De plus en plus de formations supérieures proposent aux étudiants de partir en mission humanitaire ou de créer une association caritative pendant ses études, tout en validant des crédits ECTS.
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Depuis 2010, le service civique d’initiative permet aux jeunes de mener des missions au sein d’associations au service de l’éducation, de la solidarité ou de l’environnement. Le dispositif est accessible non seulement aux étudiants lors d’une année de césure mais aussi en intégrant une école incluant qui propose dans son cursus un parcours civique obligatoire, ou une spécialisation dans le secteur humanitaire.
92.000 volontaires par an
S’engager au service d’une mission d’intérêt général a séduit 92.000 volontaires en 2016 selon l’Agence du service civique. Les conditions sont intéressantes : tous les jeunes âgés de 16 à 25 ans, et jusqu’à 30 ans pour les handicapés, peuvent s’engager pour une mission de “service civique d’initiative” qui peut être réalisée en France ou à l’étranger, entre 6 et 12 mois, sans condition de diplôme. Ces missions se font au sein d’une association, d’un établissement public, d’une collectivité territoriale ou dans les services de l’Etat, dans l’un des neuf domaines d’action reconnus prioritaires pour la Nation : solidarité, environnement, sport, culture, éducation, santé, intervention d’urgence, mémoire et citoyenneté, aide humanitaire. Une mission indemnisée 580 euros net par mois.
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Pour inciter les étudiants à mener un projet solidaire, la Conférence des grandes écoles et l’Agence du Service Civique ont signé une convention le 20 juin dernier, permettant d’intégrer pleinement ces missions au sein du cursus scolaire, notamment lors d’une année de césure, de bénéficier du soutien d’un tuteur de l’école, et de valider des crédits (ECTS). Ces deux organismes estiment à 10.000 le potentiel de missions possibles d’ici 2020, si la pratique de l’année de césure se développe. Les étudiants sont de plus en plus nombreux à inscrire cette étape dans leur parcours : en 2017, plus de 200 000 jeunes ont réalisé une mission de service civique.
Valider les expériences humanitaires
La plupart des grandes écoles valident une expérience humanitaire comme expérience professionnelle. Ainsi, l’ESSEC propose de réaliser ses expériences professionnelles en France ou à l’international à travers un stage, un contrat de travail, un Volontariat International en Entreprise (VIE) ou en Administration, un apprentissage, ou une expérience associative.
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C’est pourquoi Benjamin, étudiant en 3ème année, peut témoigner : “Il y a quatre ans, je pensais que je sortirai de l’ESSEC en ayant fait un stage chez BETC et un échange au Brésil. Finalement j’ai fait une mission humanitaire inoubliable en Bolivie, j’ai fait l’expérience unique d’être BDE en tant que président, j’ai fait un stage dans une start-up à Palo Alto, et je monte ma boîte pour conclure.”
Une matière obligatoire ?
Certaines écoles vont plus loin que l’accord passé entre l’Agence du Service Civique et la Conférence des grandes écoles, en intégrant dans le cursus des étudiants une mission solidaire obligatoire. C’est le cas de l’Ecole Supérieure de Commerce de Dijon, depuis une dizaine d’années déjà, et de Sciences-Po Paris depuis la rentrée 2017.
Ainsi dans le cadre du module obligatoire « Pédagogie par l’Action Citoyenne » (PAC), les étudiants en première et deuxième année de l’ESC Dijon, effectuent une mission de 40 heures par an à caractère social. L’ESC est devenue un acteur à part entière de la vie associative de Dijon.
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« L’objectif pédagogique est de faire de nos futurs diplômés des Managers responsables, qu’ils aient conscience de la façon dont la société est construite, des problèmes actuels. Qu’ils acquièrent des qualités de savoir être, d’empathie », explique Alexandrine Bornier, responsable de l’accompagnement personnel des étudiants de l’ESC.
Sciences-Po Paris aussi
Depuis septembre 2017, Sciences-Po Paris a réaménagé son premier cycle. Le fameux « collège universitaire », qui constitue les trois premières années du cursus de l’institut d’études politiques (IEP) parisien, s’est transformé en un « Bachelor en sciences humaines et sociales », sur le modèle des établissements anglo-saxons. L’accent est mis sur les Humanités, et sur l’instauration d’un parcours citoyen.
Ce parcours vise à former les décideurs de demain aux enjeux éthiques et sociétaux. Les étudiants restent libres dans le choix du format (engagements associatifs, stages et/ou projets collectifs), et ce dernier sera évalué par l’obtention de crédits. « Il pourra s’agir d’un stage rémunéré ou pas, au sein d’une administration, d’une association ou de toute autre structure à vocation civique, sociale ou humanitaire », précise le directeur Frédéric Mion. « Sciences-Po doit permettre à ses étudiants d’emmagasiner des connaissances et d’acquérir des méthodes, mais aussi d’être attentifs aux réalités sociales », souligne-t-il.
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La tendance est lancée. Prendre soin du plus faible, de l’environnement et de la collectivité semblent désormais faire partie des enjeux de l’enseignement supérieur. Reste à savoir si cet engouement pour les œuvres solidaires perdurera après l’obtention du diplôme…