C’est un 27 janvier que le camp d’Auschwitz-Birkenau a été libéré par l’Armée rouge en 1945. Rescapée de la Shoah, Liliana Segre, nommée sénatrice à vie par le président italien, témoigne de ce qui l’a fait tenir dans cette terrible épreuve.
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Elle a connu l’horreur des camps et, pourtant, elle n’en laisse rien paraître. Liliana Segre a le regard clair. Le regard de ceux qui ont vu des atrocités, en ont été victimes mais qui ont continué à avancer, coûte que coûte, pour que la vie l’emporte. Pendant une quarantaine d’années, elle n’a rien dit. Jusqu’à ce qu’elle réalise la force d’un témoignage, de son témoignage. Depuis, elle s’est engagée inlassablement dans la transmission et multiplie les rencontres avec des élèves des écoles milanaises.
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En 2018, le président italien Sergio Mattarella a décidé de la nommer sénatrice à vie. « La vie de Liliana Segre est un témoignage pour la liberté. Comme sénatrice, elle montrera la valeur de la mémoire », a salué Paolo Gentiloni, président du conseil italien. D’après la Constitution, des citoyens peuvent être nommés à ce poste par le président pour avoir « honoré la Patrie par leurs mérites dans les domaines social, scientifique, artistique et littéraire ».
En janvier 1944, elle est déportée avec son père en Allemagne à Auschwitz-Birkenau
Née à Milan en 1930, Liliana Segre est victime des lois raciales fascistes à l’âge de 8 ans et doit quitter l’école primaire en septembre 1938. Cinq ans plus tard, alors qu’elle tente de fuir en Suisse avec son père et ses deux cousins, elle est arrêtée et renvoyée en Italie. En janvier 1944, elle est déportée avec son père en Allemagne, à Auschwitz-Birkenau, où elle est affectée au travail forcé pendant près d’un an à l’usine de munitions. Son père et ses grands-parents n’en reviendront pas. Fin janvier 1945, elle est emmenée au camp de femmes de Ravensbrück puis à celui de Malchow, dans le nord de l’Allemagne. Elle est finalement libérée le 1er mai 1945 et rentre à Milan en août 1945.
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Aujourd’hui âgée de 90 ans, Liliana Segre, qui s’est mariée et a eu trois enfants, s’est tue pendant 45 ans. C’est au début des années 1990 qu’elle a décidé de raconter son histoire aux plus jeunes. Pour ne pas oublier. Dans un entretien accordé au journal italien Corriere della Sera, Liliana Segre résume en un mot ce qui l’a maintenu en vie tout au long de ces épreuves : l’amour.
« Je me demande encore comment la fille que j’étais a pu se sauver. Je me revois avec une tête déjà enterrée, les pieds blessés, en train de cheminer sur marche de la mort… Avez-vous trouvé une réponse ? L’amour. J’ai été tellement aimé par mes grands-parents, mon père […]. Un amour qui me protège encore aujourd’hui. C’est un peu comme une armure qui me protège de tous les maux du monde. » (Corriere della Sera, 20 janvier 2018)