Saint-Wandrille, abbaye normande du VIIe siècle où vivent une trentaine de bénédictins, a lancé quatre grands chantiers de restauration, dont celui de son cloître datant des XIVe, XVe et XVIe siècle. Pour que la galerie sud retrouve tout son éclat, les moines ont fait appel à l’Atelier de la Pierre d’Angle, où les ouvriers sont des jeunes en formation ou en réinsertion sous l’égide des Apprentis d’Auteuil.
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Depuis plusieurs siècles, « les meneaux de pierre, les murs et les décors sculptés du cloître disparaissent petit à petit à cause du ruissellement des eaux de pluie », se désole le père Philippe Chopin, responsable de Bathildis, le projet de réhabilitation de l’abbaye Saint-Wandrille. Avec le concours financier des fondations du Patrimoine, Total et Bettencourt Schueller, le père Philippe évoque avec satisfaction le fait d’avoir « pu mettre en œuvre ce premier chantier réalisé sur cinq ans avec des jeunes en réinsertion de l’Atelier de la Pierre d’Angle à Brignoles ».
Une nouvelle baie par an
Il s’agit là de la première phase de restauration complète du cloître. Depuis 2014, les différents éléments de la galerie Sud sont sculptés tout au long de l’année par les jeunes de cet atelier varois. Accompagnée de leur formateur, « une équipe de jeunes tailleurs vient chaque été à l’abbaye pour installer, sceller et terminer les finitions de ce réseau de baies, acheminées sur plus de 1000 kilomètres avec grand soin », explique le père Philippe. Il leur faut un an pour recréer une baie dans sa totalité. Cet hiver, les jeunes préparent la quatrième baie (sur cinq) qui redonnera toute sa majesté à ce cloître, joyau de l’art gothique flamboyant.
L’Atelier de la Pierre d’Angle est un établissement géré par les Apprentis d’Auteuil et permet à des jeunes en formation d’obtenir un titre professionnel de tailleur de pierre. Grâce à ce contrat de cinq ans avec l’abbaye de Saint-Wandrille, ce sont plusieurs promotions d’une dizaine d’élèves qui ont pu être formées au métier de tailleur de pierre. Les jeunes qui sont diplômés peuvent avoir ensuite un contrat en chantier d’insertion en attendant de trouver un emploi. Chaque année, il y a environ quatorze personnes en formation et cinq en insertion.
Une expérience formatrice
Que ce soit Simon, Léa, Maxime ou de nombreux autres, chacun de ces jeunes évoque avec joie leur passage à Saint-Wandrille comme en atteste ce témoignage de Simon, 19 ans : A 16 ans, il démarre un apprentissage chez les compagnons qui va mal se passer et finira par abandonner. « J’étais désespéré, raconte-t-il, mais j’ai trouvé la Pierre d’Angle ». Débute alors une formation de 11 mois au terme desquels il obtient son titre et choisi d’entreprendre un service civique dans ce même atelier.
Ce qui lui plaît dans ce métier c’est de partir d’un bloc informe pour lui donner une forme géométrique qui s’empile avec d’autres pierres. Au cours de son service civique il travaille pour Saint-Wandrille et participe à la restauration du premier réseau du cloître de l’abbaye. Cette première expérience lui a offert « énormément de plaisir et de satisfaction », avant d’évoquer la vie avec les frères qui selon lui « est une expérience à vivre. Nous avons été très bien accueillis. Si c’était à refaire, j’y vais tout de suite… ».
À Saint-Wandrille… des moments inoubliables
Maxime a vécu un licenciement économique et la mission locale l’a orienté vers l’Atelier de la Pierre d’Angle pour une semaine d’essai en maçonnerie. Il poursuivra finalement sa formation dans la taille de pierre en emploi d’avenir dans cet atelier chapeauté par les Apprentis d’Auteuil. Il nous raconte qu’après être arrivé là « un peu par hasard », sa participation à la restitution des réseaux du cloître de l’abbaye restera dans sa mémoire. « En effet, ajoute-t-il, le séjour à Saint-Wandrille et la vie monastique ont été pour moi une expérience nouvelle et inoubliable ».
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