Chirurgie dentaire, ophtalmologie… Devant la difficulté que rencontrent de plus en plus de personnes à accéder à certains soins, l’Ordre de Malte France a lancé à Limoges (Haute-Vienne) le premier dispensaire bénévole de France dédié aux soins coûteux.
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En Haute-Vienne, le nombre de personnes démunies n’ayant pas accès aux soins faute de couverture sociale ne cesse d’augmenter. D’après l’Observatoire régional de santé, 24% de la population de ce département a renoncé en 2013 à une consultation ou à des soins chez un spécialiste pour des raisons financières. Les premiers concernés sont les personnes âgées, les familles monoparentales, les étudiants, les travailleurs pauvres et les personnes sans abri.
Face à ce problème social majeur, l’Ordre de Malte France, pilote du projet, a décidé de créer en partenariat avec la Société de Saint-Vincent-de-Paul, le MédicoLions et la ville de Limoges, une structure dédiée à l’accueil et au soin des personnes sans couverture sociale ou dont les revenus sont faibles mais suffisants pour les exclure du dispositif de la CMU-C (Couverture Maladie Universelle Complémentaire) et qui ne peuvent bénéficier d’une mutuelle.
“Nous avons des patients qui viennent de la campagne, qui comme partout est un désert médical. Cela étant, notre département n’est pas particulièrement sinistré. Avec les équipes de bénévoles de différentes associations, nous avons fait le même constat et nous avons décidé collectivement d’agir”, témoigne Alain Bourion, le délégué de l’Ordre de Malte en Haute-Vienne qui, depuis plus de deux ans, a consacré presque tout son temps à la réalisation de ce projet.
Un fonctionnement 100% bénévole
Le dispensaire Saint-Martial — du nom du premier évêque de Limoges — fonctionne grâce à une quinzaine de professionnels bénévoles, médecins, pharmaciens, accueillants, pour la plupart retraités. Alain Bourion explique : “Le dispensaire est unique en France pour au moins quatre raisons : il fonctionne à 100% à titre bénévole, il est inter-associatif, dédié aux soins coûteux et il va jusqu’au bout de la logique des soins puisque la personne sort du centre avec une prothèse dentaire ou une paire de lunettes à sa vue”, se félicite-t-il avant de préciser : “Notre objectif n’est pas de faire concurrence à un circuit de soins existants, déjà pris en charge par la sécurité sociale”. S’il y a bien quelques consultations de médecine générale, le dispensaire se concentre d’abord sur les soins ophtalmiques, dermatologiques et dentaires, particulièrement coûteux, “pour respecter la dignité des patients”, il leur est demandé une contribution financière libre.
Un réseau de partenaires
Pour accueillir le dispensaire, la ville de Limoges a prêté un local de 85m2 en plein centre-ville et mis à disposition une assistante sociale du centre communal d’action sociale (CCAS). Aucun patient n’est reçu au dispensaire sans rendez-vous et sans entretien préalable avec un travailleur social. L’assistante sociale reçoit les demandes de soins de la part des patients qui sont orientés par les structures partenaires telles que le conseil départemental, la caisse primaire d’assurance maladie et le CROUS. En fonction de l’évaluation de la situation du patient, son dossier est transmis au dispensaire qui se charge ensuite de contacter la personne pour convenir d’un rendez-vous.
Alain Bourion salue l’implication de la commune dans le projet : “Le partenariat avec la ville a été très facile. Elle nous aide énormément depuis le début de l’opération, le maire ayant toujours été convaincu de son bien-fondé. Ce qui est long, c’est qu’il faut tout faire bénévolement avec un budget de départ égal à zéro. Il faut tout récupérer.”
Pour cela, l’Ordre de Malte a mis en place d’intéressants partenariats, par exemple pour pouvoir proposer aux patients une paire de lunette gratuitement : “On collecte énormément de paires de lunettes que les gens déposent auprès des opticiens ou pharmaciens. Elles sont triées et confiées aux étudiants du BTS optique du lycée Saint-Jean à Limoges. Ils ont pour mission de répertorier les lunettes, de les réviser puis de les installer dans leur magasin de présentation. C’est là que sont envoyés les patients du dispensaire. Soit les élèves trouvent en magasin de quoi préparer une paire de lunette adéquate, soit le matériel n’est pas disponible et dans ce cas, ce sont les opticiens mutualistes qui donnent des verres gratuitement, à charge pour les étudiants de monter les verres”, détaille le délégué de l’Ordre de Malte.
Une initiative prometteuse
Le dispensaire accueille des patients depuis l’automne, une demi-journée par semaine en moyenne. Plus d’une centaine de consultations ont d’ores et déjà été assurées. Pour l’instant, l’expérience montre que “les patients sont pour une part importante des personnes qui n’ont pas de couverture sociale, que ce soit des Français qui ont tout perdu ou des migrants. Pour les autres, il s’agit souvent de familles ou personnes en renoncement de soins. Elles sont couvertes par la sécurité sociale mais renoncent à se soigner pour les soins coûteux, faute de moyens pour faire face au reste à charge. En leur offrant des soins gratuits, on leur permet de pouvoir se soigner convenablement”, souligne Alain Bourion.
Le pilotage du projet a été confié à l’Ordre de Malte France en raison de son expérience dans le domaine de la santé auprès des populations les plus fragiles. Issu du plus ancien organisme caritatif au monde, l’Ordre de Malte France est une association catholique et hospitalière créée en 1927. Elle se donne pour mission “d’accueillir, de secourir et de soigner les personnes fragilisées par la vie et de former leurs aidants”. L’initiative est vraiment prometteuse pour ce lieu qualifié “d’exemplaire” par le maire de Limoges. Des dispensaires fonctionnant sur le même principe que celui de Limoges doivent ouvrir prochainement au Mans (Sarthe) et à Vendôme (Loir-et-Cher).