage, elle reprend un conte camerounais, cité initialement dans Les sages dépossédés de Louis-Vincent Thomas et René Luneau (Robert Laffont, 1977), qui illustre magnifiquement la fonction de l’éducation. Éduquer, c’est apprendre à l’enfant à se servir de son intelligence.
Le conte camerounais de Koulou la tortue
Une tortue, nommée Koulou, va un jour trouver Zamba, le nom de Dieu chez les Beti, ethnie camerounaise, et lui demande pourquoi il a gardé toute la sagesse pour lui-même, alors que sur la terre, ne règnent que famines, guerres et maladies. Zamba, pour toute réponse, engage la tortue à accomplir deux épreuves : lui rapporter, d’ici neuf jours, un gros boa vivant, et une calebasse pleine de mouches vivantes.
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Koulou, grâce à des stratagèmes intelligents et rusés, réussit à capturer les mouches et le boa vivants. Il les hisse jusqu’à Zamba. Ce dernier s’exclame : « Comment as-tu fait, ma petite tortue, ce n’était pas si facile ! ». Koulou lui répond : « Oh Zamba, ça m’a paru d’abord très difficile, mais quand j’ai réfléchi, c’est devenu très aisé ! » Alors Zamba dit à Koulou : « Ce n’est pas l’intelligence qui manque aux hommes et aux animaux, mais la réflexion. »
Une double portée
Ce conte, riche en images et en enseignements, possède une double portée. Il s’adresse non seulement aux enfants, mais aussi à tous les éducateurs, qu’ils soient parents ou enseignants. Raconté aux enfants, il leur fait prendre conscience qu’ils sont doués d’une intelligence, et que s’ils veulent bien s’en servir, ils sont bien plus intelligents qu’ils ne le croient. Réussir des défis, montrer ce dont ils sont capables à quelqu’un dont ils désirent l’estime, accomplir seuls une tâche, sont autant d’occasions de grandir.
Destiné aux éducateurs, il exhorte à croire et à avoir confiance en l’intelligence de chaque enfant qui leur est confié. Selon Christiane Conturie, « c’est faire un acte de foi en l’homme que de mettre l’accent sur la formation de l’esprit ». Elle donne comme exemple l’histoire du film Les héritiers, inspiré d’une histoire vraie, qui retrace le réveil progressif d’une classe, réputée difficile, délaissée par de nombreux professeurs, jusqu’à ce que la professeur d’histoire leur propose de s’inscrire au Concours national de la Résistance et de la Déportation.
Au début, les élèves doutent. Mais le professeur investit toute son autorité dans le message inverse : « J’ai beaucoup plus confiance en vous que vous n’avez confiance en vous-mêmes. Je pense, moi, que vous avez énormément de choses à dire là-dessus ! » Ils se mettent au travail, y trouvent du sens, apprennent à réfléchir, et remportent le concours, formidable message d’espérance pour ces jeunes considérés en échec scolaire.
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La tradition des centres éducatifs Madeleine Daniélou s’attache à donner aux élèves une « éducation selon l’esprit ». Marguerite Léna, membre de la communauté apostolique Saint-François-Xavier, résume dans son livre Le passage du témoin, la mission de tout enseignant : « Enseigner, c’est prioritairement éveiller et former la vie de l’esprit, c’est-à-dire la liberté de l’intelligence, le courage de la conscience et la force d’aimer. » Vaste programme pour nos petites tortues !