Dans le nord de la Syrie, alors que la menace de Daesh s’éloigne, des chrétiens assyriens sont sommés de prendre les armes, pour une guerre qui leur est imposée.“Les forces de sécurités kurdes nous mettent de plus en plus de pression” accuse un chrétien du nord de la Syrie auprès du militant Conseil mondial des Araméens. Les jeunes hommes assyriens chrétiens, en âge de se battre, sont soumis à une intense pression pour rejoindre les rangs de l’YPG, les “Unités de protection du peuple” kurde, qui exercent leur contrôle sur toute la région nord-est de la Syrie. Le 19 janvier, sept jeunes chrétiens assyriens et arméniens étaient kidnappés pour être enrôlés de force par les YPG.
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La guerre qui ne finit pas
Alors que la menace de Daesh n’existe plus dans cette région, les combats reprennent entre les Turcs, soutenus par leurs alliés rebelles turkmènes, et les Kurdes. Le 1er février, dans la région d’Afrin, au nord-ouest de la Syrie, 91 combattants de l’YPG, 85 rebelles pro-turcs et 68 civils syriens ont trouvé la mort, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Pour faire face à cette menace, les YPG, pourtant soutenus par des miliciens chrétiens, n’hésitent pas à employer des mesures radicales pour grossir leurs rangs. En mars 2017, le groupe armé prétendait qu’il allait porter le nombre de ses combattants à 100 000, et il emploie manifestement tous les moyens possible pour le faire.
“L’YPG n’est pas légitime”
Ali Dolamari, originaire du Kurdistan irakien, est expert au bureau de la représentation kurde en France. Il affirme que les méthodes de recrutement de l’YPG sont à l’image de son manque de légitimité sur le terrain. “L’YPG n’aurait aucune chance de l’emporter si on organisait demain des élections libres et démocratiques dans le Kurdistan syrien” constate-t-il.
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Il espère donc qu’une solution pourra être trouvée dans la région, dans le cadre d’un état fédéral ou d’une autonomie comparable à celle du Kurdistan irakien. Mais à ses yeux, le Parti des travailleurs (PKK), dont l’YPG émane, y fait obstacle, en s’appuyant sur la force armée pour établir son autorité, et en attirant l’inimitié des Turcs : “Erdogan n’acceptera jamais une région kurde, à ses frontières, dirigée par le PKK”, rappelle-t-il.
Les Assyriens entre deux feux
Les chrétiens assyriens, qui résident au nord de la Syrie sont partagés. Une partie d’entre eux rejoignent les rangs des YPG pour faire barrage à l’armée turque, mais d’autres sont gênés par l’idéologie marxisante du PKK, ou préfèrent ne pas se mêler de cette guerre, dans laquelle ils ont le sentiment de ne rien avoir à gagner. Les relations des chrétiens et des Kurdes sont ambivalentes. De toute évidence, lors de l’expansion de Daesh, les forces armées kurdes ont représenté pour les chrétiens un rempart contre Daesh. Mais ils n’oublient pas les exactions passées de ce peuple, supplétifs de l’armée ottomane en 1915, et qui a contribué à faire disparaître les chrétiens du Moyen-Orient par la suite.
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