Tiraillées entre les exigences sociales et leurs propres attentes, les mamans d’aujourd’hui ont parfois le sentiment d’être des « mauvaises mères ». Comment comprendre et surmonter ça ?
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Entre la peur de mal faire, de ne pas être à la hauteur, la culpabilité, le sentiment d’échec, l’angoisse… les mamans de nos jours semblent parfois dépassées. Elles semblent ne plus savoir au juste quoi et comment le faire, dans un rôle qui est pourtant tenu par les femmes depuis la nuit des temps. Elles se sentent parfois projetées dans la « maternité » sans avoir de mode d’emploi, alors que contradictoirement il y aurait certains standards et règles à respecter.
En effet, la société, l’entourage, l’époque et les inconscients collectifs imposent des représentations aux mères qui les amènent à se remettre constamment en question et parfois même à perdre totalement confiance en elles. Quelles sont ces craintes ? Sont-elles normales et justifiées ? Comment ne pas se laisser dépasser par ces sentiments négatifs au point de ne plus se sentir apte ou digne d’être mère ? Voici quelques pistes de réponses selon divers professionnels.
Deux facteurs sociaux favorisant ce sentiment
Pour commencer, nous pourrions nous demander si nos grand-mères ont aussi déjà ressenti ce sentiment, de ne pas être une « bonne mère ». Mais qu’est-ce donc, qu’une bonne mère ? Dès les années 1950, le docteur Donald Winnicott, pédiatre, psychiatre et psychanalyste, parle de « mère suffisamment bonne », expression restée célèbre dans le domaine de la parentalité. Par là, il exprimait l’importance pour une mère d’en faire juste assez, ni trop, ni trop peu, pour simplement combler les besoins de l’enfant.
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Concernant ce sentiment de « mauvaise mère » qui n’est a priori pas nouveau, le sociologue Gérard Neyrand, qui a co-écrit Père, mère, des fonctions incertaines, explique qu’il est d’autant plus présent de nos jours pour deux raisons : l’isolement des mères est plus important (séparations, éloignement familial…) ; et il y a un changement des normes éducatives, vers une valorisation plus importante de l’enfant, une nouvelle psychologie de l’éducation… Deux facteurs qui peuvent donc favoriser et entretenir ce sentiment de ne pas être à la hauteur.
Des mamans « sur-responsabilisées »
De son côté, Marion Cognard, psychologue spécialiste de la parentalité, remarque que les mères veulent être sur tous les fronts : couple, enfant, carrière tout en essayant en parallèle de contrôler leurs émotions. Seulement certaines questions se posent : prendre du temps pour soi, est-ce être mauvaise ? Éprouver de la fatigue, de la colère parfois, cela fait-il de nous des mauvaises mères ? Cela peut cacher un désir de « toute puissance », une illusion de contrôle.
Les femmes doutent, n’étant plus sûres de ce qui est bien ou mal, pensant parfois qu’en devenant mère nous devrions nous consacrer en priorité à nos enfants et contrôler, être capables de gérer sans faille le quotidien sous tous ses aspects. Mais ne dit-on pas qu’une maman heureuse fait un enfant heureux ? Comment alors faire la part des choses et se sentir juste en tant que mère, que femme, et envers soi-même ?
Être indulgente avec soi même et se faire confiance
Dans un premier temps, il faut réussir à se dire que nous ne sommes pas les seules à « mal » faire. Comme on le dit bien, l’erreur est humaine. Il faut savoir être indulgente avec soi-même, reconnaître ses erreurs. Le pardon est une valeur fondamentale que l’on se doit d’appliquer, tant pour les autres que pour soi-même. Sachez admettre votre fatigue, votre incapacité à accomplir telle ou telle tâche ou à respecter un délai que vous vous étiez fixé.
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Vous pouvez même l’expliquer à vos enfants, ils apprendront ainsi l’humilité et le pardon. Ne mettez pas la barre trop haute. Lucie Schaffner, auxiliaire de puériculture en crèche, croise parfois des mamans qui n’ont pas grande confiance en elles. Elle rappelle un point important : « Le fait d’avoir peur veut aussi dire que l’on est dans le désir de bien faire. » Ce qui est une caractéristique d’une bonne mère, n’est-ce pas ?
Reconnaître ses propres forces
En contrepartie, il y a des choses que vous faites bien, même très bien ! Sachez les remarquer et mettre en valeur ces forces ! Vous êtes un peu désorganisée à la maison mais vous savez organiser des sorties extraordinaires ? Vous êtes nulle en cuisine mais vous savez fabriquer de superbes cabanes ? À chacun ses atouts ! Quand on n’arrive pas à vaincre ses défauts, il faut mettre l’accent sur nos qualités !
Ne pas se comparer
L’un des pièges dans lequel la plupart des mamans tombent est de chercher des points de comparaison. Qui n’est jamais allée chez une amie, une sœur, une cousine, s’extasiant devant la perfection de son ménage, le goût et la beauté de son gâteau, et en repartant désespérée de ne pas savoir en faire autant ? Souvenez-vous d’abord que se comparer, c’est juger. Or ne lit-on pas chez Matthieu (7, 1-5) : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’oeil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil? ».
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De plus, vous n’avez jamais tous les critères en main afin d’avoir un regard objectif. La maison de votre amie était probablement rangée impeccablement en prévision de votre visite. Vous ne savez rien du quotidien. Dans les deux sens, pour les autres comme pour vous, il sera donc inutile de chercher à se comparer. Chacun a son histoire, ses difficultés, ses forces comme expliqué plus haut, et ses priorités !
Être constante et cohérente
Marion Cognard rappelle également que « l’enfant n’a pas besoin d’une mère parfaite, ce qui est fondamental, c’est son sentiment de sécurité. Il a besoin d’un parent stable, fiable, cohérent. Mieux vaut dire sa colère quand on en éprouve que de chercher à la maîtriser en culpabilisant. Ce sont les messages contradictoires entre ce que le parent pense, dit, et fait qui fragilisent l’enfant. »
En montrant à votre enfant une constance entre ce que vous dites et faites, vous lui inspirerez confiance et sécurité, et il saura également percevoir qu’en chaque personne, il y a des forces et des faiblesses. L’essentiel est ainsi de savoir les reconnaître et les utiliser, afin de maintenir un comportement cohérent.
Se faire épauler
En tous les cas, pensez, dès que possible, à vous faire seconder. Que cela soit votre conjoint, de la famille, des amis, ou des structures avec lesquels vous aurez pris contact, il est important de parler de vos difficultés et de trouver des relais pour vous accorder un peu de temps pour vous reposer, exprimer votre stress et vos inquiétudes. Il ne s’agira pas de ne plus jamais être inquiète, mais plutôt d’arriver à mieux gérer ces craintes et revoir vos priorités. L’essentiel, ne l’oublions pas, est d’apporter l’amour à ses enfants. Pour finir, voici une citation d’Agnès Ledig, sage-femme et auteure, que l’on doit garder en tête : « Je fais de mon mieux, dans le respect de moi-même, avec les cartes du moment, le reste appartient à la vie. »
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