Trois jeunes ont été choisis pour être la voix des jeunes chrétiens de France. Du 19 au 24 mars, ils vont participer — comme près de 300 autres jeunes venus du monde entier — au pré-Synode des jeunes qui se tiendra à Rome à l’initiative du pape François. L’objectif : impliquer la jeunesse dans la préparation du Synode des évêques d’octobre sur le thème « les jeunes, la foi et le discernement des vocations ». Rencontre avec Claire Caralp.Claire Caralp est l’une des trois personnes à avoir été choisie pour représenter les jeunes catholiques français. Ingénieur de formation, cette jeune femme de 29 ans est présidente de la Coordination des jeunes professionnels (CoJP), une association qui permet de faire du lien entre des jeunes professionnels qui travaillent un peu partout en France. L’objectif : “Permettre à un jeune adulte qui arrive dans une nouvelle ville de pouvoir identifier, près de chez lui, un groupe de jeunes pros avec qui il pourra partager des activités, sa foi, ses valeurs. ”
Aleteia : Pourquoi et comment avez-vous été choisi ?
Claire Caralp : On ne sait pas réellement comment on est choisi. J’ai reçu une lettre de Mgr Laurent Percerou, président du Conseil pour la pastorale des enfants et des jeunes. Il nous a appelé sur les conseils de la Conférence des évêques de France. J’ai pris quelques jours pour y réfléchir car je ne m’y attendais pas du tout. Je connais, bien sûr, l’existence de ce pré-synode mais je ne m’attendais pas à être appelée pour y participer. Il y a évidemment beaucoup de joie lorsque l’on reçoit ce genre de courrier, c’est, en quelque sorte, une reconnaissance de notre travail. Et puis, il est très important que les jeunes pros soient représentés au pré-synode mais je me suis quand même posée la question : “Suis-je bien légitime ?”. Après on met les choses à plat. Cela fait un an et demi que je suis présidente, les jeunes pros m’ont élu pour les représenter. Si l’Église de France me dit d’aller plus loin dans la mission, d’aller porter ma voix jusqu’à Rome, c’est quelque chose qui ne se refuse pas.
Comment vivez-vous votre foi au quotidien ?
Par la prière quotidienne. J’ai l’application de l’AELF sur mon portable ce qui me permet de lire les lectures du jour. Je n’ai pas besoin de grand choses pour prier, j’allume une petite bougie parfois… Il y a aussi la messe qui me porte beaucoup.
Qu’attendez-vous de ce pré–synode ?
Je souhaite que cela soit un vrai moment de partage. Que l’on peut puisse exprimer notre vision et notre avis. Il ne faut pas que ce pré-synode soit un élément de communication ! On y va, pas seulement parce que nous sommes jeunes, mais parce qu’il y a un vrai message à porter derrière. Plus spécifiquement sur les jeunes pros, il faut les considérer dans leur diversité et leur spécificité, surtout par rapport aux lycéens et aux étudiants. Ils ont des besoins spécifiques, ce sont des jeunes qui bougent, ils se sentent parfois un peu isolés en tant que chrétiens. Beaucoup souhaitent que leurs entreprises deviennent des lieux de partage. Plus globalement sur les jeunes, il faut que ce pré-synode ait des répercussions localement. L’Église doit donner aux jeunes plus de missions et de responsabilités.
Quel regard portez-vous sur les jeunes catholiques de France ?
Nous sommes peu nombreux et donc peu visibles. Les jeunes catholiques convaincus sont assez dynamiques, il y a de plus en plus d’initiatives. Beaucoup de belles choses se vivent localement en France. Concernant les jeunes pros en particulier, les paroisses et les communautés prennent de plus en plus conscience de leur spécificité. Mais parfois, dans certaines régions plus reculées, là où il y a moins de jeunes pros, il y a moins d’initiatives. Ils sont effacés, car isolés. Ce sont des brebis perdues qu’il faut ramener. Voilà pourquoi on propose, deux fois par an, des évènements dans différents lieux pour permettre aux jeunes de plusieurs régions de se retrouver. Ces rassemblements, d’environ 150 personnes, permettent aux jeunes de se découvrir, de créer des liens. Ce sont des superbes initiatives.
Si vous aviez une demande à adresser au Pape…
Au Pape, c’est difficile… Car je ne connais pas vraiment la réalité des jeunes pros dans d’autres pays. Mais je considère que l’Église doit vraiment prendre en compte leur spécificité. Ils peuvent être dynamiques pendant quatre-cinq ans puis, après, le rythme s’essouffle car ils changent de ville, ils construisent une famille et leurs besoins ne sont plus les mêmes. Ces groupes changent beaucoup plus que les groupes de lycéens ou d’étudiants, qui sont généralement fixés au cœur des lycées ou des universités. Les jeunes pros c’est beaucoup plus mouvants. Un jour un groupe se crée dans une paroisse et, quelques années plus tard, il peut disparaître.
Autre élément : certains jeunes pros souhaiteraient des “formations” ou en tout cas qu’on leur donne des clés pour parler de leur foi à des jeunes pros non croyants. Certains, éloignés de la religion, nous posent des questions à nous, croyants convaincus, sur des fondamentaux de l’Église mais nous ne trouvons pas toujours les réponses adéquates. Par habitude, on passe parfois à côté de certains éléments qui sont pour nous “normaux” et qui peuvent être étonnants pour d’autres. Par exemple, un ami nous a demandé une fois : “Ca veut dire quoi prier ?”. C’est un fondamental pour nous croyants et pourtant comment répondre avec des mots simples ? C’est une question qui m’a marqué. Aider les jeunes pros à parler de leur foi au sein des groupes est une démarche que nous voudrions mieux développer.