La mairie de Paris a présenté ce mercredi le premier bilan de la Nuit de la solidarité, organisée la semaine dernière. Au terme de cette opération 2 952 sans-abris ont été recensées dans la capitale.
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Au moins 31 personnes sans domicile sont mortes dans la rue depuis le début de l’année. Elles avaient en moyenne 50 ans, souligne le Collectif Les Morts de la Rue. Un drame humain… et une remise en cause sociétale. Dans la nuit du 15 au 16 février, la mairie de Paris a organisé une « Nuit de la Solidarité » dont l’objectif était de réaliser « un décompte anonyme de nuit des personnes en situation de rue ». 1700 bénévoles encadrés par des professionnels de l’action sociale ont ainsi arpenté les rues de la capitale.
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La mairie de Paris a présenté ce 21 février les premiers résultats : 2952 sans abri ont été recensées dans les rues de la capitale. Dans le détail, 2 025 étaient présents dans les rues de Paris, la RATP a recensé 377 personnes dans les couloirs du métro et la SNCF 200 dans ses gares. L’AP-HP a de son côté compté 49 personnes à l’accueil des services d’urgence et Vinci 112 personnes dans ses parkings. 189 personnes ont également été recensées dans des “zones spécifiques”, à savoir le Bois de Boulogne, le Bois de Vincennes et le Bois de la Colline, dans le XVIIIe arrondissement parisien.
#NuitdelaSolidarité : Voici les premiers résultats présentés par mon premier adjoint @BrunoJulliard et mon adjointe @dversini, aux côtés des associations du secteur social, de l'@APHP, de la @SNCF, du @GroupeRATP et des équipes des parkings @VINCI. pic.twitter.com/0xCS7IlDiK
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) February 21, 2018
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« Ce travail de recensement des personnes de la rue a permis d’objectiver une réalité diverse vécue par des personnes que l’on ne voit plus : celles qui ne parviennent pas à trouver un hébergement, qui ont arrêté d’appeler le 115, qui craignent de rejoindra un centre par peur d’être arrêtées… », souligne Armelle Guillembet, responsable logement du Secours catholique. Rappelant qu’il ne s’agit là que des premiers résultats – une étude plus fine des profils des personnes sans abri sera publiée dans quelques semaines – Armelle Guillembet se félicite d’une telle opération : « Les derniers chiffres que nous avions remontaient à une étude de l’Insee datant de 2012 ! Depuis la situation a largement évolué ».
« Une crise du logement » avant tout
Selon la responsable, cette situation traduit avant tout « une crise du logement ». « La France n’arrive pas à créer des logements à des prix abordables. Il y a un lien évident à faire entre les personnes vivant dans la rue et la pénurie de logements en France, rappelle-t-elle. Il faut que le gouvernement mette en place une politique publique ambitieuse qui mobilise le logement privé ».
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Directeur de la Solidarité à l’Ordre de Malte France, Philippe Gardent salue également l’intérêt de cette initiative, « une première pour la ville de Paris ». « Ces premiers chiffres sont intéressants mais il est bien évident qu’il s’agit d’un seuil bas : toutes les personnes vivant dans les rues n’ont pas été recensées. Les bénévoles ne sont pas allés dans les tentes ni dans les squats par exemple. Et puis il s’agit de Paris intra-muros, l’opération ne prend pas en compte les sans-abris qui sont de l’autre côté du périphérique… », explique-t-il. « L’intérêt de cette étude réside également dans la localisation des sans-abris. Les Xe, XVIIIe et XIXe arrondissements sont bien évidemment les plus concernés mais je m’attendais à des disparités encore plus grandes entre les arrondissements », rappelle Philippe Gardent.
Développer des dispositifs pluridisciplinaires
« On ne traite bien un problème que si l’on sait de quoi on parle. On a l’impression de répéter les constats d’année en année mais si l’on a des connaissances plus fines, cela ne peut qu’aller vers le mieux », indique le directeur de la Solidarité à l’Ordre de Malte France. « De nombreuses personnes vivant dans la rue sont dans un état de délabrement physique et mental très avancé. Il est urgent de développer des dispositifs pluridisciplinaires qui conjuguent le traitement social et thérapeutique », détaille encore Philippe Gardent.